Dans certaines zones du département de Goudomp, les éleveurs souffrent des vols de bétail commis par des délinquants armés. Selon certaines victimes, la Guinée-Bissau serait le repaire des malfaiteurs. Des familles vivent ainsi dans la peur et la crainte de plonger dans une pauvreté extrême. Des vies sont chahutées et des ménages détruits dans cette zone où l’élevage et l’agriculture sont les principales activités. Oumar Fofana a le visage bougon dès qu’il évoque le phénomène du vol de bétail. Il est le président des éleveurs du département de Goudomp. Vêtu d’un pantalon bouffant noir, une canne à la main, il parle des malfaiteurs avec peine, presque gagné par la résignation.
« Ils m’ont volé plus de 200 bœufs. Ils sont là parmi nous sans être inquiétés. Récemment, on m’a volé encore 48 autres bêtes. Les chefs de village sont complices parce qu’ils refusent de les dénoncer. Pis, lorsque les voleurs sont arrêtés, ils sont vite libérés. Personnellement, les malfrats qui viennent de la Guinée-Bissau m’exaspèrent moins que ceux vivant parmi nous ».
Le socio-anthropologue Ibrahima Cissé, qui a travaillé sur la question, pense que pour lutter contre ce fléau, il faut une véritable organisation. Il convient d’abord de dater le problème du vol de bétail dans cet espace lié à l’histoire de la région naturelle de Casamance et de Guinée-Bissau. « Cette pratique a démarré bien avant les indépendances et a pris des proportions inquiétantes par rapport au contexte et aux événements qui ont eu lieu. Ceci est passé de vol de bétail à main simple à vol de bétail à main armée. Ce qui a intensifié celui en main armée n’est autre que l’appel à l’indépendance de la Guinée-Bissau. Les rebelles bissau-guinéens venaient au Sénégal pour voler du bétail et nourrir leurs combattants », a rappelé le consultant.
Porosité des frontières
Selon lui, à cette époque, les ravisseurs utilisaient des fusils de chasse avant de recourir à des armes plus sophistiquées. Cette instabilité en Guinée-Bissau avait favorisé ces pratiques qui ont pris de l’ampleur ; les délinquants se plaisant à emporter des troupeaux entiers, au grand dam des populations vivant dans cette zone. « Les éleveurs rechignaient à épargner leur argent dans les banques en préférant investir dans le bétail. Par conséquent, lorsqu’on vole leurs bêtes, cela impacte leur vie sociale », explique M. Cissé.
L’impact économique du vol de bétail n’est autre que l’appauvrissement des ménages ; ce qui plombe le développement local. « Dans cette partie du Sénégal, l’agriculture est liée à l’élevage qui est l’activité principale. Si le bétail est emporté, les familles en souffrent naturellement. Cela a des conséquences comme l’exode rural, l’émigration clandestine et le désintéressement des jeunes des autres activités », ajoute-t-il.
Le socio-anthropologue n’a pas manqué de souligner le problème de la porosité des frontières qui favorise la circulation incessante des voleurs de la Guinée-Bissau au Sénégal et vice-versa. « La porosité des frontières est un facteur très déterminant dans cette question. Il y a des mouvements de populations non contrôlés. De l’autre côté de la Guinée-Bissau, c’est là où c’est plus compliqué », note-t-il.
Selon le Sous-préfet de l’arrondissement de Djibanar, Amadou Goudiaby, les voleurs sont très actifs dans la zone. « Il y a beaucoup de vols de bétail dans le département de Goudomp, particulièrement dans l’arrondissement de Djibanar. Les voleurs sévissent aussi bien au Sénégal qu’en Guinée-Bissau. Ce ne sont pas seulement des Sénégalais qui s’activent dans le vol de bétail. Il y a également des Bissau-guinéens », révèle M. Goudiaby.
Par ailleurs, il assure que l’État n’est pas resté les bras croisés. « Nous nous appuyons sur des comités de veille et les forces de défense et de sécurité. Parallèlement, nous nous sommes rapprochés de nos partenaires de la Guinée-Bissau en les sensibilisant sur la nécessité d’une collaboration. Et ensemble, nous arrivons à avoir des résultats positifs. Nous avons plusieurs fois retrouvé en Guinée-Bissau des animaux volés au Sénégal », soutient-il.
Les populations peu coopératives
À son avis, une corniche dans la zone pourrait faciliter la tâche aux autorités sécuritaires pour enrayer le fléau. « Nous avons toujours décrié la porosité, l’absence d’une corniche qui longe la frontière. Il faut un maillage sécuritaire », préconise M. Goudiaby. « Nous avons la route nationale 6 qui est entre 15 et 25 km de la frontière sauf à des endroits comme Binakonding où elle est à 5 km de la frontière. Alors que lorsqu’on va du côté de la Guinée-Bissau, ils ont une piste longeant la frontière qui est à peu près entre 4 et 5 km de la frontière. Et dans tous les villages traversés par cette piste, on trouve soit les agents des Eaux et forêts, la Douane, la police ou l’armée. Du côté du Sénégal, les forces de défense et de sécurité ne sont pas sur cette ligne frontalière », déplore-t-il.
D’après lui, quand il y a un cas de vol signalé, les forces de défense et de sécurité se déplacent, font des patrouilles. Cependant, il estime que le maillage n’est pas parfaitement assuré. Toutefois, il note des efforts déployés pour corriger cela. « S’il y avait cette corniche, on faciliterait le déplacement des forces de sécurité et de défense en cas de vol signalé à l’intérieur du territoire. Elles pourraient ainsi ceinturer la zone. Mais, aujourd’hui, ce n’est pas possible parce que cette corniche n’existe pas », a-t-il souligné, non sans regretter l’attitude de certaines populations qui refusent de dénoncer les voleurs. « Dans les villages, les gens connaissent les complices. Les populations n’aiment pas qu’un des leurs soit livré à la justice », a-t-il affirmé, conscient de la difficulté à résoudre la question du vol de bétail.
