En tant que spécialiste de la pédagogie de l’image, nous regardons les programmes des télévisions en lisant et analysant le « dit », la parole, le « vu », l’image, le « sous vu », ce qui sous-tend l’image et l’ « après vu », les conséquences de l’image. Les émissions qui passent sur les chaînes de télévisions sénégalaises qui sont consacrées aux enfants méritent une attention particulière.
Les propos que nous développons ici concernent autant « Sen P’tit Gallé » que le P’tit Bal, car le second est le frère jumeau du premier.
A ce sujet, nous avons consacré deux articles à Sen P.’Tit Gallé, successivement le 04 octobre 2011, « Lettre Ouverte à Monsieur Youssou NDOUR, PDG de la Télévision Futurs Médias : « Veuillez » faire censurer l’émission SEN P’.TIT GALLE » et le 07 octobre 2011, « SEN P’.TIT GALLE ou L’EXPLOITATION FINANCIERE DES ENFANTS : TROIS POINTS QUI FONT DE L’EMISSION DE LA VENTE AUX ENCHERES ».
Dans ces documents analytiques, nous décrions le concept qui est anti-pédagogique et psychologiquement nuisible à l’enfant-acteur et l’enfant-spectateur. Ces articles ont été diffusés sur de nombreux sites internet et de quotidiens (cf. articles via Google) et un nombre important de réactions du public partagent la nôtre.
Cependant, aucune réaction de la TFM n’a été enregistrée. Seulement, le 13 octobre 2011, une journaliste de la Radio Futurs Médias (RFM), faisant partie du Groupe Futurs Médias, nous appelle au téléphone pour nous inviter à parler du concept des émissions pour enfants qui passent sur la TFM, dans la rubrique « Sociétal » du vendredi 14 octobre 2011. La journaliste évite le débat sur Sen p’tit Gallé et semble vouloir parler de « généralités ». Nous l’avons davantage compris en écoutant la rubrique : plusieurs personnes, y compris nous, un enseignant, des Sénégalais Lambda, des enfants et la productrice de l’émission, y sont interrogées. Nos mentions critiques sur Sen p’.tit Gallé, pourtant largement enregistrées par la journaliste, ont été censurées par la RFM. La mauvaise foi professionnelle et le manque d’objectivité de ce dossier se notent sur l’orientation du débat diffusé qui vise à faire légitimer l’émission « Sen p’tit Gallé » par la voix de parents et d’enfants qui n’y voient aucun inconvénient. De telles réactions peuvent être ravalées, car les personnes interrogées sont non avisées et ne comprennent rien à « l’effet image ». Seul l’enseignant a critiqué des aspects de l’émission. Ce que la TFM ignore est qu’en matière de débat d’expertise, on ne dresse pas des amateurs contre des professionnels. Tout porte à croire que ce dossier sur « Sen Ptit Gallé » a été « commandé ».
Dans le même sillage, nous avons adressée une lettre ouverte à Monsieur Sidy Lamine NIASSE, PDG du Groupe Walfadjri, le 29 septembre 2011, pour lui demander de faire revoir l’émission pour enfant Najemb Guneyyi qui passe les samedi à 12h30mn sur Walf TV : le jour même de la parution de l’article dans les quotidiens et la presse en ligne, le 30 septembre 2011, Mr NIASSE nous téléphone et nous félicite pour la teneur professionnelle, l’objectivité et le sens de la conscience patriotique et pédagogique de nos propos. Il nous dit qu’il partage notre opinion sur un nombre important de points. Mr NIASSE nous assure qu’il va faire revoir le fond de l’émission avec des professionnels. Le lendemain, lors de la diffusion sur Walf TV, nous avons constaté des améliorations importantes sur le plan technique (nous avons également apporté des critiques sur l’aspect technique) apportées au niveau du générique.
Le 17 octobre 2011, nous avons adressé une lettre de demande de censure de Sen P’tit Gallé à la Présidente du CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel). Cette dernière nous répond le 20 novembre 2011 par l’intermédiaire d’un des membres du Conseil qui nous dit que la question de Sen P’tit Gallé sera posée en assemblée. Mais, rien à faire : tout laisse penser que le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel du Sénégal ne régule que les affaires politiques.
