Mais pourquoi le manteau de la société civile pour atteindre des objectifs politiques ?
Les partis politiques ont échoué. Nous tous nous avons soit soutenu ou été sympathisants de partis. On a tous été des électeurs. On a voté pour des partis politiques. S’ils avaient réussi leurs actions, peut-être qu’on serait, nous, tout simplement des citoyens qui accompagnent. Mais il est temps que l’action politique soit motivée que par le seul but d’aller dans le sens de l’intérêt général. Vous prenez une commune comme Thiès qui équivaut à 1,7 à deux (2) milliards de budget. 7 à 8 % dudit budget, c’est le maire qui se le met dans la poche. Alors qu’il dit vouloir aider des pauvres. La meilleure façon d’aider des pauvres, c’est de leur laisser, même si c’est un franc, ce franc là. Et leur dire, ça, je n’en ai pas besoin. Parce que quand même ceux qui ont été désignés pour diriger cette ville se trouvent, peut-être, pour la plupart, à l’abri du besoin. Ils doivent ne pas quand même venir se faire un salaire d’un millions de F Cfa, même si c’est symbolique, prendre 5000 litres d’essence, avoir un budget du cabinet du maire, acheter une voiture 4×4 alors qu’il avait, auparavant, leur voiture. Parce que le travail du maire, quand même, c’est une action bénévole. Donc moi, je dis que l’ensemble des indemnités de maire et tout l’argent qui est secrété autour, je n’en ai pas besoin. On va reverser ça dans le budget pour prendre en charge l’ensemble des questions sociales, surtout les accouchements gratuits. Les politiques ont échoué. Nous ne pouvons pas aller militer dans des partis politiques. Nous pensons qu’ils ne sont pas intéressés par les véritables problèmes des populations. Ils sont incapables de régler les vraies questions du fait qu’à chaque fois on se chamaille, « X » et « Y » par-ci, « « R » et « Z » par-là, on réclame tel ou tel poste, c’est la guéguerre éternelle autour des marchés, etc. Donc, quand tu relis le discours des politiques, il n y a pas de programme, il n’y a rien. Et du moment que nous, nous avons un programme que nous jugeons pertinent, nous nous sommes dit que nous allons le présenter aux thiessois à qui revient le rôle d’être arbitres. s’ils votent pour nous, c’est tant mieux, c’est ce qu’on souhaite. s’ils ne votent pas pour nous, on félicite le vainqueur. Et ainsi va la démocratie.
on dit que Thiès, politiquement, reste imprenable parce que « appartenant » à Idrissa seck. N’est-ce pas là un défi, pour toi, d’affronter sur ce terrain l’édile de la ville ?
J’ai toujours dit qu’il n’y a pas de forteresse imprenable. Ça, c’est une vie de l’histoire. Même les empereurs ont perdu leur trône. A fortiori, de simples maires qui sont élus au suffrage universel. Pour nous, la question de Idrissa seck appartient au passé. Quand tu fais deux mandats et que tu as du mal à présenter un bilan, tu es, à mes yeux, disqualifié d’avance. Donc à mon avis, Thiès n’est pas une forteresse imprenable. Idrissa Seck, on le battra et à la régulière, sans tambour ni trompette. On est pas des idiots, quand même. On a sondé le terrain, on a des chiffres, on sait ce que pèse chacun, on sait ce que Idrissa Seck pesait avant, on sait ce qu’il pèse maintenant. Donc, si on dit aux thiessois qu’on est capable de le battre, c’est, d’abord, avec un argumentaire scientifique. On s’est rendu compte qu’il a perdu quand même 80% de son électorat. C’est visible. Les gens qui se trouvent dans la rue, ceux qui discutent toujours avec les uns et les autres comprennent bien cela. Donc il n’y a aucune raison qu’on puisse penser que Idrissa Seck a la propriété exclusive de Thiès. Ce n’est pas exact.
Concrètement, qu’est-ce que votre Mouvement « Changer » a fait sur le terrain pour aller à la conquête de la Mairie de Thiès ?