Temoin
« Ils m’ont volé plus de 200 bœufs. Ils sont là parmi nous sans être inquiétés. Récemment, on m’a volé encore 48 autres bêtes. Les chefs de village sont complices parce qu’ils refusent de les dénoncer. Pis, lorsque les voleurs sont arrêtés, ils sont vite libérés. Personnellement, les malfrats qui viennent de la Guinée-Bissau m’exaspèrent moins que ceux vivant parmi nous ».
Le socio-anthropologue Ibrahima Cissé, qui a travaillé sur la question, pense que pour lutter contre ce fléau, il faut une véritable organisation. Il convient d’abord de dater le problème du vol de bétail dans cet espace lié à l’histoire de la région naturelle de Casamance et de Guinée-Bissau. « Cette pratique a démarré bien avant les indépendances et a pris des proportions inquiétantes par rapport au contexte et aux événements qui ont eu lieu. Ceci est passé de vol de bétail à main simple à vol de bétail à main armée. Ce qui a intensifié celui en main armée n’est autre que l’appel à l’indépendance de la Guinée-Bissau. Les rebelles bissau-guinéens venaient au Sénégal pour voler du bétail et nourrir leurs combattants », a rappelé le consultant.
Porosité des frontières
Selon lui, à cette époque, les ravisseurs utilisaient des fusils de chasse avant de recourir à des armes plus sophistiquées. Cette instabilité en Guinée-Bissau avait favorisé ces pratiques qui ont pris de l’ampleur ; les délinquants se plaisant à emporter des troupeaux entiers, au grand dam des populations vivant dans cette zone. « Les éleveurs rechignaient à épargner leur argent dans les banques en préférant investir dans le bétail. Par conséquent, lorsqu’on vole leurs bêtes, cela impacte leur vie sociale », explique M. Cissé.
L’impact économique du vol de bétail n’est autre que l’appauvrissement des ménages ; ce qui plombe le développement local. « Dans cette partie du Sénégal, l’agriculture est liée à l’élevage qui est l’activité principale. Si le bétail est emporté, les familles en souffrent naturellement. Cela a des conséquences comme l’exode rural, l’émigration clandestine et le désintéressement des jeunes des autres activités », ajoute-t-il.
Le socio-anthropologue n’a pas manqué de souligner le problème de la porosité des frontières qui favorise la circulation incessante des voleurs de la Guinée-Bissau au Sénégal et vice-versa. « La porosité des frontières est un facteur très déterminant dans cette question. Il y a des mouvements de populations non contrôlés. De l’autre côté de la Guinée-Bissau, c’est là où c’est plus compliqué », note-t-il.
Selon le Sous-préfet de l’arrondissement de Djibanar, Amadou Goudiaby, les voleurs sont très actifs dans la zone. « Il y a beaucoup de vols de bétail dans le département de Goudomp, particulièrement dans l’arrondissement de Djibanar. Les voleurs sévissent aussi bien au Sénégal qu’en Guinée-Bissau. Ce ne sont pas seulement des Sénégalais qui s’activent dans le vol de bétail. Il y a également des Bissau-guinéens », révèle M. Goudiaby.
Par ailleurs, il assure que l’État n’est pas resté les bras croisés. « Nous nous appuyons sur des comités de veille et les forces de défense et de sécurité. Parallèlement, nous nous sommes rapprochés de nos partenaires de la Guinée-Bissau en les sensibilisant sur la nécessité d’une collaboration. Et ensemble, nous arrivons à avoir des résultats positifs. Nous avons plusieurs fois retrouvé en Guinée-Bissau des animaux volés au Sénégal », soutient-il.
Les populations peu coopératives
À son avis, une corniche dans la zone pourrait faciliter la tâche aux autorités sécuritaires pour enrayer le fléau. « Nous avons toujours décrié la porosité, l’absence d’une corniche qui longe la frontière. Il faut un maillage sécuritaire », préconise M. Goudiaby. « Nous avons la route nationale 6 qui est entre 15 et 25 km de la frontière sauf à des endroits comme Binakonding où elle est à 5 km de la frontière. Alors que lorsqu’on va du côté de la Guinée-Bissau, ils ont une piste longeant la frontière qui est à peu près entre 4 et 5 km de la frontière. Et dans tous les villages traversés par cette piste, on trouve soit les agents des Eaux et forêts, la Douane, la police ou l’armée. Du côté du Sénégal, les forces de défense et de sécurité ne sont pas sur cette ligne frontalière », déplore-t-il.
D’après lui, quand il y a un cas de vol signalé, les forces de défense et de sécurité se déplacent, font des patrouilles. Cependant, il estime que le maillage n’est pas parfaitement assuré. Toutefois, il note des efforts déployés pour corriger cela. « S’il y avait cette corniche, on faciliterait le déplacement des forces de sécurité et de défense en cas de vol signalé à l’intérieur du territoire. Elles pourraient ainsi ceinturer la zone. Mais, aujourd’hui, ce n’est pas possible parce que cette corniche n’existe pas », a-t-il souligné, non sans regretter l’attitude de certaines populations qui refusent de dénoncer les voleurs. « Dans les villages, les gens connaissent les complices. Les populations n’aiment pas qu’un des leurs soit livré à la justice », a-t-il affirmé, conscient de la difficulté à résoudre la question du vol de bétail.
Temoin