Vote de la loi des finances rectificative : Benno bokk yaakaar pose ses conditions

Promise à leur élection, la rupture commence à prendre forme à l’Assemblée nationale. Les députés de la coalition de Benno bokk yaakaar mettent le vote de la loi des finances rectificative sous conditions de la diligence dans les audits et des poursuites judiciaires contre toute personne impliquée dans les malversations financières.


C’est leur nouvelle mission. Dans une déclaration lue par son président, Mous­tapha Diakhaté, responsable du groupe parlementaire de Benno bokk yaakaar, se dit prêt à voter «la loi des finances rectificative  sous réserve de certaines con­ditions». Elus pour voter des lois, les députés s’aménagent de nouveaux pouvoirs pour exercer leur mission tirée du suffrage du Peuple. Tout d’abord, les parlementaires «exigent  la diligence dans les audits et des poursuites judiciaires contre toute personne impliquée dans les malversations financières». Mous­tapha Diakhaté et Cie souhaitent «le passage du Premier ministre pour s’expliquer sur les décrets d’avance». Pour boucler la boucle, le groupe exige «la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur tous ces décrets d’avance et mettre en place un dispositif permettant un meil­leur encadrement des décrets du même genre».

Promise à leur élection, la rupture serait-elle en marche ? Par ces mesures, les parlementaires veulent ainsi lutter contre ce qu’ils appellent «les abus» qui consistent à recourir de façon abusive aux décrets d’avance qu’ils entendent désormais encadrer.  Le président du groupe parlementaire a fourni certaines indications sur ces abus qui s’érigent de plus en plus en mode de ges­tion. Ainsi, il révèle que «64 mil­liards ont été logés dans douze  décrets d’avance sans aucune transparence». «Ces actes posés par l’ancien président de la Ré­publique ont eu pour conséquence la modification substantielle de la loi de finances initiale de 2012, votée à l’As­semblée nationale et ont révélé des cas manifestes d’irrégularités no­tamment 8 milliards pour le phos­phatage dont le décret a été signé le 8 fé­vrier 2012», s’indigne M Dia­khaté. «Ce phosphatage de fond n’a ja­mais été réalisé», précise l’ancien chargé de mission à la Prési­dence. «Ce n’est pas tout puisque 2 150 000 000 ont été retirés pour l’acquisition de produits phytosanitaires. Certainement, avec une telle quantité tout le Sénégal aurait été lavé», ironise le président du groupe parlemen­taire. 

Ecœuré, il conclut en mettant en avant la rupture promise à leur élection pour justifier ce nouveau type de comportements des députés : «6 500 000 000 francs ont servi pour la construction et la réhabilitation de l’administration territoriale, même le libellé pose problème. Puisque nous sommes là pour une assemblée de rupture, nous voulons mettre un dispositif qui ne permettra pas à l’Exécutif de mo­difier de façon consubstantielle les lois vo­tées par l’Assemblée nationale», explique encore Moustapha Dia­khaté. 
osba@lequotidien.sn

Claude André Coly

Mardi 23 Octobre 2012 16:05

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