Nous n’allons pas revenir ici sur l’analyse selon une approche cognitive et spectatorielle que nous avons consacrée au concept de Sen Ptit Gallé dans les deux articles précités, ce qui importe, à ce niveau, c’est d’alerter les Sénégalais sur les dangers de ce genre d’émission et sur la recherche sans pitié de fonds dont la TFM fait œuvre depuis sa création sur le dos des téléspectateurs et de surcroît, sur les âmes les sensibles et réactifs que sont les enfants.
Cependant, il serait judicieux de décrypter l’effet psychologique (par rapport à l’enfant) et sociétal que ce genre d’émission peut engendrer.
Du point de vue psychologique :
l’enfant-acteur, pour ne pas dire l’enfant-chanteur vit un rôle de concurrent sans merci par rapport à ses adversaires. A ce sujet, nous avons précisé dans les articles précités que l’adulte joue un rôle alors que l’enfant vit un rôle qu’il prolonge dans la vie réelle. Ainsi, nous avions cité les exemples de la vie désastreuse d’un nombre important d’ « enfant-artiste », à l’instar de l’américain Macaulay Culkin, dans « Maman, j’ai raté l’avion », le français Jordy, « l’enfant-chanteur mondialement connu », Anissa Jones dans Chez Oncle Bill, Lindsay et Sidney Greenbush dans La petite maison dans la prairie, Mary-Kate et Ashley Olsen dans La fête à la maison, etc.» ; ajoutez-y le destin de Michael Jackson, « enfant-chanteur » et de son devenir. Et la liste est longue : tous ses enfants acteurs et/ ou chanteurs ont, selon cas par cas, sombré dans la schizophrénie pour absence médiatique, le narcissisme, leur image constamment médiatisée leur monte à la tête, la recherche effrénée du paraître par l’habillement et le clinquant, l’intérêt précoce pour le gain et l’avoir, dans la drogue et l’alcool. En outre, l’enfant acteur et / ou chanteur est souvent en proie à un conflit familial à nature d’argent, voire d’intérêt à l’égard de ses parents. Notez-bien que les finalistes de Sen Ptit Gallé de « la première saison » commencent à animer des arbres de Noel dans leurs villes respectives : allez savoir qu’est-ce que les enfants en gagnent.
Savez-vous pourquoi un des finalistes de la première saison et celui de la saison actuelle sont issus de la même région. La réponse est simple : en marketing, on ne change pas une équipe qui fait gagner de la notoriété et de fonds financiers. Nous avons signalé que les appels téléphoniques font gagner des fonds inestimables à la TFM et à Prince art. Cette manœuvre a dû bien marcher la première saison du côté de Saint-Louis. Allez savoir l’euphorie et l’engouement pour cette émission à Saint-Louis auprès des enfants. En outre, un enfant s’il est fan il est fou. En atteste cette anecdote : une mère de famille raconte à une de nos connaissances que presque tous les soirs son fils de cinq ans pleurait et la suppliait à mort pour qu’elle cherche le numéro du serveur de Sen P’tit Gallé et vote pour son candidat préféré. Comment expliquez-vous qu’un P’tit Bal coûte une somme aussi « grande » pour un enfant : 10000 FCFA ! l’équivalent d’un mois de scolarité dans une école privée. Ils diront et « dans tout ça » le prix du cadeau qu’ils vendent, que disons-nous, qu’ils offrent aux enfants ? Figurez-vous que mon neveu âgé de 7ans qui s’est acharné pour se rendre au P’tit Bal de 2010 a reçu le piètre cadeau d’un oreiller avec l’image de Youssou Ndour : le choix et l’image de l’oreiller sont forts. Nous nous limitons là : allez savoir l’effet sur la psychologie de l’enfant.