Nous avons fait énormément de choses. Depuis le 15 décembre dernier, nous montons régulièrement, tous les 24, 48, 72 heures des cellules. Ce qui nous a amené en 80 jours, par exemple, à une excellente moyenne de 80 cellules. Environ une cellule par jour, au minimum. Ces cellules sont composées de 25 militants qui sont, en réalité, de grands responsables dans leur zone respective. Et nous avons déjà, en termes de pourcentage de couverture de quartiers, garanti 63% de l’espace communale. Ça, c’est d’abord les fondations. Il est simple de dire : « je veux être maire », il est très simple d’aller le dire dans les radios, mais, faudrait-il encore que dans chaque coin de rue, dans tous les quartiers, que les gens puissent savoir que tel est candidat, voilà son programme. Et nous, c’est ce qu’on fait depuis trois mois. Maintenant, à partir de la mi-mars, nous allons lancer notre campagne électorale pour faire, au moins, un grand rassemblement tous les 20 jours. Et à partir du mois d’octobre, nous allons réellement commencer notre vraie campagne parce qu’on sera à six mois des élections. Donc, on a un chronogramme bien défini, bien détaillé, que nous déroulons sans tambour ni trompette, sans insulter personne. Nous le faisons dans la courtoisie et dans l’élégance. On n’est pas dans l’action d’éclat. On ne va pas présider les choses pour simplement confisquer la voie des gens. Nous préférons aller vers les gens, leur expliquer ce qu’on pense, même s’ils sont vingt personnes, s’ils sont convaincus, c’est vraiment mieux que d’aller dans des manifestations de 1000 ou 2000 personnes pour être de simples parrains. Tout ça ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est l’action de terrain. Et je défis quiconque de me prouver aujourd’hui qu’il a monté 80 cellules dans des zones précises, avec une cartographie précise, avec des cartes d’électeurs et des cartes d’identité précises. Il n’y en a pas actuellement sur la place de Thiès. Nous avons donc vraiment une très bonne occupation de l’espace et on pense pouvoir atteindre d’ici le mois de juin l’objectif fixé de 300 cellules ou même, pourquoi pas, le dépasser.
Beaucoup de reproches ont été formulées à l’encontre du Maire de Thiès, Idrissa seck, par rapport à sa gestion. Quelle sera, un peu, la touche de El Malick seck dans sa gestion de la gouvernance locale ?
Mais il y aura beaucoup de touche. Le maire n’aura même plus de voiture de service. C’est fini ça ! On va préférer acheter une ambulance à la place. Ou même trois ambulances. Parce que quand vous avez 40 millions, quand même, c’est le prix de trois petites ambulances. Il n’y aura pas de budget de cabinet du maire. Il n’y aura pas de distribution tous azimuts des parcelles. Toutes les parcelles seront versées dans le patrimoine de la commune. Parce qu’il est hors de question qu’on donne un terrain à une personne qui n’habite pas la ville. Ça n’a aucun sens. On préfère, comme dans tous les pays au monde où les choses se passent dans le cadre de la légalité, construire des immeubles, des appartements ou des maisons au plan social. un « X » ou un « Y » a un salaire de 200.000F, par exemple, il vient, on lui donne un appartement et tous les mois, il paye 40.000F, 50.000F. Donc des sommes raisonnables, accessibles à tout thiessois. Parce qu’aussi, il ne s’agit pas de donner des terrains pour que les gens les revendent après. Il y aura vraiment de la transparence. Tous les marchés qui seront attribués, il faudrait qu’on justifie. Parce qu’il y a, quand même, le choix des investissements. J’ai vu, par exemple, dans le budget de la commune, beaucoup de gens mettre : désherbage. Mais, comment au 21e siècle, on doit désherber une ville ? Ça, c’est une manière de prendre l’argent et de le mettre dans sa poche. Il y a des herbes un peu partout quand il pleut, mais après, les citoyens s’organisent pour tout enlever. On n’a, quand même, pas besoin de mobiliser chaque année 60 millions pour que quelqu’un vienne s’attribuer le marché. C’est difficilement prouvable qu’il y avait de l’herbe à tous les endroits indiqués. On n’a donc pas la traçabilité à ce niveau. Ça, on va donc le sortir du budget. À propos des aides sociales (secours aux indigents) pour environ une somme de 200 millions FCFA, nous disons que ce n’est pas ça. Dix mille FCFA, vous le donnez à quelqu’un, ça lui sert à quoi ? On va éliminer tout ça. L’argent qu’on donnait individuellement, ça, c’est fini. Ce qu’on va faire, par contre, avec ces 200 millions FCFA, on va, chaque année, subventionner, par exemple, la scolarité des enfants défavorisés, l’allaitement maternelle, et pourquoi aussi ne pas prendre en charge la pédiatrie des enfants démunis. Le social, désormais, on va l’orienter vers des actions concrètes et non vers des listes prétendues de gens pauvres que les politiciens se mettent dans la poche. On va vraiment refaire le budget. A part les salaires, il n’y a rien de nécessaire en réalité. Si vous payez les salaires dans une municipalité pour permettre à la commune de travailler, si vous payez l’eau, l’électricité, mais tout le reste doit être reversé directement dans des investissements porteurs. Soit au plan social, soit au plan économique. On ne peut pas se permettre, dans une petite ville comme la nôtre, qui n’a même pas un budget correct, d’avoir, par exemple, un budget de 25 millions pour des fêtes. Ça n’a