Le 31 décembre 2015, respectant la tradition républicaine, le chef de l’Etat a adressé à la Nation sénégalaise un discours dont la quintessence se résume dans cette phrase : ‘’Ce soir, mes chers compatriotes, j’ai surtout à cœur de vous entretenir de notre idéal d’émergence et de prospérité partagée, dans le cadre d’un Etat de droit rénové et d’une démocratie renforcée’’. Cette ‘’politique d’émergence et de prospérité partagée’’ se décline à travers les réalisations économiques et sociales listées par le président de la République et les programmes et projets en cours de réalisation ou simplement inscrits dans l’agenda du gouvernement. S’agissant de l’Etat de droit et de la démocratie, Macky Sall a réaffirmé sa volonté de soumettre au peuple un projet de révision constitutionnelle qui comportera 15 mesures innovantes. Ces annonces ont été suivies d’une controverse portant notamment sur ‘’la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel, y compris la question de l’applicabilité immédiate de la réduction à cinq ans du mandat de sept ans en cours’’. Et les regards sont tournés depuis lors vers le Conseil constitutionnel, la juridiction qui va donner son avis sur la question de l’applicabilité immédiate ou non de la réduction du mandat de 7 à 5 ans, en attendant le référendum. Cette controverse doit aller au-delà du problème classique d’interprétation des textes juridiques. Si les juges du Conseil constitutionnel doivent dire le droit, ils devront aussi sonder le cœur du chef de l’Etat, auteur des réformes annoncées. Ils donneront ainsi une nouvelle illustration à la vitalité de notre démocratie et de ses acteurs. Loin des conservatismes et des querelles juridiques, il s’agit de s’inscrire dans une mouvance progressiste qui rappellera encore une fois le génie de notre peuple et les grandes leçons démocratiques qu’il peut servir à l’humanité. En Afrique, le Sénégal est considéré depuis longtemps comme une vitrine de la démocratie pour avoir été l’un des précurseurs du multipartisme au moment où la dictature et les coups d’état étaient la règle sur le continent. L’inauguration du multipartisme par Senghor, son départ volontaire du pouvoir en 1980, les alternances en 2000 et 2012 sont autant d’éléments qui ont conforté la ‘’success story sénégalaise’’ déjà évoquée par D C Obrian. Mieux, au moment où la question de l’ancrage de la démocratie sur le continent se pose avec acuité à cause des tripatouillages des constitutions dans une volonté de perdurer au pouvoir, il s’agit pour le Sénégal de revisiter cette ‘’success story’’ et de montrer qu’il existe une fois de plus, en toute modestie, ‘’une exceptionnalité sénégalaise’’. Il s’agira ainsi de donner le ‘’feu vert’’ au chef de l’Etat afin de poursuivre cette œuvre démocratique qui est le résultat d’un processus difficile d’essais et d’erreurs, d’une série de choix entre efficacité et équité, stabilité et changement, le résultat des efforts de générations d’hommes et de femmes mus par la seule volonté d’offrir au citoyen sénégalais ce qu’il y a de meilleur au fil de l’histoire. Alors, l’’’idéal d’émergence et de prospérité partagée dans le cadre d’un Etat de droit rénové et d’une démocratie renforcée’’ prendra tout son sens.
Ousmane Ibrahima DIA
Journaliste à l’APS
Ousmane Ibrahima DIA
Journaliste à l’APS