Entre Macky Sall et son Premier ministre Abdoul Mbaye, les coups se comptent. On se demande à quel round de ce duel l’un des protagonistes jettera l’éponge. La démission mercredi dernier de Cheikh Tidiane Mbaye, frère du Premier ministre, du poste de président du Conseil d’administration de la Senelec, pour protester contre une proposition du chef de l’Etat de nommer Pape Dieng à la tête de la Senelec, n’a pas été pour arranger des relations qui commençaient à être sérieusement malmenées. Le chef de l’Etat commençait déjà, après trois mois seulement de collaboration, à montrer des signes d’agacement ou d’irritation vis-à-vis de son Premier ministre. Déjà, en réunion de Conseil des ministres, de nombreux membres du gouvernement étaient interloqués par une remarque courroucée du Président Macky Sall qui rappelait à son gouvernement que c’est lui qui était élu et qui devra rendre des comptes et qu’il n’accepterait plus que des choses se fassent dans son dos. En fait, il évoquait le dossier de la cession de la gérance de l’hôtel King Fahd.
L’épisode du King Fahd
Le ministre de la Culture et du Tourisme, Youssou Ndour, avait préparé un projet pour évincer Mamadou Racine Sy de la tête de ce réceptif hôtelier au profit des Français de Pullman. L’affaire a fait grand bruit dans les allées du gouvernement, avec des senteurs de sommes d’argent qui seraient versées. Pressé sur la question en Conseil des ministres, Youssou Ndour exhibera, pour sa défense, une lettre du Premier ministre. Abdoul Aziz Mbaye, directeur de cabinet du président de la République, tournera casaque pour s’aligner sur les desiderata de son patron. Abdoul Mbaye a été également accusé d’utiliser sa position de Premier ministre pour régler quelques petits comptes familiaux et personnels. La Somicoa de Baïdy Agne a été sauvée par une intervention directe du chef de l’Etat auprès de Cheikh Kanté, directeur général du Port de Dakar. De hauts fonctionnaires que le Premier ministre destinait à l’échafaud, devraient encore leur salut au bouclier Macky Sall.
Une affaire d’autorisation d’importation de deux cargaisons d’hydrocarbures au profit de Cheikh Mbacké Sèye de Touba Gaz a aussi constitué une pomme de discorde entre le chef de l’Etat et son Premier ministre d’autant qu’un contrat existe depuis décembre 2011 entre le ministère de l’Energie et la société Itoc, à l’issue d’un appel d’offres international. Il aura fallu beaucoup d’explications pour ramener le sourire entre le chef de l’Etat et son Premier ministre. Macky Sall montrait des signes d’énervement en rabrouant son Premier ministre qui lui demandait des informations élémentaires. La réponse cinglante du chef de l’Etat était qu’il ne saurait être un assistant pour le Premier ministre, qui n’a qu’à se débrouiller. Aussi, certains membres du cabinet présidentiel ont eu à recueillir des réflexions du président de la République quant à une certaine déception, pour ne pas dire ses regrets causés par l’inaction de son chef de gouvernement. «Je n’ai pas nommé un Premier ministre pour qu’il me demande tout le temps ce qu’il faut faire», s’est-il lamenté.
Erreur de casting
Il faut dire que la nomination de Abdoul Mbaye comme Premier ministre n’a pas plu à de nombreux cadres de l’Apr -le parti du chef de l’Etat- et ces derniers n’ont pas manqué de le faire savoir. Joseph Staline répondait à Pierre Laval, alors Premier ministre français en visite à Moscou qui lui demandait de faire un geste favorable envers le Vatican : «Le Pape ! Combien de divisions ?» Mais pour Abdoul Mbaye, les cadres de l’Apr se demandent : «Abdoul Mbaye, combien d’électeurs ?» Macky Sall voulait un Premier ministre apolitique, Abdoul Mbaye ne répondrait plus au profil depuis que la presse a rappelé son militantisme dans les instances du parti socialiste, au niveau de la première coordination de Dakar. Il s’y ajoute que les détracteurs du Premier ministre ne lui connaissent aucun fait d’armes de lutte aux côtés des populations contre le régime du président Abdoulaye Wade. D’ailleurs, certaines personnes ont rapporté que moins de quatre mois avant la Présidentielle de 2012, Abdoul Mbaye toisait ses interlocuteurs au cours d’une cérémonie familiale, qui l’invitaient à s’engager dans la lutte politique. Sa réponse était que Kéba Mbaye avait demandé à ses fils de ne jamais s’opposer à Abdoulaye Wade qui est leur «père» et que c’était lui Kéba Mbaye, qui avait préparé la valise de Moustapha Wade- frère aîné de Abdoulaye Wade- qui devait aller étudier en France.