aucun sens. Donc le budget sera vraiment revu et corrigé et il y aura une démarche de transparence. Moi, dès le départ, je dirai que je n’ai pas de salaire, je n’ai pas d’essence, on ne distribue pas les parcelles, on va les donner à des promoteurs sur appel d’offre et que tout sera traité sur la place publique. Sans compter que dans le programme concernant les 200 milliards que je vais apporter, 75 ou 90% de cet argent concernera l’investissement privé. Dans le cadre, par exemple, de la régie municipale des transports, un avis d’appel d’offre sera lancé en face des opérateurs privés. Les propositions des promoteurs intéressés seront publiées. Le bon sens doit recommander que ce soit celui qui a fait la meilleure offre qui a été retenu. Donc moi, je n’ai pas envie que demain, les gens disent que j’ai pris X ou Y. Si je dois le faire, que Dieu m’en préserve, que je ne prenne pas la mairie. Ce qui nous intéresse, c’est de créer une nouvelle méthode de gouvernance. La fonction de maire n’est pas un travail. C’est, une fois de plus, du bénévolat. À l’origine c’était ça. Maintenant, c’est transformé en métier, on crée une clientèle politique pour pouvoir prendre les marchés et tout ce qui s’en suit. Avec nous, tout ça, c’est fini ! A part les salaires et certaines charges à payer autour de l’eau, l’électricité pour l’éclairage de la ville, tous les autres marchés seront supprimés au bénéfice du social et de l’activité économique. Et il faudra surtout que la mairie ne soit plus déficitaire et garde même un peu d’argent à la fin de l’année pour qu’on puisse dire : « on a fait une bonne gestion, on a pu garder, au moins, 100 ou 200 millions dans nos caisses, on va les réorienter dans le budget à venir ».
Les jeunes et les femmes constituent l’écrasante majorité de l’électorat. Comment sont-ils pris en charge dans votre programme ?
Pour les femmes, l’ensemble des indemnités, salaires et autres avantages liés au poste de maire seront reversés automatiquement pour prendre en charge l’accouchement gratuit des femmes. La maternité qui est au centre des préoccupations de nombre de foyers reste un volet important. Nous allons aussi créer le programme « marché de quartier » parce que 90% des femmes de cette ville travaillent dans le commerce. Et qui dit commerce dit activité marchande. La mairie va donc encadrer cette activité pour lui donner une formalité. Il s’agira de créer quotidiennement des « marchés tournants » dans les quartiers de la ville pour mieux organiser ce secteur. Et au delà de tout ça, on va faire le pavage de la ville, pour, au moins, générer quelques 3000 emplois. À ce niveau, la parité sera bien respectée. En plus du domaine industriel, on créera une société de transport. Faut-il rappeler que les secteurs économiques et sociaux ne sont pas des domaines réservés exclusivement aux hommes. Par rapport aux jeunes, on a initié le programme économique, on va même créer un pôle emploi. On ne peut pas dire que les gens chôment sans pour autant savoir qui chôme, combien sont-ils, qu’est-ce qu’ils ont appris. Avec le bureau pôle emploi, on peut faire toutes les orientations nécessaires à partir des besoins qui seront bien quantifiés. Il y a un volet sportif très important, parce que nous avons décidé d’asseoir un programme participatif « gazon de quartier ». Dans le domaine culturel, on a prévu, dans notre programme, un studio pour les groupes de Rap et de musique, des séances de théâtre, des expositions de vernissage pour le corps artistique. Enormément de choses sont donc prévues pour la jeunesse. Encore, doit-on reparler d’emploi ? Une préoccupation principale de la jeunesse parce que la majorité des jeunes de cette ville ne travaillent pas. Ça, c’est leur préoccupation première. Donc, je reviens toujours au discours de départ en vous rappelant que l’économie et le développement se trouvent au coeur de notre programme. Parce que si vous ne régler pas les questions économiques, vous ne pourrez pas régler les questions sociales. Un grand rôle donc que l’économie va jouer pour pouvoir créer 5.000 jusqu’à 10.000 emplois par an. Là, vous réglez en partie les questions de la jeunesse. Et quand vous créez une bonne ville où il y a de l’économie, vous réglez les problèmes sociaux parce que la plupart de ces cas sont liés d’abord à la pauvreté. si les gens n’ont pas de salaire, ils ne peuvent pas se soigner, ils ne peuvent éduquer leurs enfants, ils ne peuvent pas gagner leur vie. Mais avec un revenu mensuel décent, tout se passe bien. Partout dans le monde, les pays qui ont gagné la bataille économique ont gagné tous les combats. Si vous êtes dans un pays et que vous perdez la bataille économique, vous ne parviendrez jamais à le développer avec le social. C’est pratiquement impossible. Cependant, même si on parvient à développer l’économie, il y aura toujours quand même des poches de couche vulnérable qui ont moins de chance que les autres. Maintenant, c’est en ce moment que tu commences à faire du social. Mais on ne peut pas développer une ville en disant qu’on va faire que du social. Ça, c’est la meilleure façon de les entretenir dans la pauvreté. Quand on sait que, de toute façon, les ressources publiques ne suffissent pas pour pouvoir donner à tout le monde à manger, du travail et lui faire plaisir. Il faudrait que le privé s’implique. Qu’il y ait des emplois, et beaucoup même.