Du point de vue sociétal :
L’équipe de production de l’émission chante faux quand elle fait croire que Sen Ptit Gallé est une affaire de grandes vacances. Voilà ce qui est décevant pour notre cher pays le Sénégal : c’est que l’Etat sénégalais donne la licence de création de chaînes de télévision à qui prouve qu’il a les poches remplies d’argent, alors qu’une télévision est fort importante pour une société. La télévision est un train à grande vitesse qui détruit autant qu’elle construit, la différence est qu’elle ait de bons conducteurs. Dans cette locomotive, un directeur de programmes d’une télévision est à la chaîne, ce que le moteur est au véhicule. Ainsi, on ne s’improvise pas directeur de programmes d’une chaîne de télévision.
Ce qui est aussi décevant dans notre cher pays le Sénégal est que les télévisions sont tellement personnalisées qu’on y voit à tout bout de champ le portrait du propriétaire en image ou en mots: c’est encore navrant que le personnel de nos télévisions privées parle de leur patron en termes « BOROM KEURGUI ». De tels propos « anti-professionnels » disent long sur l’amateurisme à travers lequel passent des louanges, des encensements, le déroulement de l’arbre généalogique que le personnel de nos chaînes de télévisions privées adresse à leur PDG.
Tout ce « folklore mania » laisse croire que le personnel de nos télévisions privées ignorent que le concept générique d’une télévision est le sens du populaire et non le culte de la personne.
Pour revenir à Sen Ptit Gallé, qu’est-ce que veut la Télévision Futurs Médias (TFM) : créer un million de Youssou Ndour, chanteur ? A cette question, nous répondons par l’affirmative, confirmée par le numéro du 24 décembre 2012 de la rubrique « C’est pas sérieux » de « Yéwoulèèn ». Tenez-vous bien : l’animateur affiche le clip de Sen Ptit Gallé (par ailleurs, dont la chanson copie sans la langue une chanson américaine ou anglaise de la veille année) et dit sans sourciller que « Prince art » veut créer des milliers de Youssou Ndour dont la carrière musicale a apporté fortune et gloire qui a aboutit à la création d’une entreprise à centaines d’employés, comme GFM (Groupe Futurs Médias). Alors qui avait dit que « Sen P’tit Gallé est une affaire de vacances » ? « C’est pas sérieux » ! Avec Sen Ptit Gallé, la TFM se fout de l’esprit de qui ? ». En voilà un, pour un titre de « C’est pas sérieux ».
Notre propre expérience suivie par la leçon de SEMBENE Ousmane :
Aux parents, frères et sœurs des enfants pensionnaires et futurs participants de cette émission, nous accordons cette leçon que Sembène Ousmane nous a donnée, en la « parodiant » : « Les études d’abord, la musique après ». En effet, notre propre expérience, nous qui nous nous sommes intéressée au cinéma depuis l’âge de 13 ans, pour devenir réalisatrice, est illustrative. Pour avoir connu Sembène Ousmane à l’âge de 17 ans, par lettres interposées, celui que nous appelons affectueusement Papa Sembène et qui nous considérait comme sa fille nous disait « Les études d’abord, le cinéma après, moi j’ai réalisé mon premier film à l’âge de 40 ans, ma fille, aies au moins ton bac ». Papa Sembène nous a fait comprendre petit à petit que l’art est tellement attachant, passionnant, voire jaloux que quand vous y mettez trop tôt, vous risquez d’y être sans « partage » toute votre vie. Papa Sembène nous a fait savoir que les études sont très importantes, et il est fort difficile d’allier études et art. A raison, il nous a écartée de son chemin et nous a reçue pour la première fois le lendemain de notre admission au baccalauréat. Et Sembène nous a poussée du baccalauréat au doctorat, en attendant notre premier film.
Pour vous dire que SEMBENE Ousmane a très tôt compris l’importance des études, lui qui a été exclu par injustice de l’école à l’âge de 11ans et qui s’est « auto-formé », dès l’adolescence par des cours du soir des quartiers et en tant qu’ouvrier par des bibliothèques de Dakar à Marseille en passant par Paris.
A TFM, faites comme vous voulez vos émissions bidon et déroutantes comme « Diay Dollé », « Riz mond Dizz », « Miroir d’Afrique » (comme si l’Afrique se limite au chant et la musique, et de grâce cessez d’utiliser les enfants. L’adulte est responsable de son esprit, mais l’enfant suit l’esprit de l’adulte.
