La Tunisie au bord du chaos. Un manifestant a été tué dans la nuit de vendredi à samedi 27 juillet à Gafsa, dans le centre-ouest du pays, lors d'une marche de protestation contrel'assassinat de l'opposant laïc Mohamed Brahmi.
Mohamed Moufli, 45 ans, est mort lorsque la police a dispersé à coups de bombes lacrymogènes une marche nocturne en protestation au meurtre.
La journée de samedi s'annonce encore à très haute tension : Mohamed Brahmi doit être inhumé à Tunis près de la tombe de l'opposant Chokri Belaïd, également assassiné en février.
Funérailles nationales
Agé de 58 ans, Mohamed Brahmi a été abattu jeudi de 14 balles tirées à bout portant devant chez lui, à Tunis, par deux hommes à moto, alors qu'il descendait de voiture.
Le 6 février, l'opposant Chokri Belaïd avait été assassiné de la même façon. Sa mort avait provoqué les plus importantes manifestations dans le pays depuis la chute de Ben Ali en janvier 2011.
Le chef de l'Etat, le président Moncef Marzouki, a demandé à l'armée d'organiser des funérailles nationales. Le cortège funèbre devrait s'étendre sur un parcours d'environ 10 kilomètres, entre son domicile et le cimetière d'El Jallez.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé le déploiement d'un dispositif sécuritaire important "pour assurer le bon déroulement des obsèques". L'enterrement de Chokri Belaïd avait réuni des dizaines de milliers de Tunisiens.
Un salafiste français derrière le meurtre ?
Un salafiste radical du nom de Boubacar El Hakim, déjà recherché par la police pour trafic d'armes avec la Libye, est soupçonné d'avoir assassiné les deux opposants laïques. Il pourrait s'agir d'un homme né en France et déjà condamné pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", selon "Libération".
"La même arme automatique de calibre 9mm qui a tué Chokri Belaïd a aussi tué Mohamed Brahmi", avait en outre expliqué vendredi le ministre de l'Intérieur tunisien, précisant que les autorités avaient identifié 14 salafistes, la plupart membres de l'organisation Ansar al Charia, qu'elles soupçonnent d'être impliqués dans l'assassinat de Belaïd. Il avait ajouté n'avoir aucune preuve de l'implication d'un parti politique.
Cinq députés démissionnent
Membre de l'assemblée chargée d'élaborer la nouvelle Constitution et fondateur du Mouvement du peuple (Echaâb), une formation laïque et nationaliste, Mohamed Brahmi n'avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir.
Le parti Initiative, une formation laïque, a par ailleurs annoncé vendredi la démission de ses cinq députés de l'Assemblée constituante pour dénoncer l'assassinat.
A l'appel de l'opposition, des milliers de personnes sont descendues vendredi dans les rues de Tunis pour protester contre l'assassinat. Des milliers de manifestants islamistes les ont imités.