L’oracle avait prédit sa fin tragique. Le roi sait qu’il va «mourir». Et cette vérité, écrite en lettres d’or sur les étoiles, brille de mille passions funestes pour honorer un homme à qui le pouvoir donne le tournis. Le vertige l’enveloppe dans une sorte de tourbillon où l’insensé devient la règle de gouvernance. Devant la cruauté du sort, le roi se fera le malin plaisir d’entraîner son peuple dans sa chute tragique. Il sait qu’il ne peut rien contre le destin – les dieux l’ayant tourné le dos – le roi attend son sort comme une sorte de fatalité impitoyable. Il a vidé le pouvoir de sa substance et a décidé de boire le calice jusqu’à la lie, car le tragique s ‘accomplit dans le chaos. Le pathétique ou l’inévitable souffrance d’un roi confronté à des situations extrêmes suscite, paradoxalement, de la part de certains compatriotes, de la compassion. Une posture qui interpelle notre humaine condition. Le roi a trahi son peuple. Et pourtant, ce dernier lui a tout donné. Sa boulimie du pouvoir a révolté les dieux qui ont, sans pitié, scellé son sort. Il est conscient du mal qui l’accable et de son impuissance à y faire face. D’où sa révolte qui transparait dans un langage expressif – où les codes sont brisés – traduisant son mal-être profond. Dans sa folie contagieuse, le roi se fera aider par des hommes et des femmes des ténèbres qui agissent sous la dictée du Diable. La jouissance du pouvoir leur fait perdre la raison. L’insensée lutte contre le destin, entraîne le roi dans une débauche d’énergie inutile. Il est conscient de sa faiblesse et c’est cela qui l’agace. L’illusion de s’en sortir par subterfuges, des croc-en-jambes et des combines berce son esprit inhibé par le doute. Le roi n’est pas content, il est désagréable, en veut à tout le monde. Il ne lui reste qu’une chose : entraîner son peuple dans sa tragique fin. Est consilium deorum ! Les dieux l’ont ainsi décidé !