L’ex-EIGS décimé
Dans sa logique de viser les têtes pensantes des groupes évoluant dans l’espace sahélien, la France a mené des actions qui ont donné satisfaction aussi bien à l’état-major des armées qu’aux autorités de la Métropole. C’est ainsi que le 14 juin, un membre important de l’État Islamique au Grand Sahara a été capturé dans le Liptako malien. Impliqué dans l’amputation de membres supérieur et inférieur de braqueurs allégués à Ansongo, au Mali, Dadi Ould Chouaib alias Abou Darda aurait été d’un apport considérable dans la suite de la traque lancée contre les caciques de filiale sahélienne de l’État Islamique.
Quatre jours après son arrestation, les soldats français parviennent à mettre hors d’état de nuire Al Mahmoud Ag Baye dit Ikeray.
Au mois de juillet, c’est au tour d’un autre cadre de l’ex-EIGS de tomber. Il s’agit d’Issa Sahraoui connu jusqu’à son élimination comme le coordinateur logistique du groupe. Le juge Abderrahmane al Sahraoui connaîtra le même sort.
Le jihadiste sahraoui qui s’est révélé en réelle terreur dans la région des trois frontières a été pris en chasse par l’armée française alors qu’il se déplaçait à moto au sud d’Indelimane, dans le nord-est malien. Le chef djihadiste qui a donné des sueurs froides aux États-Unis et aux pays partageant la zone du Liptako-Gourma, à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso pousse son dernier souffle. Une « grande victoire » qui ne met pas pour autant fin au « jihad sahélien ».
Jusque-là, l’État Islamique s’est contenté de communiquer sur le défunt en lui rendant un hommage posthume dans sa revue hebdomadaire « Al Naba ». Une manière pour l’organisation terroriste de garder la sérénité au sein de sa représentation sahélienne mais aussi pour permettre à son successeur de prendre ses marques.
Youssef Ould Chouaib alias Abou Bara Al Ansari serait le nouveau chef de l’ex-EIGS. Selon Fahad Ag Almahmoud, président de la Plateforme et secrétaire général du groupe Autodéfense touareg Imghad et Alliés (GATIA), le nouvel émir serait le frère cadet d’Abou Darda. Ancien prisonnier en Algérie, il aurait exercé la profession de tailleur au Niger.
Pour le moment, c’est tout ce qu’on sait de cet homme qui tente de redonner un nouveau souffle à un groupe en difficulté. En attestent les actions imputées à l’ex État Islamique au Grand Sahara au Burkina Faso à partir du mois d’octobre.
L’Ex EIGS se venge sur les civils, le Burkina cède
Début octobre, cinq civils ont été tués dans un incident qui s’est produit à Markoye, dans le nord-est du Burkina et dans lequel seraient impliqués des jihadistes appartenant à cette organisation. Au mois de novembre, 69 personnes meurent dans une embuscade à 50 kilomètres de Banibangou. Le maire de cette ville du sud-ouest nigérien fait partie des victimes. L’ex-EIGS est pointé du doigt.
Le 14 novembre, un détachement de la gendarmerie burkinabé à Inata, dans la province du Soum, est pris pour cible par des djihadistes. Dans un premier temps, le bilan s’établit à 28 soldats et 4 civils tués. Plus tard, on apprendra par le biais du porte-parole du gouvernement qu’au total 53 personnes ont péri dans cet assaut attribué au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), la branche sahélienne d’AQMI.
N’en pouvant plus de ce décompte macabre, la population manifeste sa colère dans les rues. Une colère amplifiée par l’ébruitement du traitement peu respectueux des gendarmes par la hiérarchie. Sans nourriture, ils avaient jeté leur dévolu sur la viande de brousse tirée de la chasse. Il n’en fallait pas plus pour amener les autorités à sortir le bâton. À la fin du conseil des ministres du 17 novembre, c’est-à-dire 3 jours après les faits, le commandant de la première région de Gendarmerie et le commandant du Groupement du Secteur nord ont été relevés de leurs fonctions.
Les dysfonctionnements qui ont rendu vulnérables les forces de défense et de sécurité n’ont pas épargné le Premier ministre. Christophe Joseph Dabiré remet sa lettre de démission le 8 décembre. Cette sortie du chef du gouvernement semble une réponse à la requête de l’opposition qui réclamait des mesures fortes face à la dégradation de la situation sécuritaire. Une dégradation qu’un changement de premier ministre ne résout pas.
Ladji Yoro est mort
Le 23 décembre dernier, une colonne de Volontaires pour la défense de la Patrie tombe dans une embuscade dans la zone de You, province du Loroum, région du Nord. Au total, 43 personnes sont décédées. Chef des VDP à Loroum, Ladji Yoro fait partie des victimes. Malgré le peu de moyens dont il disposait, Ladji Yoro avait fait montre d’une bravoure qui n'a d'égale que son patriotisme. Hélas, son pays est en passe de devenir le ventre mou du Sahel. Les groupes djihadistes agissent sur presque toute l’étendue du territoire, mais se permettent de menacer la stabilité des pays côtiers du Golfe de Guinée.
