A l’exception de «l’hôpital régional» qui a vu son plateau technique relevé, la jeune région manque de tout, ou presque sur le plan sanitaire. Des malades sont obligé de faire plusieurs km à travers des pistes sablonneuses à bord de charrettes ou de vélos et motos, des routes latéritiques gagné ça et là par le ravinement causé par des eaux de ruissellement et ce qui restes des goudrons pour se faire consulter par, au moins, un paramédical. Dans cette nouvelle circonscription administrative vaste de 7326 km2, seuls 198,200 km de route sont goudronnés, principalement des routes nationales desservant les trois régions que sont Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.
Par endroit, au niveau des districts, Ce sont les véhicules des présidents de conseils ruraux qui servent d’ambulances (ou corbillards) pour l’évacuation de patients à n’importe quelle heure, même dans les localités les plus reculées et où il n’y a pas encore de pistes de production digne de ce nom (via des voies de charrettes). A défaut, des populations sont obligées elles-mêmes d’évacuer leurs malades à bord de véhicules de transports en commun souvent surchargées, sur des routes cahoteuses (RN6-Goudomp), avec tout ce que cela comporte comme risque. Conséquence, certains malades décèdent même en cour d’évacuation sur Ziguinchor vu l’état de dégradation très avancé de ce qui reste de la route nationale n°6.
Sédhiou devient Eps1, les populations pour la consruction d’un hopital regional
Toutefois, au niveau du chef lieu de région, il y a un «arbre» qui peut cacher ce dénuement total dans lequel se trouve Sédhiou dans le domaine sanitaire. Le centre de santé de la ville a été érigé en Etablissement public de santé de niveau 1 (Eps1) depuis juin 2010. Ceci dans l’optique d’assurer une couverture sanitaire adéquate à la population par le relèvement du plateau technique, mais également la mise en place d’un personnel qualifié. Ce qui fait que les consultations et soins ne sont plus assurés par des paramédicaux (infirmiers), mais des médecins. Cela cache mal l’insuffisance et le sous équipement de structures de santé implantées à l’échelle régionale.
Suffisant pour que, malgré ces efforts, Sédhiou sollicite la construction et l’équipement d’un hôpital régional digne de ce nom à l’image d’autres régions du pays. «C’est bon de relever le plateau technique de notre centre de santé, mais nous voulons qu’il soit maintenu pour le district sanitaire et qu’on nous construise un hôpital régional équipé avec le personnel qu’il faut dans la ville. Sédhiou le mérite car jusqu’à présent certains cas critiques sont évacués sur Ziguinchor ou Kolda. Je croix qu’il faut une politique de discrimination positive en faveur des nouvelles régions et celles périphériques pour combler les retards sur le plan des infrastructures», martèle un jeune cadre Sédhouois.
Du côté des autorités sanitaires, conscient du Budget et du temps que peut prendre la construction et l’équipement d’un hôpital régional, l’on se réjouit de l’érection de Sédhiou en Eps1avec des mesures d’accompagnement. Selon le docteur Ousmane Guèye, directeur de l’hôpital de Sédhiou, «il faut, comme on dit, commencer par un avant d’aller à deux. C’est vrai et ce serait très bon de construire un nouveau hôpital, mais vu l’argent et le temps que cela peut prendre, il est important d’aider la population à avoir une couverture sanitaire adéquate. Or, le fait de laisser cet hôpital à l’état de centre de santé ne permet pas de relever le plateau technique, mais il suffit de l’ériger en Eps1 pour que le plateau médical soit relevé. Aujourd’hui les consultations à Sédhiou se font par des médecins alors qu’auparavant c’étaient les paramédicaux (infirmiers) qui assuraient cela».
«L’urgence de l’heure, c’est d’avoir un gynécologue»
Le directeur de l’hôpital, reconnaît «qu’il y a des difficultés en termes d’équipements et de personnel qualifié. Mais, l’accompagnement est en train de suivre et au fur et à mesure qu’on met des moyens à notre disposition on pourra contourner ces difficultés. Aujourd’hui, en tant qu’Eps1 nous parvenons à prendre en charge certaines pathologies qu’on ne doit pas retrouver dans les Eps2 et Eps3. Nous avons pu avoir en renforcement du personnel un chirurgien en permanence au niveau de l’hôpital et deux médecins généralistes, deux sages femmes d’Etat et un certain nombre d’équipements. Nous venons même d’installer une table d’opération au niveau du bloc chirurgical. On a également un groupe électrogène».
