Décryptage est une émission instructive, intéressante et conduite de main de maître par Pape Alé Niang. Mais, celle qui est passée hier, et qui se proposait de décrypter le secteur agricole, a été totalement déséquilibrée dans la présentation des faits, notamment pour le volet engrais. La part belle a été faite à un seul opérateur, or, selon les explications du directeur de l’agriculture, ce dernier a participé à la mise en place des engrais à hauteur de 45% sur un total de 84.000 tonnes d’engrais NPK et Urée compris. Quid des 55% du tonnage restant ? On a voulu donner l’impression qu’il n’y avait qu’un seul fournisseur d’engrais au Sénégal, ce qui ne correspond pas à la réalité. Pourquoi faire l’impasse sur les autres acteurs de la filière engrais dans le reportage ? A-t-on voulu faire une pub gratuite à une seule partie, et à quelle fin ? La crédibilité commence par une présentation froide des faits, rien que les faits. J’aurais pu citer nommément d’autres intervenants qui sans eux, aucune campagne agricole ne peut réussir sur le volet engrais. Je suis à l’aise dans ma démarche, d’autant plus que je connais depuis 2007 l’opérateur qui a été mis en exergue hier soir, étant conseiller technique au ministère de l’agriculture. C’est un homme courtois et déterminé et je lui souhaite bon vent, mais, quand on veut bien informer, il faut le faire de manière juste. Ceci n’a pas été le cas hier. C’est d’autant plus vrai, que je pense que le marché engrais pour la campagne 2013 n’a pas encore été attribué. Dans la deuxième partie de l’émission consacrée à l’agrobusiness et ses conséquences, on s’attendait plutôt à un reportage à Sen-éthanol dans le Walo, qui est l’actualité du moment, pour se faire une idée plus claire de la situation, mais surprise, c’est le même opérateur qui a eu droit à la caméra pour expliquer ses futurs projets de culture de maïs dans les périmètres de la tomate industrielle. Or, il aurait été plus intéressant de faire le point sur les grands projets agro-industriels qui ont été déjà expérimentés dans notre pays, sans résultats durables, comme l’a indiqué Saliou Sarr du CNCR, et à partir de ces expériences malheureuses, proposer des pistes de solutions pour toutes les parties prenantes. On ne peut pas réinventer la roue. En définitive, l’émission de ce 10 avril a au contraire, à mon avis, fortement crypté le message délivré. Vivement un recadrage pour le prochain décryptage.