Dr Hadja Maï NIANG NDIAYE
Ecrivain-dramaturge
Enseignante-chercheure en Techniques de Communication à l’Université de Thiès
Directrice de Daaray Sembène, Maison de la Pédagogie de l’Image / Thiès
Les propos que nous développons ici concernent autant « Sen P’tit Gallé » que le P’tit Bal, car le second est le frère jumeau du premier.
A ce sujet, nous avons consacré deux articles à Sen P.’Tit Gallé, successivement le 04 octobre 2011, « Lettre Ouverte à Monsieur Youssou NDOUR, PDG de la Télévision Futurs Médias : « Veuillez » faire censurer l’émission SEN P’.TIT GALLE » et le 07 octobre 2011, « SEN P’.TIT GALLE ou L’EXPLOITATION FINANCIERE DES ENFANTS : TROIS POINTS QUI FONT DE L’EMISSION DE LA VENTE AUX ENCHERES ».
Dans ces documents analytiques, nous décrions le concept qui est anti-pédagogique et psychologiquement nuisible à l’enfant-acteur et l’enfant-spectateur. Ces articles ont été diffusés sur de nombreux sites internet et de quotidiens (cf. articles via Google) et un nombre important de réactions du public partagent la nôtre.
Cependant, aucune réaction de la TFM n’a été enregistrée. Seulement, le 13 octobre 2011, une journaliste de la Radio Futurs Médias (RFM), faisant partie du Groupe Futurs Médias, nous appelle au téléphone pour nous inviter à parler du concept des émissions pour enfants qui passent sur la TFM, dans la rubrique « Sociétal » du vendredi 14 octobre 2011. La journaliste évite le débat sur Sen p’tit Gallé et semble vouloir parler de « généralités ». Nous l’avons davantage compris en écoutant la rubrique : plusieurs personnes, y compris nous, un enseignant, des Sénégalais Lambda, des enfants et la productrice de l’émission, y sont interrogées. Nos mentions critiques sur Sen p’.tit Gallé, pourtant largement enregistrées par la journaliste, ont été censurées par la RFM. La mauvaise foi professionnelle et le manque d’objectivité de ce dossier se notent sur l’orientation du débat diffusé qui vise à faire légitimer l’émission « Sen p’tit Gallé » par la voix de parents et d’enfants qui n’y voient aucun inconvénient. De telles réactions peuvent être ravalées, car les personnes interrogées sont non avisées et ne comprennent rien à « l’effet image ». Seul l’enseignant a critiqué des aspects de l’émission. Ce que la TFM ignore est qu’en matière de débat d’expertise, on ne dresse pas des amateurs contre des professionnels. Tout porte à croire que ce dossier sur « Sen Ptit Gallé » a été « commandé ».
Dans le même sillage, nous avons adressée une lettre ouverte à Monsieur Sidy Lamine NIASSE, PDG du Groupe Walfadjri, le 29 septembre 2011, pour lui demander de faire revoir l’émission pour enfant Najemb Guneyyi qui passe les samedi à 12h30mn sur Walf TV : le jour même de la parution de l’article dans les quotidiens et la presse en ligne, le 30 septembre 2011, Mr NIASSE nous téléphone et nous félicite pour la teneur professionnelle, l’objectivité et le sens de la conscience patriotique et pédagogique de nos propos. Il nous dit qu’il partage notre opinion sur un nombre important de points. Mr NIASSE nous assure qu’il va faire revoir le fond de l’émission avec des professionnels. Le lendemain, lors de la diffusion sur Walf TV, nous avons constaté des améliorations importantes sur le plan technique (nous avons également apporté des critiques sur l’aspect technique) apportées au niveau du générique.
Le 17 octobre 2011, nous avons adressé une lettre de demande de censure de Sen P’tit Gallé à la Présidente du CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel). Cette dernière nous répond le 20 novembre 2011 par l’intermédiaire d’un des membres du Conseil qui nous dit que la question de Sen P’tit Gallé sera posée en assemblée. Mais, rien à faire : tout laisse penser que le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel du Sénégal ne régule que les affaires politiques.
