Le 25 mars 2012, les électeurs sénégalais ont massivement voté pour Macky Sall, lors du deuxième tour de la présidentielle. L'ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade a infligé une défaite cinglante à celui qui fut son mentor, en remportant environ 65,8 % des voix contre 34,2 % au chef de l'Etat sortant. Fait remarquable, le président sortant a presque réalisé le même score (34,2 %) qu’au premier tour (34,81 %). Ce qui indique clairement plusieurs manquements dans la chaîne des engagements au Pds.
Dès le lendemain du premier tour, lors de sa conférence de presse, le président Wade avait appelé les troupes libérales à se mobiliser pour le second tour et promis de tendre la main à toutes les forces politiques du pays. Quelques constats s’imposent, cependant.
Comment, d’abord, est-on parvenu à convaincre Wade qu’il pouvait compter sur les militants des partis de l’opposition qui ont appelé à voter Macky Sall au deuxième tour ? Avec le recul, on a l’impression que le président a été la victime d’un entourage politico-affairiste qui a monté le «coup de mars» en organisant des ralliements de façade de militants alimentaires. Avec une récurrence qui emprunte à la certitude, les communicants de Wade et responsables libéraux ont investi les médias pour clamer leur capacité à couper le cordon sentimental qui lie les leaders de l’opposition à leurs militants. Wade est tombé dans le piège. Plutôt que d’investir véritablement le terrain, les principales de sa formation politique ont jeté très tôt l’éponge pour se consacrer à des jeux de composition très cathodiques.
Ensuite, les «ndigueul» n’ont guère étaient payants. La plus grande erreur du pouvoir est d’avoir trop misé sur ces consignes de vote. Cela a anesthésié un Pds devenu subitement aphone et amorphe, confiant son sort à des marabouts grisés par le pouvoir de séduction qu’ils exercent sur leurs talibés. Wade et sa garde rapprochée n’ont pas compris qu’on ne donne pas un micro et la télé à un Cheikh Béthio. Tant qu’il est dans l’intimité de ses «thiants», le mystère Serigne Béthio peut être un exutoire politique, mais brutalement projeté dans les ménages sénégalais avec ses fulgurances et ses outrecuidances, le guide des «thiantacounes» heurte la conscience religieuse de nombre de ses concitoyens. Et, tout indique que le prêchi-prêcha du «marabout» a eu un effet contraire que celui escompté. Nombre de Sénégalais n’ont pas sanctionné Wade, ils ont voté contre Cheikh Béthio Thioune.
Enfin, le Pds a trop compté sur le coefficient personnel de Wade. A force de s’agripper à «Gorgui», de se détourner du réel et d’exister comme une association de gens compétents et engagés à perpétuer la vision de son secrétaire général national, ce parti a fini par envoyer aux Sénégalais le mauvais signal. Sans Wade, pas de salut. Et puisque personne n’émerge, les électeurs se sont accrochés à un succédané libéral nommé Macky Sall. Pour continuer à exister, le Pds doit s’inventer un avenir
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