En moins d'une semaine, le nom de Jun Lin, un étudiant chinois de 32 ans, a fait le tour du monde. Il est, en effet, la victime de Rocco Luka Magnotta, surnommé "le dépeceur canadien", qui l'aurait tué à l'aide d'un pic à glace, puis démembré. Le tout devant sa caméra. Il a ensuite posté la vidéo - qui reste toujours accessible - sur deux sites Internet.
La personnalité trouble du tueur commence à être connue. Mais celle de sa victime semble également complexe. Jun Lin est arrivé en juillet 2010 au Québec dans le cadre de ses études. Selon le Globe and Mail , un journal canadien, ce rêve d'immigration, il le nourrit depuis longtemps. Il a quitté il y a plusieurs années la ville de Wuhan, la cité industrielle du centre de la Chine d'où il est originaire, pour suivre les cours de l'Alliance Française à Pékin, dans l'espoir que cela l'aide à obtenir son visa.
Celui qui se faisait appeler tantôt Patrick en français, tantôt Justin en anglais travaillait, parallèlement à ses études, dans une épicerie. Son patron le décrit dans Le Figaro comme "un bon employé, fiable, doux, gentil". Mais d'après ses camarades, Jun Lin se sent très seul. "Je me suis rendu compte que j'ai 10 ans de plus que tous mes camarades de classe. Ils peuvent m'appeler 'tonton'. Ca m'a foutu un coup", écrit-il.
Une double personnalité
Plus que de faire carrière au Canada, il nourrit surtout l'espoir de trouver l'amour de l'autre côté du Pacifique. Jun Lin a avoué son homosexualité sur le réseau social Weibo - l'équivalent chinois de Twitter - où 17 500 personnes le suivent. Un acte de bravoure dans un pays où cela reste encore très tabou. "Il était toujours sur son ordinateur, à la recherche de l'amour", raconte Alexandra, une ancienne camarade de classe, dans le Globe and Mail. C'est d'ailleurs dans cette quête qu'il rencontrera son bourreau. Les deux hommes avaient, semble-t-il, une aventure et Jun Lin se serait rendu chez lui le jour du meurtre pour avoir des relations sexuelles.
C'est principalement sur Internet qu'il laisse éclater sa double personnalité. Sur Weibo, où il se fait appeler "Justin le méchant", il publie plusieurs photos de lui nu, fait régulièrement référence à des films d'horreur. Il poste également d'étranges messages. Le mois dernier, il publie la photographie du métro de Montréal, légendée d'un mystique "Le train du cannibalisme de minuit". Lors de la dernière Saint-Valentin, il poste "son auto-portrait": une photographie retouchée de lui dans laquelle il a le visage craquelé et gris, une bouche édentée et les cheveux violets.
Source: Lexpress.fr