Pour le moment ce sont des tests mais cela pourrait apporter un immense espoir à des milliers de malades. L’hôpital de la Conception à Marseille va tester dans les prochains jours un vaccin contre le sida auprès de 48 patients séropositifs volontaires. C'est une première phase pour évaluer la dose optimale du vaccin et voir s'il n'y a pas d'effets indésirables. La France n’est pas le seul pays à tester un vaccin contre le sida, 25 à 26 essais de ce type sont menés actuellement dans le monde.
Offrir un traitement aux malades
L'enjeu de ce vaccin : offrir un traitement moins lourd aux malades. C'est à dire remplacer la trithérapie, aux effets secondaires pénibles, par une simple piqûre. Cela faciliterait considérablement la vie des malades. Concrètement ce vaccin doit permettre au système immunitaire de produire des anticorps qui éliminent les cellules infectées par le VIH. Son efficacité a été démontrée dans des expériences sur l'animal. Reste à le confirmer chez l'Homme. Les résultats sont attendus en juin 2015.
« Ce vaccin pourrait remplacer la trithérapie »
Et ces résultats sont particulièrement attendus par le docteur Erwann Loret, chercheur au CNRS qui mène cette étude et a mis au point ce vaccin anti-VIH. Pour lui, ce vaccin est pourrait être une véritable issue de secours qui permettrait aux d’avoir un traitement beaucoup moins lourd qu’actuellement. « Ce vaccin pourrait remplacer la trithérapie et donc ce serait déjà, je peux vous le confirmer, pour le patient, un premier bénéfice, explique le chercheur. Notre vaccin cible les cellules qui sont infectées par le VIH. Ces cellules infectées sont des sortes de garde du corps qui font très bien leur travail en empêchant les cellules de faire leur travail car elles-mêmes sont tuées. Nous voulons donc apprendre au système immunitaire à éliminer ces gardes du corps de façon à permettre aux cellules tueuses de faire leur travail en éliminant les cellules infectées par le VIH ».
« Nous ne sommes qu’au début du début de l’évaluation de ce vaccin »
De son côté, le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de L'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), reste prudent sur cette annonce d’un traitement révolutionnaire. Ce n’est que le début prévient-il. « Pour l’instant, ce traitement n’apportera pas de plus pour les patients. Là, on est dans la recherche. On démarre pour déjà voir si ce vaccin est bien toléré par les malades et ensuite s’il induit une réponse immunitaire. C’est ça l’objet du vaccin thérapeutique, c’est-à-dire : comment arriver à vivre avec une maladie chronique en essayant un jour de se passer des traitements antirétroviraux. Mais là, on est dans le souhait le plus fort. Soyons prudents. Nous ne sommes qu’au début du début de l’évaluation de ce vaccin. Le traitement de base va rester pendant plusieurs années : les combinaisons d’antirétroviraux, les fameuses trithérapies ».
« Penser qu’on peut être guéri, c’est inimaginable »
Difficile de rester prudent en revanche du côté des patients qui fondent une partie de leurs espoirs de guérison sur ce nouveau traitement. C’est notamment le cas de Marie-Ange, marseillaise de 40 ans, séropositive depuis 30 ans qui ne peut que se réjouir d’entrevoir un avenir plus radieux. « C’est miraculeux. On n’ose même pas l’espérer tellement on a pris l’habitude de vivre en tant que malade, ce que j’appel : "gober des cachets tous les matins, essayer de vivre le plus normalement possible" qu’on ne pense même pas que ça peut arriver…. J’ai connu que ça, les hôpitaux, les piqures, les souffrances…. Du coup, rien que le fait de penser qu’un jour on pourrait être véritablement guéri, c’est inimaginable, inespéré ».