Texte liminaire de la Conférence de Presse des acteurs du Tourisme


Mesdames et Messieurs,
Les acteurs du tourisme ont le plaisir de vous souhaiter la bienvenue et vous remercient vivement pour votre présence à cette importante manifestation de la profession touristique sur la thématique « la situation dramatique du secteur touristique du Sénégal et la problématique du plan d’urgence de relance de la Destination ».
C’est avec beaucoup de sincérité, que les acteurs du tourisme apprécient à sa juste valeur le soutien extrêmement important que vous ne cessez d’apporter à la réussite de leurs manifestations  à travers une large et très bonne couverture de presse de leurs événements.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous l’avez, le Sénégal a toujours misé, à juste raison, sur les vertus et les valeurs de l’économie touristique.
-Levier de développement économique et social, vecteur de croissance forte, durable et inclusive, secteur de service transversal et particulièrement intégrateur, facteur puissant  de lutte contre la pauvreté et de l’exode rural, le tourisme qui occupe la deuxième place dans les options de Politique Publique  de notre pays est  gravement malade.
 En effet, le tourisme est profondément atteint par les conséquences négatives  liées à  l’accumulation de problèmes structurels, de phénomènes conjoncturels, de manque de visibilité et de faiblesse de développement, qui n’ont jamais trouvé de solutions durables auprès des Pouvoirs Publics.
Cette crise persistante  de l’industrie touristique de notre pays  s’amplifie et s’approfondie mettant ainsi l’ensemble des zones touristiques  dans une situation de  marasme total, économique, financier,  et social.
 Il ressort ainsi du dernier état des lieux établi par la profession sur la base de données réelles recueillies auprès des exploitants, une situation de morosité sans précédent, comme l’atteste éloquemment le niveau catastrophique de taux de remplissage annuel des structures d’hébergements touristique, pour la saison touristique 2014/2015 et  selon la taille et leurs lieux d’implantation :
 
-Station balnéaire de Saly : entre 20 et 25 %.
-Sine saloum : entre 15 et 20%.
-Saint-louis : entre 17 et 22% .
-Tamba : entre 5 et 10%.
-Casamance : entre 15 et 20%.
Comme vous le constatez, ces contre performances concernent le tourisme balnéaire, le tourisme de découverte, le tourisme culturel, le tourisme  de chasse et l’éco-tourisme, c'est-à-dire l’ensemble des vocations qui constituent les principaux produits de l’offre nationale de la Destination sur les marchés des voyages et du tourisme.
- A Dakar, capitale économique, politique et administrative du pays: le tourisme de congrès et d’affaires affiche un comportement nettement différencié  en fonction du standing des établissements:
- entre 60 et 65 %  de moyenne d’occupation annuelle pour les 4 et 5 étoiles.
-entre 30 et 35 % de moyenne d’occupation annuelle pour les 3étoiles.
Il est bon de remarquer que la baisse significative des taux d’occupation des hôtels d’affaires, qui se situaient traditionnellement à plus de 80%, constitue un élément nouveau et révélateur de l’élargissement de la crise au niveau de ce segment jusque là très  porteur.
Au regard de cette situation reconnue unanimement désastreuse, les acteurs voient avec désolation, chaque jour, une cohorte de conséquences économiques et sociales s’abattre  sur le secteur par :
- la fermeture de structures d’hébergement touristique, faute de clients.
 
-la fermeture  d’agences de voyages évoluant dans les secteurs de, billetterie, réceptif, incentive et  location de voiture, en mal d’activités.
 
-la mise en place de plans sociaux de chômage technique et de licenciement.
-l’ arrêt définitif des vols charters à fin février,
 
-la perte d’activité de la saison touristique 2014/2015, celle de 2015/2016,
définitivement compromise.
 
-l’étranglement des entreprises par les charges d'exploitation très lourdes,(eau ,électricité et fiscalité).
 
