Sous surveillance : Le président Sall écoute son banquier…

Le président Sall entérine la médiation pénale pour sortir du bourbier de la chasse aux milliards. C’est officiel ce coup-ci nous assure-t-on. L’opinion avait été préparée par Maître El Hadj Diouf, subitement converti au « Yoonu Yokkute ». Si vous remboursez 80 % des sommes détournées, vous ne serez plus poursuivis, lançait l’avocat aux dignitaires ciblés par le procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).


Le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance Abdoul Latif Coulibaly précise que le taux de’ remboursement oscille plutôt entre 80 à 95%. Exemple édifiant : si vous avez distrait 1000 milliards, vous pourrez le plus légalement du monde garder 200 milliards. Et on nous dit que c’est mieux qu’une longue traque à l’issue incertaine. Il est loin le temps où le président Sall jurait de récupérer «jusqu’au moindre centime, l’argent volé aux Sénégalais».

En donnant cette assurance, surestimait-il sa capacité à résoudre l’équation de la traque aux biens mal acquis ou cachait-il son jeu ? En tout cas pour avoir été aux affaires sous Wade, le président Sall savait à quoi s’attendre. Il était au fait des expériences négatives de ses prédécesseurs Diouf et Wade. Le premier avec la Crei. Le second avec les audits. Cela n’a pourtant pas empêché le président Sall de faire pareil. Flop en vue. Nous croyons donc que le président Sall, otage de ses nombreuses promesses, otage du peuple des Assises nationales et otage des bailleurs de fonds, cachait son jeu, mais pas trop.

Faut-il rappeler le compte bancaire ouvert par Madame le ministre de la Justice Aminata Touré pour loger les fonds récupérés, « sur instruction du Chef de l’Etat ». Personne n’a également oublié le Discours de politique générale du Premier ministre Abdoul Mbaye, notamment les moments portant sur la traque des biens mal acquis. Révulsé, nous écrivions dans ces mêmes colonnes : « Nous lui (Premier ministre) reprochons aussi un délit d’opacité, le comble, à propos des audits. Bien sûr, Abdoul Mbaye a réaffirmé la volonté du nouveau régime  de recouvrer l’argent volé, par des procédures judiciaires régulières. C’est bien, mais le banquier estime qu’un bon arrangement vaut mieux qu’un mauvais procès. Si les prédateurs acceptent de rendre l’argent  volé, allez hop, ni vus ni connus. Le Premier ministre veut-il dire que la promesse pour laquelle le président Macky Sall a été élu, nettoyer les écuries d’Augias, ne sera pas tenue ?  Avouer que Macky butera sur les audits comme son prédécesseur qu’avait effleuré l’idée d’une Chambre financière pour récupérer l’argent distrait par les socialistes épinglés par les audits. En tout cas, la Chambre financière ne se nourrit que d’opacité. Autant dire que le Premier ministre veut une chose et son contraire … ». 

Le banquier indiquait la voie au président Sall et préparait les députés et sénégalais à cette éventualité. Ou peut-être l’inverse. Mais enfin, d’une certaine façon la médiation pénale dans le cas d’espèce, illégale et immorale, constitue un aveu d’échec. Le président Sall écoute son banquier, comme tout le monde, mais il doit s’assurer de la régularité et transparence des opérations qu’il lui propose.

Souleymane Ndiaye


Bamba Toure

Mardi 5 Mars 2013 07:02

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