Cependant la région médicale ne dispose pas encore de gynécologue considéré comme une urgence du fait de la forte natalité dans la région, ce malgré l’introduction d’une demande depuis belle lurette. «Nous avons encore besoins d’un renforcement en personnel qualifié, mais également en équipements. Et l’urgence de l’heure, la seule chose que j’avais demandé de manière urgente, c’est d’avoir un gynécologue. Ce qui permettrait une bonne prise en charge au niveau de la maternité en ce sens qu’il y a une forte natalité au niveau de la région. Mais notre maternité n’est pas dépourvue en sages femmes puisque nous en avons cinq à la disposition de la population», lance le patron de l’hôpital.
Sur le plan de la couverture «même s’il reste beaucoup de chose à faire, mais l’on ne se plein pas. Donc cette politique d’avoir un Eps1 est une très bonne chose en attendant la construction d’un hôpital régional comme souhaitée par la population. Vous savez, cela n’existe qu’au Sénégal, dans toute la sous région on ne voyait pas d’Eps1. Donc notre pyramide sanitaire même n’était pas respectée. On quittait les centres de santé pour aller directement vers un Eps2, ce qui fausse même la politique sanitaire que le Sénégal voulait mettre ne place», renseigne docteur Ousmane Diagne.
Une politique sociale en marche avec «les tarifs les plus bas pour un hôpital»
Sédhiou étant une «région rurale» avec une population majoritairement pauvre, le social occupe une bonne place dans le dispositif sanitaire. C’est pourquoi, «à côté de la couverture sanitaire, nous avons une mission sociale. Notre obligation, c’est d’assurer des soins de santé à tout le monde sans exclusion. Ce qui implique un volet social pris en charge par des assistants sociaux et un certain nombre de fonds est mis à la disposition du service social pour pouvoir aider les démunies. Peut-être qu’on ne peut pas aider tout le monde, vu les moyens limités, mais l’hôpital est en train de faire le maximum pour ne pas exclure quelque personne que ce soit pour les soins».
Selon le directeur de l’hôpital, même si des difficultés existent, la politique sociale qui permet de ne pas exclure les démunies se ressent dans les tarifs. «Le social se voit d’abord sur la tarification. Aujourd’hui nous avons les tarifs les plus bas pour un hôpital». En atteste «jusqu’à présent les consultations prénatales au niveau de l’hôpital se payent à 300 F Cfa alors que dans les hôpitaux cela devrait coûter environ 1500 F Cfa». Les césariennes sont gratuites. Il n’y a que le quid que le malade paye, mais l’acte et l’hospitalisation sont pris en charge par l’Etat.
Seulement, de l’autre côté, en dehors de la maternité, du fait du relèvement du plateau technique avec des consultations assurées par des médecins à la place des infirmiers, le ticket de consultation est à 1000 F Cfa. A l’époque du centre de santé, le malade déboursait entre 300 et 500 F Cfa pour se faire consulter par un paramédical. «Nous constituons une référence au niveau de la région, donc la région médicale assure la coordination entre les districts sanitaires et l’Eps1. Chaque fois qu’il y a un cas qui dépasse le centre de santé, il est automatiquement évacué au niveau de l’hôpital. Maintenant si le cas nous dépasse, nous évacuons le malade vers Ziguinchor ou Kolda qui sont des Eps2», précise Ousmane Diagne.
Le directeur n’a pas manqué de remercier le personnel et les syndicats qu’il qualifie de partenaires sociaux pour le climat social apaisé dans l’hôpital. «Les problèmes ne manquent pas, mais ils sont surmontés grâce au dialogue avec les partenaires sociaux, accentué par une politique et une gestion transparente pour mettre tout le monde en confiance. Dans la cadre la politique de prévention de conflits, chaque mois se tient une réunion de staff, avec l’ensemble des chefs de service et tous les trois mois une réunion élargis à l’ensemble du personnel. C’est ce climat de dialogue qui explique l’accalmie au niveau local», explique-t-il. Vivement que cela perdure et fasse tache d’huile.