Oumou Wane nous apprend la présomption de culpabilité, après que Me Kaba l’ait appliquée à Hissène Habré.
Avant d’apprendre au sénégalais ce qu’est un avocat et comment fonctionne la justice, Oumou Wane gagnerait à se rapprocher d’un avocat ou à consulter un dictionnaire. Ça lui aurait évité d’affirmer cette grotesque contre-vérité : « l’avocat défend des personnes présumées coupables…», dit-elle. Cette affirmation hasardeuse est fausse et incohérente avec la suite de son propos. La réalité est que toute personne poursuivie est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée. C’est ce qu’on appelle la présomption d’innocence, principe fondamental que semble ignorer ou confondre Mme Wane. Elle jette ainsi un pavé dans la marre apaisée des droits fondamentaux, acquis progressivement depuis le 26 août 1789, avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Pour sa gouverne, nous lui conseillons de lire l’article 11 de la déclaration universelle des droits de l’homme, repris par la constitution sénégalaise, qui dispose que « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. » C’est exactement pour préserver cette présomption d’innocence que les sénégalais soucieux d’une justice équitable et impartiale contestent la nomination de Sidiki Kaba au ministère de la justice.
Oumou Wane ignore ou fait semblant d’ignorer ce qui est reproché à Sidiki Kaba
Être avocat n’implique une obligation de promouvoir l’homosexualité au Sénégal. Oumou Wane semble ignorer que tous les avocats ne sont pas engagés, parallèlement à leur profession, dans la défense de causes ou d’idéologie importées d’Europe. Quand un avocat décide de le faire, c’est son droit absolu, mais il doit l’assumer. Ce qui est reproché à Me Kaba, c’est de ne pas assumer cet engagement à cause duquel il attaquait vigoureusement notre droit et notre justice.
Ce qui est reproché aussi à Me Kaba, c’est de défendre des idéologies contraires à nos valeurs culturelles fondamentales, explicitement consacrées par notre constitution qui en fait le ciment de notre unité nationale ; et de vouloir en même temps représenter le droit et la justice de notre pays. Ce qui lui est reproché c’est de constituer une menace pour ces valeurs, pour avoir défendu, par le biais de la FIDH, des convictions contraires à nos mœurs.
Mme Wane semble aussi ignorer que ce qui est reproché à Me Kaba dans l’affaire Bibo Bourgi ce n’est pas de défendre ce dernier. Même Hitler aurait droit à un avocat s’il avait été jugé. Ce qui lui est reproché c’est d’avoir, pour défendre son client contre l’Etat sénégalais, attaqué à l’étranger la justice de notre pays, et émis des doutes sur son impartialité. Comment peut-il aujourd’hui être crédible pour poursuivre Bibo Bourgi qu’il défendait encore farouchement avant sa nomination?
Ce qui est reproché enfin à Me Kaba, c’est de représenter notre justice dans l’affaire Hissène Habré, alors qu’il avait promis qu’il détruira celui-ci un jour ou l’autre. D’après les propos de Me Kaba rapportés par la presse, il vient de corroborer les craintes d’impartialité qui pèsent sur lui, en traitant de bourreau Hissène Habré qui n’est pas encore jugée, dès sa prise de fonction. Cette attitude n’est-elle pas l’apanage des régimes totalitaires ? De tel propos, déclarés publiquement par un ministre de la justice sur une affaire pendante devant la justice, devrait entrainer immédiatement sa démission. Cette attitude devrait faire la honte la fédération des ligues des droits de l’homme (FIDH) qu’il dirigeait, dont la première a été créé pour combattre l’impartialité et la présomption de culpabilité à travers l’affaire Dreyfus.
Qui peut penser que Me Kaba défendrait Hissène Habré si l’Etat sénégalais décidait demain de mobiliser le ministère de la justice pour plaider sa cause ? Personne ! Alors que Sidiki Kaba devrait s’y atteler s’il savait faire le distinguo entre ses convictions et les intérêts de la justice sénégalaise. Il aurait probablement quitté le gouvernement.
Oumou Wane délire en invoquant Me Vergès pour défendre Me Kaba
Me Kaba n’est pas Me Vergès ! Mme Wane a le droit d’être épatée par la célébrité de Me Kaba. Mais ce n’est pas cette renommée qui fait de lui le bon élément. Il faut arrêter ce délire bien africain qui consiste à idolâtrer une personne parce qu’elle est célèbre. Il y a au Sénégal des centaines de personnalités discrètes, au moins aussi compétents que Sidiki Kaba, et dont le parcours ne présente aucune ambiguïté. Les convictions foncières de Me Kaba sont incompatibles à la neutralité que requiert le poste de Ministre de la Justice. S’il est célèbre en Europe, c’est largement grâce au poste qu’il a occupé à la direction de la FIDH, organisation qui ne fait pas l’unanimité pour les causes et idéologies d’extrême gauche qu’elle a l’habitude de défendre, comme le mariage et l’adoption homosexuels. On ne lui aurait pas reproché des soupçons s’il n’avait pas fait un revirement spectaculaire pour occuper le ministère de la justice. Ça, ce n’est pas du Vergès !
Si le regretté Jacques Vergès a défendu Klaus Barbie, Carlos et le FNL, c’était pour lutter contre l’impérialisme politique, l’injustice judiciaire et pour défendre la présomption d’innocence souvent bafouée par des politiques et avocats en manque d’arguments, et des hordes médiatiques clientélistes. Me Vergès était un avocat engagé jusqu’à sa mort, et n’a jamais cessé de l’être pour occuper un poste de ministre de la justice dans le gouvernement français. On l’aime ou on ne l’aime pas, mais on le respecte pour sa constance. Il n’a jamaisété dans la real-attitude qui a amené des avocats engagés à renoncer à leurs causes pour l’éclat de la gloire du pouvoir ou des affaires juteuses ; à troquer leurs combats, rangés dans leurs robes noires, contre une fonction prestigieuse.
Oumou Wane et les autres mercenaires improvisés de Sidiki Kaba doivent se détromper. Personne n’attaque la personne ou la profession de Me Kaba. Le peuple s’indigne contre une nomination incompréhensible et potentiellement préjudiciable pour l’impartialité de notre justice et la bonne gouvernance de nos institutions.
Aliou TALL
Président du RADUCC (Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen)
Paris - Dakar.
Email : raducc@hotmail.fr