Malick Ba, un des responsables politiques de l’Apr à Dakar, est dans de sales draps. En effet, poursuivi pour escroquerie sur une somme de 13 millions 675 mille francs CFA le prévenu a comparu ce jeudi devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre du chef d’accusation.
Les faits remontent à la date du 18 juin 2019 où le sieur Ba est entré en contact avec Abdourahmane Diouf, vendeur de téléphone par le biais de Salimata Diouf pour une acquisition d’un lot d’appareils téléphoniques. Après une prise de contact, Malick s’est présenté au vendeur comme le directeur d’une société dénommée ‘’Diko’’ et responsable politique de l’Apr et qu’il allait acheter un lot de téléphones d’une valeur de 13 millions pour les offrir à ses employés. Une demande à laquelle Abdourahmane s’est montré réticent, mais suite aux assurances de Salimata, il a cédé et accepté la commande.
Ainsi les deux hommes se sont donnés rendez-vous à la cité Alioune Sow pour la livraison de la marchandise suite à une conversation via WhatsApp. « Il m’avait dit qu’il allait payer les neuf (09) millions cash mais à ma grande surprise, il m’a remis un chèque. Et j’ai aussitôt appelé celle qui nous avait mis en rapport et cette dernière m’a rassuré. J’ai pris le chèque et je suis parti. Lendemain, Malick m’appelle pour passer une deuxième commande prétextant que la première n’était pas suffisante, seule la moitié de ses employés en ont reçu. Je lui livré le seconde commande et il m’a remis un autre chèque de 4 millions de francs Cfa. Puisqu’à la première livraison il faisait nuit je ne pouvais pas récupérer l’argent du chèque. J’ai attendu le lendemain pour le faire. C’est au bout de 48 heures que j’ai su que les chèques étaient impayés. Quand je l’ai appelé il m’a dit que c’est une erreur et que son gestionnaire va y remédier », a expliqué Abdourahmane Diouf.
Poursuivant, il dit avoir reçu une la somme d’un million de Malick Ba après un an de poursuite et que ce dernier avait décliné à plusieurs reprises les plaintes avant de prendre la fuite.
Des allégations que le prévenu, qui s’est présenté comme un simple commerçant devant le juge, a réfuté. Malick Ba qui durant l’enquête préliminaire avait confié aux limiers qu’il avait acheté ces téléphones pour les vendre à un certain Ousmane Faye qui à son tour devait les revendre au niveau du ministère de la jeunesse. Mais, ce dernier après avoir reçu les téléphones s’est envolé au Maroc avec son argent. Devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, M. Ba a fait machine arrière. « J’ai seulement dit à Diouf que j’ai une commande de téléphone. Au moment de lui remettre le chèque je lui ai demandé d’attendre 15 jours avant de retirer l’argent. Chose qu’il n’a pas faite. Je n’ai jamais fui... »
Interrogé sur le sieur Faye mentionné dans l’enquête préliminaire, Malick s’est juste limité à dire qu’il ignore son identité et ses coordonnées. Pour ce qui est de l’existence de sa société, il soutient que les documents qui attestent la véracité de l’entreprise lui ont été volés dans sa voiture ainsi que son téléphone et son argent.
Revenant ainsi sur les circonstances de son arrestation, le sieur Ba soutient en premier lieu être appréhendé par les policiers dans les locaux de la brigade de la section de recherche de Dakar où il s’est rendu pour répondre à une des plaintes de Abdourahmane Diouf avant de soutenir une autre version, selon laquelle il a croisé Diouf dans un restaurant.
Les avocats de la partie civile qui ont fait état d’une manœuvre frauduleuse dans cette affaire, ont sollicité du juge qu’il retienne le prévenu Malick Ba dans les liens de la détention, avant de réclamer une somme de 15 millions francs cfa pour toutes causes et préjudices confondus.
Le parquet note que dans cette affaire, « il y a un un mensonge appuyé par l’invocation d’un tiers. Car ces faits sont assez cocasses. Le prévenu étant l’objet de poursuites depuis plusieurs mois, ne daigne pas attester de l’existence d’une société. Cela suffit pour asseoir le délit d’escroquerie ». Convaincu de la culpabilité du prévenu, le parquet requiert un an d’emprisonnement dont six mois ferme.
Me Ousseynou Ngom qui assurait la défense, souligne que « les faits opposent deux personnes morales donc il n’y a pas eu d’infraction. Selon lui, l’argumentaire du procureur pêche, car dit-il, nous avons la preuve que cette société existe. On lui a volé les pièces justificatives », soutient-il avant de solliciter la compréhension du tribunal pour prouver l’existence de cette société. Il a néanmoins plaidé la relaxe des faits d’escroquerie pour son client.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 21 janvier 2021.