Nous n’allons pas revenir ici sur l’analyse selon une approche cognitive et spectatorielle que nous avons consacrée au concept de Sen Ptit Gallé dans les deux articles précités, ce qui importe, à ce niveau, c’est d’alerter les Sénégalais sur les dangers de ce genre d’émission et sur la recherche sans pitié de fonds dont la TFM fait œuvre depuis sa création sur le dos des téléspectateurs et de surcroît, sur les âmes les sensibles et réactifs que sont les enfants.
Cependant, il serait judicieux de décrypter l’effet psychologique (par rapport à l’enfant) et sociétal que ce genre d’émission peut engendrer.
Du point de vue psychologique :
l’enfant-acteur, pour ne pas dire l’enfant-chanteur vit un rôle de concurrent sans merci par rapport à ses adversaires. A ce sujet, nous avons précisé dans les articles précités que l’adulte joue un rôle alors que l’enfant vit un rôle qu’il prolonge dans la vie réelle. Ainsi, nous avions cité les exemples de la vie désastreuse d’un nombre important d’ « enfant-artiste », à l’instar de l’américain Macaulay Culkin, dans « Maman, j’ai raté l’avion », le français Jordy, « l’enfant-chanteur mondialement connu », Anissa Jones dans Chez Oncle Bill, Lindsay et Sidney Greenbush dans La petite maison dans la prairie, Mary-Kate et Ashley Olsen dans La fête à la maison, etc.» ; ajoutez-y le destin de Michael Jackson, « enfant-chanteur » et de son devenir. Et la liste est longue : tous ses enfants acteurs et/ ou chanteurs ont, selon cas par cas, sombré dans la schizophrénie pour absence médiatique, le narcissisme, leur image constamment médiatisée leur monte à la tête, la recherche effrénée du paraître par l’habillement et le clinquant, l’intérêt précoce pour le gain et l’avoir, dans la drogue et l’alcool. En outre, l’enfant acteur et / ou chanteur est souvent en proie à un conflit familial à nature d’argent, voire d’intérêt à l’égard de ses parents. Notez-bien que les finalistes de Sen Ptit Gallé de « la première saison » commencent à animer des arbres de Noel dans leurs villes respectives : allez savoir qu’est-ce que les enfants en gagnent.
Savez-vous pourquoi un des finalistes de la première saison et celui de la saison actuelle sont issus de la même région. La réponse est simple : en marketing, on ne change pas une équipe qui fait gagner de la notoriété et de fonds financiers. Nous avons signalé que les appels téléphoniques font gagner des fonds inestimables à la TFM et à Prince art. Cette manœuvre a dû bien marcher la première saison du côté de Saint-Louis. Allez savoir l’euphorie et l’engouement pour cette émission à Saint-Louis auprès des enfants. En outre, un enfant s’il est fan il est fou. En atteste cette anecdote : une mère de famille raconte à une de nos connaissances que presque tous les soirs son fils de cinq ans pleurait et la suppliait à mort pour qu’elle cherche le numéro du serveur de Sen P’tit Gallé et vote pour son candidat préféré. Comment expliquez-vous qu’un P’tit Bal coûte une somme aussi « grande » pour un enfant : 10000 FCFA ! l’équivalent d’un mois de scolarité dans une école privée. Ils diront et « dans tout ça » le prix du cadeau qu’ils vendent, que disons-nous, qu’ils offrent aux enfants ? Figurez-vous que mon neveu âgé de 7ans qui s’est acharné pour se rendre au P’tit Bal de 2010 a reçu le piètre cadeau d’un oreiller avec l’image de Youssou Ndour : le choix et l’image de l’oreiller sont forts. Nous nous limitons là : allez savoir l’effet sur la psychologie de l’enfant.
Du point de vue sociétal :
L’équipe de production de l’émission chante faux quand elle fait croire que Sen Ptit Gallé est une affaire de grandes vacances. Voilà ce qui est décevant pour notre cher pays le Sénégal : c’est que l’Etat sénégalais donne la licence de création de chaînes de télévision à qui prouve qu’il a les poches remplies d’argent, alors qu’une télévision est fort importante pour une société. La télévision est un train à grande vitesse qui détruit autant qu’elle construit, la différence est qu’elle ait de bons conducteurs. Dans cette locomotive, un directeur de programmes d’une télévision est à la chaîne, ce que le moteur est au véhicule. Ainsi, on ne s’improvise pas directeur de programmes d’une chaîne de télévision.
