La récolte de mil dans le domaine agricole de Khelcom, un vaste champ de plusieurs dizaines de milliers d’hectares appartenant à la confrérie mouride au Sénégal, vient de s’achever ce weekend. Les bonnes récoltes enregistrées cette année inspirent désormais les autorités du pays, en quête d’une autosuffisance alimentaire.
Situé dans la région centre de Kaffrine au Sénégal, le domaine agricole Khelcom d’une superficie de 45 000 hectares est la propriété de la très puissante communauté mouride, une confrérie fondée au début du XXe siècle par le cheikh Ahmadou Bamba appelé communément «Seugne Touba».
Ce vaste champ où l’on cultive notamment des tonnes de mil, d’arachides et de haricots (niébé), est l’un des symboles du poids économique des mourides au Sénégal qui comme chaque année, affluent vers khelcom pour prendre part à des travaux champêtres.
Ils étaient des milliers ce 7 octobre à avoir sacrifié à la tradition cette année, suite à l’appel du khalife général des mourides pour la récolte de mil. Une campagne qui devrait être bonne puisque 3 000 hectares de superficie ont été emblavés cette année pour le mil avec 150 tonnes de semences traitées. Il en est de même pour le niébé avec 300 hectares, selon l’agence APS.
Un taux de mécanisation élevé
Si pour l’heure les résultats de la récolte de 2017 ne sont pas encore dévoilés, le ministre de l’Agriculture Pape Abdoulaye Seck, qui a participé symboliquement à la récolte de mil qui vient de s’achever, parle d’une bonne moisson. Le ministre qui se dit séduit par le modèle agricole des mourides veut d’ailleurs faire de Khelcom le modèle de la future exploitation agricole sénégalaise.
«Khelcom peut être le portrait-robot de la future exploitation agricole sénégalaise qui permettra de nourrir notre pays et tirer profit des avantages comparatifs du Sénégal sur le marché international», a notamment indiqué le ministre auprès de l’Agence de presse sénégalaise.
Selon toujours le membre du gouvernement, le taux de mécanisation dans le domaine agricole de Khelcom -estimé à 90%- «est élevé». Et ceci, poursuit Pape Abdoulaye Seck, «prouve qu’on peut avoir des exploitations familiales modernes, mécanisées, qui de surcroît utilisent au mieux les innovations technologiques dans le but de s’inscrire dans une dynamique d’augmentation de la productivité et d’amélioration de la qualité».
Cette mécanisation qui permet d’emblaver des milliers d’hectares et de traiter des tonnes de semences chaque année est le fruit d’un investissement sur fonds propres de plusieurs milliards de Fcfa, d’après un document comptable «portant la signature de Serigne Moustapha Saliou, fils du cinquième khalife général des mourides». Un document rendu public par le quotidien sénégalais Walf Fadjri.
Nourrir 12 000 enfants toute l’année
Réseau de canalisation, quatre forages avec un puits de 290 mètres de profondeur, des magasins de stockage et des pistes de production pour acheminer les récoltes,… Bref, un investissement de plus de 4 milliards de Fcfa qui comprend également les matériels agricoles, notamment des machines de travail de sol. De quoi faire de Khelcom un véritable grenier capable de nourrir plus de 12 000 talibés, des apprenants du coran auxquels «on interdit de mendier». Car, Khelcom qui est avant tout un centre culturel d’enseignement aux valeurs religieuses musulmanes, produit suffisamment pour nourrir tous les «talibés», toute l’année.
«En tous les cas, nous rentrons très satisfait et nous avons cette fois-ci encore une belle confirmation de la justesse de la vision de son Excellence Macky Sall, président de la République, conformément à sa vision où il peut y avoir une autre agriculture, de progrès, moderne, mécanisée et en quête d’excellence», a conclu le ministre de l’Agriculture.