Le Golfe de Guinée, nouvelle cible
Depuis 2019, le Togo, le Ghana et le Bénin sont sur le qui-vive. La Côte d’Ivoire qui est dans la même enseigne a dû revoir sa stratégie de lutte anti-terroriste suite à l'incursion de Grand Bassam de mars 2016, revendiquée par Al Qaïda au Maghreb Islamique. À la frontière avec le Burkina Faso, notamment à Kafolo, la capacité de riposte de l’armée ivoirienne est mise à rude épreuve par une série de harcèlements qui occasionnent des morts dans ses rangs.
Moins touchés, les trois autres pays qui partagent avec le Burkina et la Cote d’Ivoire l’Initiative d’Accra savent qu’ils n’ont jamais été aussi exposés. Dans la nuit du 9 au 10 novembre dernier, le Togo a connu sa première attaque terroriste, dans le Kpendjal. L’offensive n’a pas fait de victime. Après une prise d’otages le 1er mai 2019 dans le Parc de la Pendjari, le Bénin est agressé de manière récurrente pendant ce mois de décembre. Au moins quatre attaques terroristes ont été répertoriées dans le nord-ouest du pays. Dans son discours du 29 décembre, le président Patrice Talon promet de renforcer les moyens mis à la disposition des forces de défense « afin que ce genre d’incursion sur notre territoire ne puisse continuer ».
Le Sénégal veille au grain
Épargné (pour le moment) par les groupes djihadistes, le Sénégal n’en présente pas moins des fragilités dans la partie est de son pays. Au début de l’année, une cellule, proche de la Katiba du Macina, a été démantelée à Kidira, à proximité de la frontière avec le Mali. Un récent rapport du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS) et l’Institut d’Études de Sécurité (ISS) DS redoute l’instrumentalisation par des groupes ou individu, de l’absence de maitrise étatique sur le commerce issu de l’exploitation minière artisanale à petite échelle à des fins de financements du terrorisme.
Dans sa logique de viser les têtes pensantes des groupes évoluant dans l’espace sahélien, la France a mené des actions qui ont donné satisfaction aussi bien à l’état-major des armées qu’aux autorités de la Métropole. C’est ainsi que le 14 juin, un membre important de l’État Islamique au Grand Sahara a été capturé dans le Liptako malien. Impliqué dans l’amputation de membres supérieur et inférieur de braqueurs allégués à Ansongo, au Mali, Dadi Ould Chouaib alias Abou Darda aurait été d’un apport considérable dans la suite de la traque lancée contre les caciques de filiale sahélienne de l’État Islamique.
Quatre jours après son arrestation, les soldats français parviennent à mettre hors d’état de nuire Al Mahmoud Ag Baye dit Ikeray.
Au mois de juillet, c’est au tour d’un autre cadre de l’ex-EIGS de tomber. Il s’agit d’Issa Sahraoui connu jusqu’à son élimination comme le coordinateur logistique du groupe. Le juge Abderrahmane al Sahraoui connaîtra le même sort.
Contrairement à ses « frères d’arme », Abdel Hakim al Sahraoui qui était le commandant en chef de la zone du Gourma est mort des suites d’une maladie. En plein milieu d’une crise diplomatique avec le Mali, la France neutralise Lehbib Ould Ali Ould Said Ould Joumani qui n’est personne d’autre que l’émir de l’ex-EIGS.
Le jihadiste sahraoui qui s’est révélé en réelle terreur dans la région des trois frontières a été pris en chasse par l’armée française alors qu’il se déplaçait à moto au sud d’Indelimane, dans le nord-est malien. Le chef djihadiste qui a donné des sueurs froides aux États-Unis et aux pays partageant la zone du Liptako-Gourma, à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso pousse son dernier souffle. Une « grande victoire » qui ne met pas pour autant fin au « jihad sahélien ».
La mort d’un chef djihadiste est un évènement important sur le court terme car elle désorganise la structure de son groupe et peut éventuellement semer la zizanie dans les rangs. Pour l’ex-EIGS, l’élimination d’Adnan Abou Walid al Sahraoui a eu des répercussions dans la marche du groupe et le retard accusé dans la nomination « officielle » d’un successeur est un indicateur pertinent.
Jusque-là, l’État Islamique s’est contenté de communiquer sur le défunt en lui rendant un hommage posthume dans sa revue hebdomadaire « Al Naba ». Une manière pour l’organisation terroriste de garder la sérénité au sein de sa représentation sahélienne mais aussi pour permettre à son successeur de prendre ses marques.
Youssef Ould Chouaib alias Abou Bara Al Ansari serait le nouveau chef de l’ex-EIGS. Selon Fahad Ag Almahmoud, président de la Plateforme et secrétaire général du groupe Autodéfense touareg Imghad et Alliés (GATIA), le nouvel émir serait le frère cadet d’Abou Darda. Ancien prisonnier en Algérie, il aurait exercé la profession de tailleur au Niger.
