Retour timide des soldats maliens à Kidal

Le gouverneur de Kidal, dans le nord du Mali, n'a passé que quelques heures dans sa ville, jeudi 11 juillet. Après seize mois sans la moindre forme d'Etat dans ce fief traditionnel des rebelles touareg et à la suite de la déroute de l'armée, en 2012, face aux groupes armés qui s'étaient emparés du Nord-Mali, l'arrivée du gouverneur et de ses préfets était symbolique.


 
Il n'était pas prévu qu'il s'attarde à Kidal. Le colonel Adama Kamissoko était en effet attendu, vendredi, à Bamako, pour y déposer les listes électorales. Son installation officielle est prévue dans quelques jours. Les préfets et sous-préfets ont en revanche été déployés dans les cercles de Tessalit et de Kidal.
 
Cette visite avait été plusieurs fois reportée. Les tensions sont encore vives dans une région qui compte nombre de partisans des groupes indépendantistes touaregs, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). L'accueil réservé au gouverneur a d'ailleurs été mitigé. Quelques dizaines de manifestants pro-Azawad l'attendaient à l'aéroport. Le gouverneur a toutefois pu rencontrer l'amenokhal, le chef traditionnel touareg.
 
A Kidal, les manifestations sont quasiment quotidiennes. "Les enfants jettent des cailloux, d'autres brûlent des pneus en face du camp militaire. C'est de la provocation, mais ils vont se lasser, comprendre qu'ils ont perdu la guerre, et que l'Etat se réinstalle pour de bon", affirme un capitaine de l'armée malienne.
 
Pourtant, depuis leur arrivée dans la ville début juillet, les soldats maliens n'ont pas quitté leur camp. Selon le capitaine, "il serait contre-productif de faire sortir nos soldats, car les provocations seraient plus violentes encore. Le moment est mal choisi pour jeter de l'huile sur le feu".
 
Des patrouilles mixtes composées de militaires maliens et de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), devaient se déployer jeudi. Mais les tensions sont encore trop vives. La Minusma devrait prochainement renforcer ses effectifs dans la ville. En vertu de l'accord d'Ouagadougou signé en juin et qui prévoit un cessez-le-feu en vue de l'élection présidentielle du 28 juillet, les combattants touareg ont été cantonnés dans trois lieux. La sécurité de la ville est aux mains des casques bleus.
 
Techniquement, plus rien n'empêche la tenue du scrutin. Stocké à Gao, le matériel électoral a été correctement acheminé. A charge aux préfets et sous-préfets dedistribuer les cartes d'électeurs aux 35 000 votants potentiels dans les cercles de Kidal et de Tessalit, et de constituer les bureaux de vote, en un temps record.
 
LE DÉFI DES RÉFUGIÉS
 
Autre défi, celui des réfugiés et des déplacés. La région a été vidée d'une partie de ses habitants. Environ 350 000 d'entre eux ont quitté le nord du pays. Les préfets sont donc engagés dans une course contre la montre pour identifier ces électeurs et leur faire parvenir leur carte.
Les modalités du retour de l'Etat central sont toujours en cours de discussion. Tous les deux jours, alternativement à Bamako et à Kidal, des représentants de groupes rebelles et de l'Etat se réunissent, accompagnés par la communauté internationale. Les accords de paix définitifs devront être signés dans les soixante jours suivant la prise de fonction du nouveau président.
 
Après les élections, d'immenses défis attendent encore les représentants de l'Etat dans la région. Kidal est exsangue, vidée de ses habitants et de ses anciens fonctionnaires. Répondre aux besoins logistiques liés au retour des services de base – santé, éducation (etc.) – sera le prochain défi du gouverneur et de son équipe. (Intérim.)

Source: Le Monde

Vendredi 12 Juillet 2013 12:45

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