A vous entendre parler on a comme l’impression que la façon dont sont financées les femmes par les acteurs politiques n’est pas viable ?
Ça, c’est de l’achat de conscience. Vous prenez 50 femmes, vous leur donnez 100.000 F, c’est une manière de leur dire : « allez-vous battre ». Qu’est-ce que quelqu’un peut faire avec 100.000F ? Une seule personne vous lui donnez 100.000F, il ne sait pas trop quoi en faire. Sinon aller acheter de l’eau, de l’huile, du riz pour cuisiner. Depuis le début, des gens sont venus nous demander un financement. Malheureusement, ce n’est pas ça notre job. Le job du Mouvement « Changer », ce n’est pas de prendre de l’argent et de le donner à des gens pour qu’ils aillent faire des activités. L’argent qu’on a, on l’investit dans la politique pour rassembler les gens, les soutenir un peu quand ils organisent des manifestations. C’est pour créer la logistique. Vous faites un meeting, vous avez besoin d’un minimum pour louer des chaises, etc., les gens se déplacent, il faut parfois quand même les aider un peu. C’est normal. Notre rôle, ce n’est pas de donner du travail. Ça, ce n’est pas le rôle d’un parti politique. Le rôle d’un parti politique c’est de s’approprier de la puissance publique, d’en profiter pour dire : « j’ai la décision historique de mettre une zone industrielle, laquelle va créer 10.000 emplois, et on signe l’arrêté municipal pour réaliser le projet. Que peut faire donc un groupement de femmes avec la modique somme de 100.000F ? 90% des expériences d’hommes politiques qui ont donné de l’argent à des femmes, à des bénévoles, s’est terminé en queue de poisson, à la police, au tribunal, où elles se battent entre elles. Parce qu’un investissement doit être quantifié, un projet doit être étudié. Et c’est ça en réalité qui manque à Thiès. Une fois qu’on a la puissance publique, on pourra l’utiliser à bon escient. Avec, entre autre, la possibilité de créer un fond d’investissement pour financer l’entreprenariat féminin autour de tous les secteurs de la vie active.
Accepteriez-vous une main tendue d’une formation politique ou d’un Mouvement dans le cadre de ce combat vers la conquête de la Mairie ?
À moins que les intéressés nous rejoignent. Mais nous, nous allons rejoindre personne. Parce que jusqu’à présent, on n’a pas vu quelqu’un nous proposer un programme. Si maintenant des gens viennent vers nous avec un programme, on est prêt à les écouter. Mais c’est eux qui viennent. Parce que nous, nous estimons que nous avons défini la plateforme. Nous avions dit : « voilà ce que nous voulons pour Thiès, voilà ce que nous allons faire pour Thiès ». Donc tous les thiessois dignes de ce nom en sont informés et tout le monde est en train de nous observer pour voir quel sera notre comportement dans un avenir proche. L’ensemble des Alliances politiques que j’ai vues sur Thiès, restent des Alliances purement électoralistes. Il n’y a pas de programme. Même le Rewmi qui parle, n’a aucun programme. « Elisez Idrissa seck, après il va être président ». Ce n’est pas un programme ça. « Elisez Bennoo Bokk Yaakaar, on va renforcer Macky sall ». Ce n’est pas un programme. ou bien « élisezmoi, je suis le plus beau », ce n’est pas un programme. Donc, quelque soit la Coalition qui viendra, on demandera à ses membres de nous proposer quelque chose s’ils veulent travailler avec nous. Il faut qu’on cesse de prendre les thiessois pour des moutons de panurge. C’est des gens dignes et honnêtes. Nous, nous préférons avoir la qualité. Et je pense que la plupart des animateurs politiques ne sont pas animés par la même philosophie. On n’est pas totalement contre. Mais on a des exigences béton pour pouvoir, quand même, travailler avec les meilleurs. Parce que si quelqu’un débarque pour dire : « écoutez, je suis le plus beau, je suis le plus gentil », on ne l’écoutera pas. Parce qu’il n’y a pas là de programme. Ou bien : « on va mettre le Rewmi parce que Idrissa Seck doit être président ». Non, ça suffit ! Ce qui nous intéresse réellement, c’est d’avoir de la qualité dans ce qu’on est en train de faire.
