En félicitant hier son challenger et successeur à la tête du Sénégal, le président Wade a passé de la plus belle des manières le témoin à Macky Sall. Par ce geste, Wade s’inscrit dans la longue tradition démocratique du Sénégal, que traduit cette nouvelle alternance, et sort grandi de sa défaite. Mais, Wade, c’est aussi la fin d’une époque. Une époque qui s’est refermée ce dimanche 25 mars. Avec la victoire de Macky Sall, c’est une nouvelle République qui s’ouvre, refermant derrière elle plus d’un demi-siècle d’histoire politique. Wade a incarné jusqu’à la caricature une grande page de l’histoire politique du Sénégal. En cédant son fauteuil à Macky Sall, son ancien Premier ministre, il passe du coup la flamme à un homme politique né après l’indépendance du Sénégal. Un symbole. Wade est un homme du siècle dernier, entré dans le troisième millénaire avec l’ambition d’apporter sa patte à la construction du Sénégal. A-t-il réussi ? Est-il allé au bout de sa politique ? Sans doute non. D’ailleurs, il est sûr que le wadisme survivra à Wade, tant ses disciples sont nombreux dans le Pds. Mais, le bilan de l’œuvre socio-politique de Wade en elle-même est plus que mitigé. Wade part avec ses certitudes, ses mystères, ses fulgurances, ses contradictions, ses compromissions et ses grands chantiers inachevés. Son départ marque la fin d’un monde. Celui du parti-Etat, du clanisme, de l’hyper-présidentialisme, de la promotion de la transhumance et de ses travers. Il en restera quoi ? Son successeur devra en répondre. Wade, après Senghor et Diouf, a posé des actes pas tous malheureux. Le Sénégal de 2000 n’est pas celui de 2012. Le Pape du Sopi aura permis au peuple sénégalais de se regarder une bonne fois pour toute dans son propre miroir. Wade aura été un président nécessaire plus qu’un messie. Avec lui, se referme un mythe : porté au pinacle en 2000, il a été lâché ce dimanche 25 mars par un peuple avide de changement. Une chose est sûre : plus rien ne sera comme avant. Le président Wade a incarné jusqu’au bout cette politique politicienne qu’ont sanctionné hier les Sénégalais. Laisse-t-il un vide ce matin ? L’Etat et la République sont en attente d’être réhabilités. Wade n’aura pas tout échoué. Il aura été un monarque qui se voulait démocrate. Wade-Macky Sall : le basculement a opéré. La rupture générationnelle est là. Avec la fin politique de Wade, c’est toute une génération de politiciens sénégalais qui s’en vont en retraite. Les Dansokho, Bathily, Tanor Dieng et autres Moustapha Niasse sont interpellés. L’Histoire indique d’aller dans le sens du vent. Le chef de l’Etat sortant fait partie d’une génération ancienne qui se confond avec celle de certains pères-fondateurs. Le Sénégal a basculé depuis hier dans une nouvelle Alternance. Que Macky Sall soit le «fils» d’Abdoulaye Wade ne change rien à la donne : un monde vient de s’effondrer. Wade n’incarne plus l’avenir. C’est la fin d’une époque