Dans cette agglomération bâtie sur une nappe phréatique à fleur du sol, c'est presque l'hivernage avant l'heure. Une verdure abondante, des déchets ça est là, des altères pleines d’eau et qui sont devenues de véritables réservoirs pour la prolifération des cafards et des moustiques. Conséquence : une invasion des moustiques et des habitants exposés au paludisme en permanence et aux maladies diarrhéiques. A cela s’ajoute des voies impraticables, des gravats qui jonchent le sol pour faciliter le passage des piétons, des dallages et des carreaux décapés, des véhicules sous des eaux. La cité Soleil offre vraiment un visage désolant aux visiteurs. «Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des autorités sur les dangers que représente cette situation, mais rien n’a été fait », affirme Alioune Tall, un habitant des lieux et par ailleurs, président du conseil d’administration de la société coopérative de construction et d’habitat des employés du quotidien national Soleil. A la cité Soleil, l’air est devenu difficilement irrespirable à cause de l’environnement totalement dégradé. Et pour cause des eaux noirâtres et des fausses sceptiques dégagent une odeur nauséabonde. Ce qui fait explique l’inquiétude et la désolation des habitants de cette localité. «Nous sommes totalement à la merci des moustiques, car nous vivons avec les moustiques 12 mois sur 12. C’est pénible », se plaigne Alioune Tall. Il ajoute que « Pendant la saison des pluies de 2012, nous avons eu 60 centimètres d’eaux à l’intérieur des maisons. Nous étions obligés d’abandonner nos domiciles pendant deux mois. Ce scénario se déroule chaque année que Dieu fait». Maoundo Niang, cet artiste plasticien vit dans cette cité depuis 2002. Il explique que « c’est un véritable calvaire pour des populations. La cité Soleil est une cuvette où presque toutes les eaux pluviales de Dakar se déversent ». Selon cet habitant de la dite cité, Ibrahima Dieng, le problème fondamental de la cité, c’est l’eau. « Nous pataugeons 12 mois sur 12 dans les eaux », a-t-il dit avant d’ajouter que «l’humidité de la zone favorise le paludisme. Nos enfants et les femmes enceintes sont les plus victimes de cette pandémie». Pour le délégué de quartier, Aziz Ndiaye, âgé d’une soixantaine d’années, déclare que « ses enfants sont malades. Je dépense tout temps de l’argent pour acheter des ordonnances ».
Des produits phytosanitaires pour lutter contre le paludisme
Le manque de canalisation dans cette cité et les fausses sceptiques à ciel ouvert favorisent ainsi la prolifération des moustiques. Une situation qui s’explique par l’humidité de la zone. Depuis belle lurette, « la cité Soleil n’a pas bénéficié des opérations de désinsecticides qu’organise le service d’hygiène », ont déclaré certains habitants. Ainsi, pour combattre les moustiques afin de lutter contre le paludisme, les habitants de cette localité font recours aux moustiquaires et aux bombonnes d’insecticides. « Nous sommes fatigués d’acheter des bombonnes d’insecticides », s’irrite Aziz Ndiaye. Son camarade Alioune Tall enfonce le clou en déclarant qu’il faut « un budget pour faire face aux dépenses de l’achat des bombonnes d’insecticides. Selon lui, une bombonne d’insecticide coûte, par exemple, entre 1000 et 1500 francs CFA. Les grosses bombonnes coûtent environ 2000 francs CFA. « Nous achetons plus de quatre 4 bombonnes d’insecticides par mois », a-t-il dit.
Le manque de canalisations aggrave le drainage des eaux
Le problème fondamental dans de la cité Soleil est pratiquement lié à l’assainissement. Une situation aggravée par l’absence des réseaux de drainages des eaux pluviales qui impacte sur la gestion des eaux pluviales et des eaux usées. « Des correspondances ont été adressées au ministère des infrastructures et aux personnes de bonne volonté qui interviennent dans le domaine de la population, mais jusqu’ici rien a été encore fait », témoigne M. Tall. L’artiste plasticien, Maoundo Niang qui s’affairait autour de ses tableaux s’interroge le mutisme des agents du service d’hygiène. « Peut être qu’il n’y a pas un programme spécifique pour notre cité », a-t-il dit. Un autre problème dont déplorent les habitants de la cité est l’absence des agents du service d’hygiène qui, selon eux, n’organisent pas des opérations de désinfection des lieux. « Et quand nous les sollicitons par écrit, ils nous disent qu’ils sont en rupture de produits et de carburants », martèle Alioune Tall.
Journées d’investissements humains pour juguler le mal
Faute de réponses de la part des autorités compétentes, les populations de la cité Soleil se mobilisent, chaque mois, pour organiser des journées d’investissements humains. Selon le député maire de la commune de Dalifort Foirail, Idrissa Diallo, la municipalité ne peut pas prendre en charge les problèmes de la cité Soleil, faute de moyens financiers. « Le problème de la Cité Soleil dépasse la mairie de Dalifort foirail. Car, nous sommes confrontés à un problème de manque de moyens financiers pour régler la question de l’assainissement », a-t-il certifié. L’absence des moyens financiers fait qu’aujourd’hui, la plupart des quartiers da la commune d’arrondissement de Dalifort Foirail patauge dans les eaux surtout en période des saisons des pluies. « Vous voyez, notre maire même est sous les eaux. Et vous pensez que nous aimons rester sous ces eaux ? Mais non. Nous n’avons pas d’argent si non nous aurions déjà assaini notre commune d’arrondissent », affirme le député maire.
Emmanuel Bouba YANGA