SENEGAL-ECONOMIE-ANALYSE Mansour Kama : ‘’Le gouvernent doit davantage mettre l’accent sur le pragmatisme économique’

Le gouvernement peut tabler sur un taux de croissance d’environ 4% avec les ruptures annoncées dans le sillage de l’élection de Macky Sall à la magistrature suprême, mais les nouvelles autorités doivent pour cela mettre davantage l’accent sur le ‘’pragmatisme économique et une certaine distance vis-à-vis du politique’’, soutient le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES).


‘’Le rattrapage, sur le plan des réformes, peut être fait. La rupture opérée par le président de la République à destination des investisseurs nationaux ou étrangers, nous incite à revenir au travail et à investir’’, a déclaré Mansour Kama dans un entretien paru dans l’édition de lundi du quotidien Le Soleil.

‘’De cette façon, le taux de croissance peut raisonnablement remonter et retrouver un niveau qui peut frôler les 4 %, si nous avons la chance d’avoir, en plus d’une pluviométrie, une bonne gestion des semences et intrants agricoles’’, a-t-il dit.

‘’Aussi, si nous avons la chance de voir l’Etat gérer avec davantage de sérieux et en diminuant son train de vie et autres, normalement, nous devons avoir un environnement qui sera plus orienté vers les performances que vers les corruptions. Ce signal nous encourage à remettre la main à la poche’’, a indiqué le président du CNES.

Selon lui, l’expérience ‘’douloureuse’’ se rapportant aux troubles pré-électoraux ‘’a quelque chose de positif’’, dans la mesure où ‘’elle aura permis de montrer que le Sénégal est une nation majeure et que les élections ne feront plus peur à certains’’.

‘’Chaque fois que dans un pays de la sous-région, il y a des élections, les investisseurs sont freinés. Aujourd’hui, avec cette expérience de notre pays qui a été réglée de manière pacifique et démocratique, les investisseurs regardent le Sénégal autrement, comme une démocratie majeure pour laquelle les prochaines échéances ne feront pas l’objet d’inquiétudes qui risquent de freiner les activités économiques’’, analyse-t-il.

‘’Les signaux émis sont positifs. Lorsque nous parlons aux investisseurs de l’extérieur, ils nous disent qu’ils sont rassurés par rapport aux signaux émis par le président Macky Sall dans sa capacité à transcender les chocs internes comme celui de la stabilité politique’’, note-t-il encore.

‘’Sur le plan économique, les gens sont rassurés par le fait que le nouveau gouvernement a, à sa tête, un homme issu du secteur privé. Il faut juste mettre l’accent sur un pragmatisme économique et sur une certaine distance vis-à-vis du poids politique’’, a suggéré Mansour Kama.

‘’Parce que ce qui gênait les reformes, c’était les calculs politiques. Par exemple, quelqu’un qui a quelque chose à perdre dans des réformes politiques, peut les freiner, précise-t-il. Beaucoup de réformes qui devaient parfaire l’environnement des entreprises ont été freinées parce qu’il y a une certaine crainte à mécontenter une frange de la population lorsqu’on la vise comme un électorat’’.


Abdou Khadre Cissé

Lundi 30 Avril 2012 15:06

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