Ce qui est aussi décevant dans notre cher pays le Sénégal est que les télévisions sont tellement personnalisées qu’on y voit à tout bout de champ le portrait du propriétaire en image ou en mots: c’est encore navrant que le personnel de nos télévisions privées parle de leur patron en termes « BOROM KEURGUI ». De tels propos « anti-professionnels » disent long sur l’amateurisme à travers lequel passent des louanges, des encensements, le déroulement de l’arbre généalogique que le personnel de nos chaînes de télévisions privées adresse à leur PDG.
Tout ce « folklore mania » laisse croire que le personnel de nos télévisions privées ignorent que le concept générique d’une télévision est le sens du populaire et non le culte de la personne.
Pour revenir à Sen Ptit Gallé, qu’est-ce que veut la Télévision Futurs Médias (TFM) : créer un million de Youssou Ndour, chanteur ? A cette question, nous répondons par l’affirmative, confirmée par le numéro du 24 décembre 2012 de la rubrique « C’est pas sérieux » de « Yéwoulèèn ». Tenez-vous bien : l’animateur affiche le clip de Sen Ptit Gallé (par ailleurs, dont la chanson copie sans la langue une chanson américaine ou anglaise de la veille année) et dit sans sourciller que « Prince art » veut créer des milliers de Youssou Ndour dont la carrière musicale a apporté fortune et gloire qui a aboutit à la création d’une entreprise à centaines d’employés, comme GFM (Groupe Futurs Médias). Alors qui avait dit que « Sen P’tit Gallé est une affaire de vacances » ? « C’est pas sérieux » ! Avec Sen Ptit Gallé, la TFM se fout de l’esprit de qui ? ». En voilà un, pour un titre de « C’est pas sérieux ».
Notre propre expérience suivie par la leçon de SEMBENE Ousmane :
Aux parents, frères et sœurs des enfants pensionnaires et futurs participants de cette émission, nous accordons cette leçon que Sembène Ousmane nous a donnée, en la « parodiant » : « Les études d’abord, la musique après ». En effet, notre propre expérience, nous qui nous nous sommes intéressée au cinéma depuis l’âge de 13 ans, pour devenir réalisatrice, est illustrative. Pour avoir connu Sembène Ousmane à l’âge de 17 ans, par lettres interposées, celui que nous appelons affectueusement Papa Sembène et qui nous considérait comme sa fille nous disait « Les études d’abord, le cinéma après, moi j’ai réalisé mon premier film à l’âge de 40 ans, ma fille, aies au moins ton bac ». Papa Sembène nous a fait comprendre petit à petit que l’art est tellement attachant, passionnant, voire jaloux que quand vous y mettez trop tôt, vous risquez d’y être sans « partage » toute votre vie. Papa Sembène nous a fait savoir que les études sont très importantes, et il est fort difficile d’allier études et art. A raison, il nous a écartée de son chemin et nous a reçue pour la première fois le lendemain de notre admission au baccalauréat. Et Sembène nous a poussée du baccalauréat au doctorat, en attendant notre premier film.
Pour vous dire que SEMBENE Ousmane a très tôt compris l’importance des études, lui qui a été exclu par injustice de l’école à l’âge de 11ans et qui s’est « auto-formé », dès l’adolescence par des cours du soir des quartiers et en tant qu’ouvrier par des bibliothèques de Dakar à Marseille en passant par Paris.
A TFM, faites comme vous voulez vos émissions bidon et déroutantes comme « Diay Dollé », « Riz mond Dizz », « Miroir d’Afrique » (comme si l’Afrique se limite au chant et la musique, et de grâce cessez d’utiliser les enfants. L’adulte est responsable de son esprit, mais l’enfant suit l’esprit de l’adulte.
Dr Hadja Maï NIANG NDIAYE
Ecrivain-dramaturge
Enseignante-chercheure en Techniques de Communication à l’Université de Thiès
Directrice de Daaray Sembène, Maison de la Pédagogie de l’Image / Thiès