Venezuela: Qui pour remplacer Hugo Chavez?

DECRYPTAGE - Après la mort d'Hugo Chavez, qui va diriger le Venezuela? Au sein du parti chaviste, le vice-président Nicolas Maduro semble tenir la corde pour être candidat lors des prochaines élections, et Henrique Capriles celui de l’opposition...



Le décès d'Hugo Chavez, survenu mardi, ouvre la voie à une nouvelle élection présidentielle au Venezuela, qui sera organisée dans les trente jours, comme le veut l'article 233 de la Constitution, soit au plus tard le 4 avril. Entre temps, c’est le vice-président Nicolas Maduro qui dirige le pays. Désigné par Hugo Chavez lui-même comme son dauphin, Nicolas Maduro va exercer la présidence à titre temporaire en attendant l'organisation d'une élection présidentielle.

Nicolas Maduro, 50 ans, pourrait cependant diriger le pays plus longtemps. En effet, le vice-président a été adoubé par le Commandante lui-même fin 2012, et devrait logiquement être désigné pour représenter le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Cet ancien chauffeur de bus et syndicaliste dans les transports publics de Caracas pourrait l’emporter, si les électeurs suivent les recommandations d’Hugo Chavez du 9 décembre. «Si une nouvelle élection est nécessaire, vous devez voter pour Nicolas Maduro comme président», avait dit le président venezuelien lors de cette dernière allocution à la télévision avant son départ pour Cuba.

Maduro, Cabello ou Jaua?

Cet homme barbu et moustachu brille par ses origines modestes, est populaire, et appartient à l'aile modérée du PSUV, donc politiquement attractif. Et, même s’il est dépourvu du charisme d'Hugo Chavez, l'émotion provoquée par le décès du président devrait lui être favorable. A moins qu’une autre figure du PSUV ne vienne jouer les troubles fêtes. En effet, il existe au sein du parti des divisions incarnées par différents personnages.

Ainsi, Diosdado Cabello, issu des rangs militaires et ancien compagnon d'armes de Chavez lors du coup d'État manqué de 1992, qui aurait dû assurer l'intérim, comme le prévoit la Constitution, puisqu’il est le président de l’Assemblée nationale. Il représente la frange militaire du chavisme, et a l'armée de son côté. Cependant, ce militaire proche des milieux d'affaires est bien moins populaire que Maduro. Considéré comme l'homme le plus puissant du Venezuela après Hugo Chavez, la désignation de Maduro au poste de vice-président semble avoir fait taire ses ambitions.

Autre nom qui circule: celui d’Elias Jaua. Actuel ministre des Affaires étrangères Elias Jaua, et prédécesseur de Nicolas Maduro au poste de vice-président, il représente l'aile gauche du chavisme. Il est beaucoup plus charismatique que Nicolas Maduro, et possède une forte influence au sein du PSUV. Cependant, il a été battu aux élections des gouverneurs par Henrique Capriles, et il a assuré mardi suivre les instructions du président Chavez quant à l’organisation de sa succession.

Capriles, candidat de l’opposition

En face, le gouverneur de l'Etat de Miranda, Henrique Capriles, membre fondateur du parti conservateur Justice d'abord (Primera Justicia), devrait, comme en octobre dernier, être le candidat de l'opposition. Ce petit-fils d'immigrés polonais avait à l'époque réussi à obtenir 44% des voix face à Hugo Chavez. Agé de 40 ans, il apparaît comme le seul candidat de l’opposition capable de mobiliser, un atout de taille face au principal défi lancé à l'opposition par la mort de Chavez: se fédérer en moins de trente jours.

La Coalition pour l'unité démocratique (Mesa de la Unidad Democratica), qui va de l'extrême droite au centre gauche comprenant une vingtaine de partis et dont il était le candidat en octobre, l’a d’ailleurs désigné la semaine dernière comme candidat en cas d'éventuelle élection présidentielle.

Certains jugent qu'il cultive délibérément une image à la Chavez, allant dans la rue à la rencontre des pauvres. Il affirme vouloir copier le modèle de la «gauche moderne» brésilienne, alliance de libéralisme économique et de politique sociale. Ses détracteurs l'accusent en revanche d'être un homme politique d'«ultradroite» maquillé en progressiste, à la solde de l'élite économique vénézuélienne traditionnellement liée aux Etats-Unis.

Bérénice Dubuc avec Reuters

Lu sur 20minutes.fr

Mercredi 6 Mars 2013 17:26

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