Quelle lecture faites-vous de cette floraison de candidats déclarés pour la Mairie de Thiès ?
Nous sommes en démocratie. Les gens, qu’ils aient ou pas des arguments, la démocratie recommande quand même qu’on les écoute et les respecte. Moi, je suis pour la pluralité des candidatures. Il ne faudrait pas penser que la floraison de candidatures reste une dévalorisation du poste de maire. Bien au contraire. Plus vous avez de candidats, plus les gens vont être rigoureux dans leur choix pour ne pas élire des plaisantins à la mairie. Ça ne sert à rien qu’on ait deux candidats. Cette floraison de candidats montre qu’il y a des problèmes à Thiès. Que cette ville n’avance pas. Que son cas doit être réglé. C’est une forme de compétition qui indique déjà une certaine prise de conscience. Un tel état de fait va, au moins, motiver la future équipe municipale qui aura à beaucoup faire attention. A ne pas faire comme les autres. Je pense que sur les listes citoyennes, on n’est encore que deux ou trois, pas nombreux. Mais en réalité, tous les autres qui s’agitent sont, je pense, de la mouvance présidentielle. Je pense que c’est plutôt pour avoir de bons postes, et non pas pour être réellement candidats.
Qui est derrière El Malick seck ?
(Rires). Personne !!! Ça, c’est la question qui me fait le plus marrer. Mais derrière moi, il y a tout le monde. C’est mal me connaitre en pensant cela. Est-ce que vous pensez que tous ces gens là qui portent des costumes, des cravates sont plus intelligents que nous ? Nous ne sommes pas des idiots, quand même. Est-ce que ces gens ont, seuls, réussi quelque chose sans la politique ? Je n’en suis pas trop sûr. Mais nous tous, nous avons réussi dans nos domaines avec nos maigres moyens. Sans l’aide de personne. Donc, pourquoi les gens doivent toujours penser cela. Moi, j’ai créé un journal à partir de 1500F. Aujourd’hui je fais des journaux qui valent des dizaines de millions ou, parfois même, des centaines de millions. Mais ça, c’est une étape logique de la vie. Je ne pense pas que je sois sorti de nulle part. On est, au contraire, bien sorti de quelque part. Nous avons suffisamment prouvé, au fil de notre parcours, que nous demeurons des gens avec, quand même, quelque chose dans la tête. Tous ces gens que vous voyez, lesquels sont avec nous, mais, écoutez, personne n’est derrière eux. Ils adhèrent au Mouvement en toute liberté. On ne leur a pas donné de l’argent. On n’a rien fait pour eux. Pourtant ils sont là, présents. Ils viennent bénévolement. Parce que tout simplement nous, c’est la vérité qui nous guide. On ne leur raconte pas des histoires. On leur présente un programme. C’est des gens quand même très intelligents, capables de faire la part des choses, de savoir que ce qu’on leur dit, ce n’est pas des balivernes. Honnêtement, derrière moi, il y a personne. Rassurez-vous ! Moi, j’ai dépassé l’âge où on doit me dire : « Va faire ça » ! On ne me l’a jamais dit d’ailleurs. J’ai toujours pris mes décisions, seul. En toute indépendance. Sans l’avis de personne. Si je me suis planté, je me suis planté tout seul. Donc, moi, je ne suis pas quelqu’un qu’on aiguillonne avec des ordres. Je suis quelqu’un d’extrêmement indépendant d’esprit. Pour moi, à part Dieu, tout le reste, c’est relatif. Donc, vraiment, rassurez-vous. Il n’y a personne derrière moi. Pas une quelconque puissance d’argent ou autre chose. Je gagne suffisamment ma vie. Je peux, quand même, me permettre de prendre un peu de ce que je gagne et dire : « on va aller à des élections, voilà ce qu’on va faire ». Voilà, c’est ça, et rien d’autre !
Propos recueillis par Cheikh Camara et Ababacar sAMB thiesinfo journal