Une question cruciale si l’on sait que la femme est en lutte perpétuelle pour davantage de responsabilités dans la sphère professionnelle et, de plus en plus, en politique. Qu’en est-il dans le privé ? Les femmes sont-elles au pouvoir, plus que jamais soumises ou dans une optique de conquête ? Des voix de femmes modernes, actives, âgées de moins de quarante ans s’élèvent pour répondre à cette question. La réponse de la majorité en surprendra plus d’un.
Le sexe faible prend le dessus.
Certaines femmes n’y vont pas avec le dos de l’écumoire. Après des années de soumission, c’est au tour du sexe dit faible de prendre le dessus. Elles gagnent autant voire plus que leurs hommes, il n’est donc pas question de ménager l’égo masculin. C’est ce que pense Marième, expert-comptable mariée à un professeur de sciences naturelles. A l’entendre, le pouvoir de l’homme ne repose que sur le fait qu’il a longtemps subvenu seul, aux besoins de la famille. Les femmes, pourtant très actives, se consacraient à la bonne marche du foyer. Il a fallu, avec la conjoncture qui exige la participation financière de tous, que la situation s’équilibre. Il est devenu dés lors tout à fait possible à la femme d’imposer ses points de vue. Lorsque l’on est apte pour présider la destinée d’une nation, il devient inconcevable d’être tenue à l’écart de celle de sa propre famille. Pour appuyer cette assertion, Fama, secrétaire de direction, constate que le rôle essentiel joué par les femmes dans l’éducation des enfants, additionné à leur succès croissant dans le milieu professionnel et politique, préfigurent de leur futur pouvoir dans tous les autres domaines. Donc pas de quartier, ni de faux-semblant. Bien entendu, ces prises de positions téméraires sont à l’origine de nombreuses frictions et d’autant de séparations. Il est encore très mal vu dans notre société qu’une épouse en impose. Tôt ou tard le mari se retrouve affublé d’une étiquette « homme faible ». Son entourage et sa famille ne manquent jamais de réagir en ouvrant les hostilités devant ce fils qui a visiblement des difficultés à « porter le pantalon ». Les plus futées ont vite fait de « circoncire » le mâle, pardon le…mal. Quelques largesses et puis de grands sourires et le tour est joué. Belle maman est dans la poche, donc beau papa aussi et le reste suivra. Vous vous en doutiez ? Malgré ses airs de soumission d’un autre âge, elle le mène par le bout du nez.
Le choix d’une soumission factice.
Plus nombreuses, sont donc celles qui ne se privent pas d’affirmer (toujours loin des oreilles de leurs époux) qu’elles ont vraiment le pouvoir en main. Elles daignent cependant le partager avec subtilité. Option ou obligation ? Plutôt un choix par pur plaisir, celui de jouer le jeu de la féminité jusqu’au bout. Indépendantes, elles ont quand même opté pour une soumission « stratégique ». Adama, institutrice, insiste sur le fait qu’il soit très difficile de dépasser la conception traditionnelle de détenteur du pouvoir au sein de la famille. Un concept bien ancré dans la société et qui a la peau dure. Vouloir s’en défaire, revient aussi à faire face à une pression sociale nucléaire particulièrement machiste. Que de tracas en perspective alors qu’il suffit de jouer le jeu. C’est donc avec finesse, que l’ont obtient tout ce que l’on veut de son homme. Avec des procédés propres à chacune, et dont toute femme sensée devrait avoir le secret.
L’heure est aux compromis.
Pourquoi ne pas partager pense les plus raisonnables ? Le vrai pouvoir se partage. Par l’écoute, l’entraide, l’on obtient un système de complémentarité qui rend le foyer paisible. Propice à la bonne éducation des enfants et à l’épanouissement de tous. Le rapport dominant-dominé est à mettre aux oubliettes, et que vive l’ère de l’harmonisation des rapports dans le couple. Conscientes, malgré les apparences, que la gente masculine n’est pas toujours en quête de primauté, une belle portion de femmes tente de mettre de son côté toutes les chances pour un foyer ardent de compréhension, d’affection et de respect. Cela, Astou, agent de communication, a mis du temps à le comprendre. « Avant, je faisais fuir les hommes, car je savais exactement ce que je voulais et ce dont je ne voulais pas ; je le faisais comprendre de manière très directe. Surtout je n’étais prête à aucun compromis. La majorité d’entre eux après quelques tentatives pour amadouer la lionne que j’étais, ont vite fait de prendre leurs jambes à leur cou. J’ai été réveillée par mon horloge biologique qui n’a que faire de mes tendances dominatrices. Il était clair que je devais mettre un peu d’eau dans mon…gingembre. »
En fait, ce que recherchent vraiment les femmes n’est pas une répartition rationnelle des tâches quotidiennes, une parité pragmatique ou une domination. Plutôt un équilibre. Voilà, qui serait plus motivant. Il y a des moments, des circonstances, où l’homme aura besoin de prendre le dessus et d’autres durant lesquels il ne demanderait pas mieux que de se reposer sur quelqu’un. Il s’agit aussi, mesdames, de bien choisir et de connaître votre compagnon, que sa personnalité permette de mettre en lumière ce fameux désir de vivre ensemble, de se respecter, de se soutenir et de se ménager.
Selon les personnalités en présence et la volonté affichée, les schémas se multiplient et la réponse à la question du pouvoir se décline de façons diverses et bien plus rassurantes. Les femmes qui affirment leur pouvoir semblent être minoritaires. Conscientes qu’elles le seront encore pour longtemps, ces dames ont quand même opté d’aller au front plutôt que de céder à une grande hypocrisie. Khadija, commerçante campe sur ses positions et fait le tour de la situation. « Les femmes sont fatiguées de se heurter à l’hypocrisie de la société. Nous faisons pratiquement tout, ça fait longtemps que les hommes se reposent totalement sur nous. Pour se dépêcher d’aller prendre une « autre » dés qu’ils constatent que le foyer est bien géré sans eux. Pourquoi alors ne pouvons-nous pas être les vrais chefs de famille tout en respectant notre conjoint. A part le devoir conjugal et l’équilibre (dont ils ne sont même pas conscients de l’importance) que propose une présence masculine, je ne vois pas trop leur utilité. Les hommes manipulent même la religion pour avoir les coudées franches et nous imposer un semblant d’autorité à plusieurs vitesses. Oubliée dans la poche de leur peignoir aussitôt le seuil de la maison franchi. On les surprend plus tard doux comme des agneaux entre les bras d’une jeune nymphe à peine sortie de l’enfance. Ils passent leur temps à jouer les Cerbère à la maison juste pour qu’on ne leur demande aucun compte. Je préfère rester seule et profiter des fruits de mon labeur. Pourquoi devrais-je accepter de me faire manipuler, tout au long d’une vie avec la complicité de mes proches et d’une société favorable à ce type de comportement indigne ? »
Heureusement pour vous messieurs, toutes les femmes ne sont pas de cette trempe. Pourtant, il faut le reconnaitre, beaucoup d’entre elles, pensent en silence et pour l’instant comme Khadija. Patientes, elles préfèrent encore une soumission même illusoire et rêvent de complémentarité. Pour toutes, bien qu’elles préfèrent éviter la lutte, elles y sont parfois contraintes ne serait-ce que pour se faire respecter en tant que femme, épouse, mère ou fille. Elles fourbissent leurs armes pour, après avoir gagné la bataille au sein de leur foyer, remporter la guerre contre toute une société et ses stéréotypes.
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