« Nous avons atteint des divergences difficiles à concilier. » Cette phrase extraite de la longue lettre de Dany Banza à Pierre Lumbi, président du G7, résume bien la situation. Depuis des mois le député de Likasi, l’un des sept leaders des partis co-fondateurs de ce regroupement politique proche de Moïse Katumbi, prenait déjà ses distances avec la plateforme.
Dany Banza, président de l’Avenir du Congo (ACO), a d’abord démissionné de ses fonctions de « financier » du groupe pour des « raisons personnelles » en juin 2017. Aujourd’hui, constate-t-il dans son courrier datant du 30 janvier, « notre participation effective au sein du G7 est affectée » et « une méfiance s’est installée avec des réunions sélectives ».
Mais s’il a finalement décidé de se retirer, c’est, affirme-t-il, à cause d’un désaccord sur « la participation aux élections avec un candidat commun du G7 à la présidence de la République ».
Le courrier « sans inimitié » de Dany Banza
Dès sa mise en place en septembre 2015, après trois missives envoyées au président Joseph Kabila pour lui demander de ne pas se maintenir au pouvoir, le G7 avait choisi son champion : Moïse Katumbi, homme d’affaires et dernier gouverneur du Katanga, aujourd’hui contraint à l’exil.
« Visiblement, Dany Banza ne partage plus cet avis », note le député Christophe Lutundula. Mais le vice-président du G7 en charge des questions institutionnelles salue la « démarche républicaine » de son désormais ex-allié.
« Il nous a fait parvenir une lettre sans inimitié ni rancune dans laquelle il estime que nous avons une divergence sur le point relatif à la candidature commune », explique l’ancien président vice-président de l’Assemblée nationale (2006-2009).
« C’est son point de vue, nous en prenons acte, parce que nous devons donner à la politique toute sa noblesse, à la démocratie toute sa quintessence : on adhère librement dans un regroupement politique, on s’y exprime librement et on peut en sortir librement », poursuit Christophe Lutundula.
Abondant dans le même sens, Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi et l’un des six leaders restants du G7, regrette, sans le condamner, le retrait de Dany Banza. Et rappelle sur son compte Twitter la loyauté du regroupement politique à son candidat déclaré à la présidentielle.
Le G7 moins un ?
L’ACO de Dany Banza souligne par ailleurs qu’il reste « dans l’opposition » et appelle tous les acteurs politiques et sociaux du pays « à œuvrer dans le sens de ne pas pouvoir occasionner un quelconque report » de la date des élections, fixée au 23 décembre.
À ceux qui soutiennent que les mesures de décrispation prévues dans l’accord politique du 31 décembre 2016, notamment la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés politiques (cas de Moïse Katumbi), doivent être appliquées pour des élections libres et apaisées, Dany Banza affiche aussi sa différence.
Pour lui, la préparation des scrutins aux échéances annoncées est tout aussi primordiale et des efforts doivent « se faire concomitamment » pour atteindre les deux objectifs : élections et décrispation du climat politique.
En attendant, qu’advient-il du « G7 » après ce retrait ? « Il reste le G7, parce que c’est une marque, une histoire que l’on ne peut réécrire. Même si nous restons deux ou nous accueillons dix autres partis, le regroupement politique gardera sa dénomination initiale », fait savoir Christophe Lutundula.