- CIMETIERE SAINT LAZARE DU BETHANIE
Musulman pratiquant, M. SARR nourrit beaucoup de respect pour les tombes des catholiques dont il assure la gestion du lieu de leur repos éternel, depuis plus de 15 ans. La première fois que les malfrats se sont introduits au cimetière pour voler les crucifix, il avait saisi la municipalité : « Je leur avais indiqué que c’est parce que le mur de clôture du cimetière était trop bas que les voleurs pouvaient facilement accéder au cimetière pour mener leur opérations. Ils sont venus une fois, ont procédé au constat et à quelques mensurations pour ne plus revenir ».
Aujourd’hui, c’est plus d’une soixantaine de tombes qui a reçu la visite de ces délinquants qui ne résistent pas au crucifix en bronze. Ils les préfèrent plus grands et plus lourds. Les plus petits sont laissés sur place. Pour agir et partir avec au plus vite, ils ne les dévissent pas, ils les arrachent sauvagement.
Le premier malfrat a été pris en flagrant délit, en plein jour aux environs de 14h. « Depuis, ils viennent plus tard, vers 19h-20h », selon M. SARR.
Les tombes attaquées se trouvent presque toutes, près du mur de clôture, opposé à l’entrée principale. C’est sûrement leur lieu de passage.
Le mur de clôture du cimetière Saint Lazare est réellement bas. « Les voisins se mettent sur leurs balcons pour suivre les enterrements qui se font ici. De l’autre côté, le cimetière n’a même pas de mur, celui qui est là est celui de l’aéroport de Yoff ». M. poursuit : « Si le mur était plus grand, les gens hésiteraient beaucoup avant de sauter ».
Qui disait qu’un cimetière était le lieu le plus sûr ? Ces malfrats ont, en tous cas, bien retenu la leçon pour en tirer largement profit. Avec l’aide bien sûr des premiers responsables des cimetières qui leur ont facilité la tâche en laissant le gestionnaire sans gardiens de nuit et dans un endroit sans éclairage.
Si le repos de nos fidèles défunts est en danger, qu’en sera-t-il alors des vivants ?
- CIMETIERE DE BEL AIR
Ici plus d’une centaine de tombes ont été visitées par les voleurs. C’est vraiment plus grave. « Ce n’est pas la première fois que cela se passe ici. J’ai envoyé des rapports à mes supérieurs et déposé plusieurs plainte contre X à la police comme à la gendarmerie. Tout est resté sans suite », révèle M. Antoine NIAKH en montrant les copies de ces documents. Le cimetière de Bel Air est la zone de prédilection des voleurs de crucifix en bronze. Pourquoi volent-ils ces crucifix en bronze ? Mystère. « La dernière que nous avons attrapé un voleur et assailli de questions, il nous a répondu qu’il était menuisier métallique mais rien ne nous l’a prouvé », lâche amèrement M. NIAKH
Visite guidée. Des dizaines de tombes dépouillées de leurs crucifix. Même les sujets ne sont pas en reste. « Ce qui m’étonne le plus, c’est que ces voleurs ne s’intéressent qu’aux anciennes tombes. C’est très rares qu’ils attaquent les nouvelles tombes », renseignent M. NIAK.
A Bel Air également, les tombes attaquées sont vers le mur de clôture opposé à l’entrée principale. Les traces de la violence des opérations sont encore bien visibles. Les bras de crucifix arrachés sont encore là.
L’immobilisme des autorités municipales laisse le gestionnaire du cimetière totalement impuissant devant l’assaut de ces nouveaux types de voleurs. Il est seul avec les autres travailleurs mais sans gardiens. Son seul espoir se trouve dans ces trois volontaires qui ont accepté de surveiller le cimetière de Bel Air de 18h30 à 21h. « Au-delà de 20h déjà, les voleurs ne viennent pas », confie M. Antoine NIAKH.
Abbé GOMIS