Pour le moment, c’est tout ce qu’on sait de cet homme qui tente de redonner un nouveau souffle à un groupe en difficulté. En attestent les actions imputées à l’ex État Islamique au Grand Sahara au Burkina Faso à partir du mois d’octobre.
L’Ex EIGS se venge sur les civils, le Burkina cède
Début octobre, cinq civils ont été tués dans un incident qui s’est produit à Markoye, dans le nord-est du Burkina et dans lequel seraient impliqués des jihadistes appartenant à cette organisation. Au mois de novembre, 69 personnes meurent dans une embuscade à 50 kilomètres de Banibangou. Le maire de cette ville du sud-ouest nigérien fait partie des victimes. L’ex-EIGS est pointé du doigt.
Le 14 novembre, un détachement de la gendarmerie burkinabé à Inata, dans la province du Soum, est pris pour cible par des djihadistes. Dans un premier temps, le bilan s’établit à 28 soldats et 4 civils tués. Plus tard, on apprendra par le biais du porte-parole du gouvernement qu’au total 53 personnes ont péri dans cet assaut attribué au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), la branche sahélienne d’AQMI.
N’en pouvant plus de ce décompte macabre, la population manifeste sa colère dans les rues. Une colère amplifiée par l’ébruitement du traitement peu respectueux des gendarmes par la hiérarchie. Sans nourriture, ils avaient jeté leur dévolu sur la viande de brousse tirée de la chasse. Il n’en fallait pas plus pour amener les autorités à sortir le bâton. À la fin du conseil des ministres du 17 novembre, c’est-à-dire 3 jours après les faits, le commandant de la première région de Gendarmerie et le commandant du Groupement du Secteur nord ont été relevés de leurs fonctions.
Les dysfonctionnements qui ont rendu vulnérables les forces de défense et de sécurité n’ont pas épargné le Premier ministre. Christophe Joseph Dabiré remet sa lettre de démission le 8 décembre. Cette sortie du chef du gouvernement semble une réponse à la requête de l’opposition qui réclamait des mesures fortes face à la dégradation de la situation sécuritaire. Une dégradation qu’un changement de premier ministre ne résout pas.
Ladji Yoro est mort
Le 23 décembre dernier, une colonne de Volontaires pour la défense de la Patrie tombe dans une embuscade dans la zone de You, province du Loroum, région du Nord. Au total, 43 personnes sont décédées. Chef des VDP à Loroum, Ladji Yoro fait partie des victimes. Malgré le peu de moyens dont il disposait, Ladji Yoro avait fait montre d’une bravoure qui n'a d'égale que son patriotisme. Hélas, son pays est en passe de devenir le ventre mou du Sahel. Les groupes djihadistes agissent sur presque toute l’étendue du territoire, mais se permettent de menacer la stabilité des pays côtiers du Golfe de Guinée.
Le Golfe de Guinée, nouvelle cible
Depuis 2019, le Togo, le Ghana et le Bénin sont sur le qui-vive. La Côte d’Ivoire qui est dans la même enseigne a dû revoir sa stratégie de lutte anti-terroriste suite à l'incursion de Grand Bassam de mars 2016, revendiquée par Al Qaïda au Maghreb Islamique. À la frontière avec le Burkina Faso, notamment à Kafolo, la capacité de riposte de l’armée ivoirienne est mise à rude épreuve par une série de harcèlements qui occasionnent des morts dans ses rangs.
Moins touchés, les trois autres pays qui partagent avec le Burkina et la Cote d’Ivoire l’Initiative d’Accra savent qu’ils n’ont jamais été aussi exposés. Dans la nuit du 9 au 10 novembre dernier, le Togo a connu sa première attaque terroriste, dans le Kpendjal. L’offensive n’a pas fait de victime. Après une prise d’otages le 1er mai 2019 dans le Parc de la Pendjari, le Bénin est agressé de manière récurrente pendant ce mois de décembre. Au moins quatre attaques terroristes ont été répertoriées dans le nord-ouest du pays. Dans son discours du 29 décembre, le président Patrice Talon promet de renforcer les moyens mis à la disposition des forces de défense « afin que ce genre d’incursion sur notre territoire ne puisse continuer ».
Le Sénégal veille au grain
Épargné (pour le moment) par les groupes djihadistes, le Sénégal n’en présente pas moins des fragilités dans la partie est de son pays. Au début de l’année, une cellule, proche de la Katiba du Macina, a été démantelée à Kidira, à proximité de la frontière avec le Mali. Un récent rapport du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS) et l’Institut d’Études de Sécurité (ISS) DS redoute l’instrumentalisation par des groupes ou individu, de l’absence de maitrise étatique sur le commerce issu de l’exploitation minière artisanale à petite échelle à des fins de financements du terrorisme.