Un nazi impliqué dans des massacres de juifs retrouvé à Budapest

Laszlo Csatary, qui a aujourd'hui 97 ans, est le criminel de guerre le plus recherché par le Centre Simon-Wiesenthal.


Le criminel de guerre nazi le plus recherché au monde, Laszlo Csatary, âgé de 97 ans et accusé de complicité dans la mort de 15 700 juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, a été retrouvé à Budapest, a indiqué dimanche le directeur du Centre Simon-Wiesenthal en Israël. «Je confirme que Laszlo Csatary a été identifié et retrouvé à Budapest», a déclaré à l’AFP Efraïm Zuroff. «Le quotidien britannique Sun a pu le photographier et le filmer grâce à des informations que nous avions fournies en septembre 2011», a-t-il ajouté.

Le quotidien britannique a annoncé dimanche sur son site en ligne que le criminel de guerre «a été identifié et retrouvé» dans la capitale hongroise.

«Il y a dix mois, un informateur nous a donnés des renseignements nous ayant permis de localiser Laszlo Csatary à Budapest. Cet informateur a reçu la prime de 25 000 dollars prévue pour ce genre d’information», a expliqué Efraïm Zuroff dans un entretien téléphonique à l’AFP. Ces informations avaient été transmises en septembre 2011 au Parquet de Budapest, a-t-il précisé.

Le Procureur adjoint de la République à Budapest, Jenö Varga, n’a pas été en mesure de confirmer l’information, se bornant à déclarer dimanche : «Une enquête est en cours. Le Parquet étudie les informations reçues».

Depuis les informations fournies en septembre 2011, Efraïm Zuroff a transmis la semaine dernière de nouvelles pièces à conviction au Parquet de Budapest sur l’implication de Laszlo Csatary dans la déportation de juifs, a indiqué dimanche dans un communiqué le Centre Simon-Wiesenthal, du nom du célèbre chasseur de nazis, juif autrichien décédé en 2005.

«Ces nouvelles preuves renforcent les accusations déjà très graves contre Csatary et notre insistance pour qu’il rende compte de ses crimes. Le temps qui passe ne diminue en rien sa culpabilité et la vieillesse ne doit pas constituer une protection pour les auteurs de l’Holocauste», a déclaré Efraïm Zuroff.

En avril, le centre, dont les enquêtes dans le monde entier ont permis de retrouver des dizaines de criminels nazis, avait placé Laszlo Csatary en tête de sa liste des criminels de guerre les plus recherchés au monde.

Laszlo Csatary avait été chef de la police dans le ghetto de Kosice (Kassa en hongrois, Kaschau en allemand), situé aujourd’hui en Slovaquie, où 15 700 juifs avaient été pour certains assassinés et pour l’immense majorité déportés vers le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne, pendant l’occupation par l’Allemagne nazie de ce qui était alors la République de Tchécoslovaquie.

Des reporters du Sun ont retrouvé la trace de Laszlo Csatary à son domicile à Budapest, un appartement de deux pièces, avec sur la sonnette le nom de «Smith». «Je n’ai rien fait, partez d’ici», a-t-il déclaré en leur claquant la porte au nez.

«C’est la quatrième fois que le Sun collabore avec nous pour faire pression sur des autorités qui traînent les pieds pour retrouver des nazis», a expliqué Efraïm Zuroff.

Lazlo Csatary traitait les juifs du ghetto avec cruauté, fouettant les femmes et les forçant à creuser des tranchées à mains nues, a-t-il ajouté.

Condamné à mort par contumace en 1948 en Tchécoslovaquie, il s'était réfugié au Canada, à Montréal et Toronto, où, sous une fausse identité, il était marchand d’art.

En 1995, les autorités canadiennes avaient découvert sa véritable identité et il s'était alors enfui en Hongrie, a indiqué Efraïm Zuroff. Avant sa fuite, il avait reconnu devant des enquêteurs canadiens sa participation à la déportation de juifs, tout en affirmant que son rôle avait été «limité».

Le 3 septembre 2011, un autre Hongrois, Sandor Kepiro, suspecté de crimes de guerre en Serbie en 1942 mais finalement acquitté pour «manque de preuves», était décédé à Budapest à l'âge de 97 ans.

Au moins 1 246 civils, juifs et serbes, avaient péri lors d’un massacre commis entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, ville qui se trouve actuellement en Serbie, alors annexée par la Hongrie alliée de l’Allemagne nazie. Sandor Kepiro répondait personnellement de la mort de 36 personnes dont il aurait ordonné l’exécution, selon l’accusation. Il s'était toujours déclaré innocent et figurait, avant Laszlo Csatary, en tête de la liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés du Centre Simon-Wiesenthal.

Sur cette liste figure un autre criminel de guerre nazi hongrois, Karoly Zentai, accusé de déportations de juifs à Budapest en 1944 et réfugié depuis une soixantaine d’années en Australie, où il a acquis la nationalité australienne. En 2005, la Hongrie avait demandé son extradition, jusqu'à présent sans succès.

(AFP)

Abdou Khadre Cissé

Lundi 16 Juillet 2012 08:53

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