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Toulouse: le récit de la traque de l'ennemi public n°1

Il aura fallu dix jours aux enquêteurs pour retrouver la trace de Mohamed Merah, le tueur présumé au scooter. L'homme ne s'est pas encore rendu mais son appartement est cerné par les forces de l'ordre. Récit d'une chasse à l'homme grandeur nature.


Toulouse: le récit de la traque de l'ennemi public n°1
Il était l'homme le plus recherché de France. Depuis lundi, jour où il a ouvert le feu dans une école juive, tuant un professeur de religion et trois enfants, des milliers de policiers ont été mobilisés dans une gigantesque chasse à l'homme. Des services centraux au renseignement intérieur, en passant par les CRS, les brigades de gendarmerie ou de la police judiciaire, tous les services étaient à sa recherche. Un dispositif qui a porté ses fruits puisque l'homme est actuellement cerné de toutes parts par le Raid.
Car Mohamed Merah n'est pas un inconnu des services de police. Il avait à son actif "plusieurs actes de délinquance, une petite dizaine, parfois avec violences". Une source policière a évoqué le chiffre de 18 faits connus. Il était également, selon Claude Guéant, "connu par la DCRI depuis plusieurs années" en raison de son appartenance à un mouvement salafiste. Le jeune homme, âgé de 24 ans, s'était rendu deux fois à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan, probablement en 2010 et 2011. C'est à partir de ce moment-là qu'il a été repéré par les services de renseignement. Il "fait partie de ces gens de retour de zones de combat qui ont toujours été une inquiétude pour les services", confirme une source proche de l'enquête.  

Sur sa piste dès le premier meurtre
Dès le meurtre du premier militaire, dimanche 11 mars sur un parking toulousain, les enquêteurs tiennent la piste qui leur permettra de remonter jusqu'à Mohamed Merah. La victime a en effet rendez-vous avec son agresseur à la suite d'une petite annonce déposée sur le site du Bon coin pour vendre son véhicule. "Après son assassinat, la police a épluché les communications qu'il avait reçues de la part de personnes qui étaient intéressées par l'acquisition de cette moto", a indiqué le ministre de l'Intérieur. L'annonce a été consultée 576 fois. Pour chacune des connexions, les enquêteurs doivent obtenir une commission rogatoire du juge autorisant les fournisseurs d'accès à révéler l'identité de la personne utilisant l'adresse IP. Samedi, soit deux jours après la deuxième fusillade à Montauban, le croisement de ce fichier et des renseignements dont dispose la DCRI a fait apparaître une adresse IP qui interpelle les enquêteurs: il s'agit de Mme Haziri, la mère de Mohamed et Abdelkader Merah. Il aura donc fallu six jours pour emmener les enquêteurs sur la voie de la famille Merah. "C'est très rapide, assure Murielle Cahen, avocate spécialiste en droit sur Internet. Pour avoir analysé autant d'adresse IP en une semaine, les demandes de commission ont dû passer en priorité sur le bureau du juge et les réponses ont été très rapides. Pour une affaire moins sensible, les délais sont plutôt de 15 jours pour une adresse".  
Mais à ce moment là, la famille Merah n'est considérée que comme une des pistes de l'enquête, a expliqué François Molins lors de sa conférence de presse ce mercredi. C'est pour cette raison que les deux frères ne sont pas immédiatement arrêtés. Les enquêteurs travaillent sur d'autres pistes, notamment sur celle de trois anciens militaires néo-nazis. En une semaine, sept millions de données téléphoniques vérifiées, 700 connexions Internet passées au crible, plus de 200 auditions faites, plus de 1000 PV dressés... Une enquête d'une ampleur exceptionnelle. 
L'étau ne se resserre autour de la famille que lundi, après la fusillade du collège-lycée d'Ozar Hatora. A la suite de l'attaque, huit proches du suspect sont mis sur écoute sur ordre du parquet, selon Reuters. Les forces de l'ordre localisent mardi en début d'après-midi Mohamed Merah, et quelques heures plus tard son frère Abdelkader. Ils planifient l'attaque pour la nuit. Les déclarations de François Molins, procureur de Paris, en fin de journée, visaient-elles donc à faire diversion pour laisser un plus grand champ d'action au Raid? L'arrêter au plus vite était en effet indispensable: l'homme s'apprêtait à passer à nouveau à l'acte ce mercredi, ciblant à nouveau un militaire. Deux autres cibles, des policiers toulousains, étaient dans son viseur. 

Selon la DCRI, rien ne laissait présager qu'il passerait à l'acte
L'arrestation aurait-elle pu être plus rapide, évitant notamment que des enfants soient tués devant leur école? "Je ne le pense pas, sauf à transformer la France en Etat policier", a répondu Gérard Longuet sur RTL. Et d'ajouter: "Nous pouvons en effet considérer chaque Français comme suspect. Ce n'est pas notre culture". Même si l'homme était suivi de près par la DCRI, aucun élément ne laissait en effet présager qu'il était sur le point de passer à un acte criminel.

L'Express


Bamba Toure

Jeudi 22 Mars 2012 - 12:46





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