-le niveau élevé de l’endettement  de l’Etat sur les entreprises du secteur.
-la perte drastique des revenus des  populations locales générés par les retombés  touristiques.
 
-la déliquescence accélérée des centres artisanaux.
-la chute libre des recettes fiscales pour l’Etat.
 
Le diagnostic de la situation est connu et suffisamment partagé  entre les acteurs du tourisme et la tutelle, à travers plusieurs réunions de concertation.
 
Les causes profondes de ce marasme sont dues essentiellement :
 
-au  poids excessif des taxes aéroportuaires qui ont rendu la destination sénégalaise plus chère et moins  compétitive par rapport à la concurrence.
 
-à l’instauration du visa d’entée des touristes.
 
-à l’absence d’une véritable  politique de promotion de la Destination.
 
-à la perte de la vocation de la station balnéaire de Saly due à l’érosion côtière
 
-à l’absence de politique de libéralisation des transports aériens.
 
 
-à l’abandon total du secteur par l'Etat,
 
Dans le but  de juguler les effets négatifs de cette profonde crise et  relancer la Destination, les acteurs du tourisme, le Ministère du Tourisme et des Transports Aériens, et les départements Ministériels directement concernés, ont initié une série de concertations qui a abouti à la conception et l’adoption d’un PLAN D’URGENCE DE RELANCE qui a été validé le 18 décembre 2014, à la suite d’une journée de réflexion.
 
Ce Plan d’Actions  comporte 17 points  et préconise des mesures prioritaires que l’Etat devrait prendre pour assurer la relance de l’activité touristique  à court et moyen terme.
 
Les  fondements de ce Plan d’Actions minimal qui couvre l’ensemble des besoins du moment liés à la problématique de la relance reposent sur :
 
-l’obligation de rendre la destination plus compétitive dans un environnement international extrêmement concurrentiel.
 
-la nécessité d’améliorer l’accessibilité et la visibilité de la Destination.
-la restauration de la confiance des partenaires stratégiques qui programment le Sénégal.
 
-l’assainissement du secteur et de son environnement par l’application d’une réglementation touristique rigoureuse.
 
-la mise en place d’un instrument de financement dédié au tourisme et adapté aux conditions d’exploitations des entreprises du secteur.
 
 
Pour atteindre ces objectifs assignés au Plan d’Actions, les acteurs du tourisme souhaitent  obtenir rapidement de l’Etat :
 
 
-la suppression du visa pour les touristes.
 
-la baisse substantielle des taxes aéroportuaires
 
-l’allocation de ressources  financières  conséquentes pour la promotion de la Destination.
 
Et au niveau fiscal :
 
-l’arrêt immédiat des procédures fiscales contre les entreprises du secteur
- la  baisse de la fiscalité comme mesure de soutien aux entreprises du secteur (la patente)
 
-le  maintien du plafond de l’impôt  minimum forfaitaire avant l’adoption de la loi rectificative d’octobre 2014, qui maintenait le plafond à 5.000.000 frs
 
-la généralisation de la baisse à 10% de la tva aux activités des Agences de Voyages et de Tourisme, conformément à la Directive de l’UEMOA.
 
 
Pour finir, les acteurs du tourisme sont convaincus que la mise en œuvre de ces mesures permettront efficacement de sauver les principaux acquis de la destination et également au PSE d’atteindre ses objectifs en matière de tourisme.
 
Dans cette vision, les acteurs du tourisme expriment à l’Etat leur volonté et leur disponibilité à relever ensemble les défis liés au développement du tourisme dans notre pays.
 
 
Nous vous remercions de votre aimable attention.
 
 
Les Organisations du Secteur Touristique :–Employeurs-FOPITS (SPIHS et SAVTS),
Organisations des travailleurs :CNTS/ UNSAS /CNTS- FC.
 

Bamba Toure

Jeudi 12 Février 2015 18:39

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