Trafic de bois de venne dans la communauté rurale de Kandia : Gambiens et Sénégalais au bord du clash


SETAL.NET - Située à une vingtaine de kilomètres de la commune de Vélingara, la communauté rurale de Kandia partage la même frontière que la Gambie. Liés par l’histoire, des Gambiens cultivent les terres sénégalaises et leurs animaux sont fréquents dans leur foret.  Seulement la coupe du bois de venne a envenimé la cohésion sociale.

Très remontés contre les exploitants forestiers qui travaillent en connivence avec les autochtones et l’Etat, plus de 40 chefs de villages se sont donnés rendez vous dans ce chef lieu de communauté rurale pour installer des cellules de veille et de prévention. Le Cercle des Acteurs pour le développement intégré et la paix au Fouladou (CADIP/F) a tenu une réunion extraordinaire avec les populations et ce sous la supervision du Président de la délégation Spéciale, Aliou Bousso Ba. Un débat houleux car leur survie menacée.

Prenant la parole, le chef de village de Médina Mary, Sékou Cissé n’est pas allé du dos de la cuillère pour fustiger de telles pratiques. « A Gambisara, où nous nous sommes rendus pour constater de visu les troncs de venne éparpillés çà et là ou en tas étaient bien destinés à l’exportation vers la Gambie », nous a-t-il affirmé. Selon notre interlocuteur, Chinois et Indiens sont basés à Banjul pour acheter ces bois de venne. Avec 30 troncs, ils leur donnent des motos Jakarta. Un phénomène qui a enrichi la plupart des jeunes sénégalais qui n’ont trouvé d’autres issus que d’abattre les arbres pour se taper une grosse cylindrée qui sera finalement transformée en moto taxi. De nos jours, les motos pullulent comme des champignons dans les gros villages ou les villes. « Là où le bât blesse, a-t-il fait remarquer, ce sont nos propres parents qui sont complices face à ce fléau. Ils envoient leurs enfants avec des charrettes pour faire nuitamment le travail ».

Malgré les efforts consentis par les services des Eaux et Forets, Sékou Cissé soutient qu’ils sont eux aussi mouillés dans cette affaire car la traque des coupeurs de bois de venne ne se fait pas dans les règles de l’art. Certains même détiennent des permis de coupe qui les autorise à exercer ce boulot nuisible à leurs yeux.

Très remontés, ces chefs de villages ont décidé de freiner les Gambiens qui ont des terres cultivables en territoire sénégalais. « Ils ne cultiveront plus chez nous, a-t-il martelé et mêmes leurs bêtes seront contrôlées et mis hors d’état de nuire afin que justice soit réparée ». « Il faut que la loi soit appliquée  dans toute sa rigueur pour que notre foret soit épargnée par tant de gâchis » a-t-il fait comprendre. Sinon dit Mamadou Mballo de Saré Yéro Méra, nous allons bientôt nous retrouver comme au désert. Et ce sera le calvaire.

Et pour parer à de tels  désagréments, Le Projet (PADEC)  verra bientôt le jour à Kandia afin que jeunes, femmes et vieux s’investissent dans le jardinage, maraichage et dans l’extraction de miel pour booster le développement économique de leur localité confrontée à une pauvreté galopante. Des opportunités qu’ils n’entendent pas laisser passer et à l’heure où nous vous parlons des dossiers sont entrain d’être montés pour obtenir les récépissés de GIE et les financements de ce projet qui veut booster le développement socio économique de la communauté rurale de Kandia en particulier et de tout le Fouladou en général.

Elhadji Lonka Sabaly

Lundi 4 Mars 2013 12:00

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