De plus, Abdoul Mbaye n’a pas été servi par de nombreuses anecdotes racontées à Macky Sall par des visiteurs qu’il a eu à interroger sur le choix de son Premier ministre. Déjà, à l’entame de leur collaboration, Macky Sall ne comprenait pas que son Premier ministre refusât de publier sa déclaration de patrimoine dont pourtant il avait donné copie au chef de l’Etat, alors que Macky Sall avait promis que tous les membres du gouvernement publieraient leur déclaration de patrimoine. Tout cela semble conforter ceux qui parlaient au départ, d’erreur de casting, avec la nomination de Abdoul Mbaye comme Premier ministre. Le président de la République et le Premier ministre ont eu une franche explication la semaine dernière.
mdiagne@lequotidien.sn
Source: Le Quotidien
L’épisode du King Fahd
Le ministre de la Culture et du Tourisme, Youssou Ndour, avait préparé un projet pour évincer Mamadou Racine Sy de la tête de ce réceptif hôtelier au profit des Français de Pullman. L’affaire a fait grand bruit dans les allées du gouvernement, avec des senteurs de sommes d’argent qui seraient versées. Pressé sur la question en Conseil des ministres, Youssou Ndour exhibera, pour sa défense, une lettre du Premier ministre. Abdoul Aziz Mbaye, directeur de cabinet du président de la République, tournera casaque pour s’aligner sur les desiderata de son patron. Abdoul Mbaye a été également accusé d’utiliser sa position de Premier ministre pour régler quelques petits comptes familiaux et personnels. La Somicoa de Baïdy Agne a été sauvée par une intervention directe du chef de l’Etat auprès de Cheikh Kanté, directeur général du Port de Dakar. De hauts fonctionnaires que le Premier ministre destinait à l’échafaud, devraient encore leur salut au bouclier Macky Sall.
Une affaire d’autorisation d’importation de deux cargaisons d’hydrocarbures au profit de Cheikh Mbacké Sèye de Touba Gaz a aussi constitué une pomme de discorde entre le chef de l’Etat et son Premier ministre d’autant qu’un contrat existe depuis décembre 2011 entre le ministère de l’Energie et la société Itoc, à l’issue d’un appel d’offres international. Il aura fallu beaucoup d’explications pour ramener le sourire entre le chef de l’Etat et son Premier ministre. Macky Sall montrait des signes d’énervement en rabrouant son Premier ministre qui lui demandait des informations élémentaires. La réponse cinglante du chef de l’Etat était qu’il ne saurait être un assistant pour le Premier ministre, qui n’a qu’à se débrouiller. Aussi, certains membres du cabinet présidentiel ont eu à recueillir des réflexions du président de la République quant à une certaine déception, pour ne pas dire ses regrets causés par l’inaction de son chef de gouvernement. «Je n’ai pas nommé un Premier ministre pour qu’il me demande tout le temps ce qu’il faut faire», s’est-il lamenté.
Erreur de casting
Il faut dire que la nomination de Abdoul Mbaye comme Premier ministre n’a pas plu à de nombreux cadres de l’Apr -le parti du chef de l’Etat- et ces derniers n’ont pas manqué de le faire savoir. Joseph Staline répondait à Pierre Laval, alors Premier ministre français en visite à Moscou qui lui demandait de faire un geste favorable envers le Vatican : «Le Pape ! Combien de divisions ?» Mais pour Abdoul Mbaye, les cadres de l’Apr se demandent : «Abdoul Mbaye, combien d’électeurs ?» Macky Sall voulait un Premier ministre apolitique, Abdoul Mbaye ne répondrait plus au profil depuis que la presse a rappelé son militantisme dans les instances du parti socialiste, au niveau de la première coordination de Dakar. Il s’y ajoute que les détracteurs du Premier ministre ne lui connaissent aucun fait d’armes de lutte aux côtés des populations contre le régime du président Abdoulaye Wade. D’ailleurs, certaines personnes ont rapporté que moins de quatre mois avant la Présidentielle de 2012, Abdoul Mbaye toisait ses interlocuteurs au cours d’une cérémonie familiale, qui l’invitaient à s’engager dans la lutte politique. Sa réponse était que Kéba Mbaye avait demandé à ses fils de ne jamais s’opposer à Abdoulaye Wade qui est leur «père» et que c’était lui Kéba Mbaye, qui avait préparé la valise de Moustapha Wade- frère aîné de Abdoulaye Wade- qui devait aller étudier en France.
De plus, Abdoul Mbaye n’a pas été servi par de nombreuses anecdotes racontées à Macky Sall par des visiteurs qu’il a eu à interroger sur le choix de son Premier ministre. Déjà, à l’entame de leur collaboration, Macky Sall ne comprenait pas que son Premier ministre refusât de publier sa déclaration de patrimoine dont pourtant il avait donné copie au chef de l’Etat, alors que Macky Sall avait promis que tous les membres du gouvernement publieraient leur déclaration de patrimoine. Tout cela semble conforter ceux qui parlaient au départ, d’erreur de casting, avec la nomination de Abdoul Mbaye comme Premier ministre. Le président de la République et le Premier ministre ont eu une franche explication la semaine dernière.
mdiagne@lequotidien.sn
Source: Le Quotidien