On croyait révolue l’ère des prix décernés à la gloire du Président Abdoulaye Wade par d’obscures organisations panafricaines basées en Occident, et payés au prix fort par le récipiendaire. La cérémonie à laquelle la communauté africaine à Paris a pris part dimanche dernier, entièrement financée par le Président Abdoulaye Wade, révèle que l’ancien chef de l’Etat du Sénégal, même à la retraite, tient encore à être fêté. De nombreux responsables de son parti et de son régime déchu se sont pressés à Paris, tous frais payés par le récipiendaire. Le sacre semble avoir, pour le Président Wade, plus de goût sucré que tous ces prix auxquels Wade avait été soumis durant son règne de 12 ans à la tête du Sénégal. C’est comme si ce prix était un alibi, un faire-valoir ou une rampe pour rebondir ou que la distinction montrait à la face du monde que les Sénégalais devaient regretter leur choix du 25 mars 2012, par lequel ils ont congédié le Président Abdoulaye Wade.
Mme Catherine Néris, une Antillaise, qui fait partie des organisateurs de la cérémonie avait ce mot à la bouche : «Vous Sénégalais, vous ne voulez pas du Président Wade mais nous autres, nous tenons à lui.» Qui fête le président Wade à Versailles ? Le Forum pour la renaissance africaine (Fora) dirigé par un Sénégalais du nom de Soulèye Anta Ndiaye, un ancien fonctionnaire de l’ambassade du Sénégal à Moscou et qui en était presque venu aux mains avec son ambassadeur avant d’être recasé à l’Unesco par le régime du Président Wade. Le Fora est composé pour la plupart, de Sénégalais et d’autres Africains qui ne constituent pas des sommités intellectuelles ou sociales dans la diaspora africaine à Paris. Loin s’en faut. D’ailleurs, l’Unesco, sollicitée par les organisateurs, avait refusé de donner sa caution au prix et à la cérémonie. L’Unesco a refusé jusqu’à prêter une salle. Il fallait alors se rabattre au Palace Le Trianon de Versailles.
Le rendez-vous de Versailles a été l’occasion pour les thuriféraires du Président Wade, de rivaliser d’ardeur et de superlatifs. Un compagnon de l’ancien chef de l’Etat, depuis le temps où il était opposant des régimes de Léopold Sédar Senghor et de Abdou Diouf, venu à Versailles parce que poussé par ses proches, n’a pu cacher sa colère et sa déception. Il se dit dégoûté que ce soient des Iba Der Thiam, des Awa Ndiaye, entre autres transhumants, eux qui avaient violemment pourfendu Abdoulaye Wade, qui se mettent au podium pour chanter ses louanges. Les compagnons des années de braise, ceux qui pouvaient témoigner d’un véritable engagement militant, n’avaient pas voix au chapitre. La présence des Awa Diop ou Papa Samba Mboup qui a joué son rôle de chef de protocole, constitue en quelque sorte l’hirondelle qui ne fait pas le printemps. D’aucuns, comme Souleymane Ndéné Ndiaye, ont préféré bouder la cérémonie estimant n’avoir pas «leur place dans ce cirque de mauvais goût».
Tant que cela fait plaisir au récipiendaire ! Le Président Wade semble avoir eu besoin d’une telle cérémonie. Il a exulté comme si les flashes et les louanges lui manquaient depuis qu’il a quitté le pouvoir. Mais ce qui a le plus frappé les esprits, c’est le peu de présence de ses enfants biologiques. Karim et Sindjély n’ont pas estimé devoir être aux côtés des autres qui fêtaient leur propre pater. Karim Wade qui se trouve à Paris, Avenue Victor Hugo n’a rallié Versailles que pour une furtive apparition à la cérémonie. Les enfants Wade ont-ils mieux à faire ? Sans doute car avant la cérémonie, un proche de Me Wade pariait que Karim Wade ne viendrait pas, pour éviter de devoir débourser de l’argent pour la prise en charge des invités de son père venus de Dakar. L’attitude des enfants de Me Wade est symbolique et renseigne sur le détachement qu’ils éprouvent à l’endroit de leur père. Les enfants Wade sont rarement vus à Versailles et c’est comme s’ils n’auraient pas assez de scrupules pour déposer leur vieux père dans une maison de repos. En Afrique, singulièrement au Sénégal, même pour un fils brouillé avec son père, le devoir filial était d’être à ses côtés pour assister à la reconnaissance de ses mérites et aux honneurs qui lui sont faits. C’est une question de convenance sociale. Mais, les enfants Wade n’ont pas cette culture, ne sont pas enracinés dans les valeurs sénégalaises. Un homme d’affaires rapporte qu’un jour, il était reçu en audience par le Président Abdoulaye Wade et Karim Wade avait déboulé dans le bureau sans même taper à la porte ou se faire annoncer par les assistantes du chef de l’Etat. Le ministre d’Etat en charge des Infrastructures, de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et de l’Energie, tira un fauteuil pour s’inviter à la discussion. Il s’emportera contre les choix de son père et il ne pouvait mieux le lui montrer qu’en boudant et en claquant la porte du bureau derrière lui. Me Wade et son hôte furent bien embarrassés. Le chef de l’Etat haussa les épaules et dira : «Ce petit toubab-là n’a rien de Sénégalais.» Son visiteur lui rétorquera, «dans ce cas M. le Président, il faudrait le laisser avec les toubabs». Qui disait qu’un long séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile ? Comment peut-on être né de père sénégalais, avoir grandi au quartier Point E à Dakar, avoir fait ses classes dans des écoles sénégalaises et avoir ses tantes paternelles, cousins, cousines et autres proches parents au Sénégal sans parler la moindre des langues du pays ? Il en est de même de Viviane Wade. Comment peut-on être mariée à un Sénégalais depuis plus de quarante ans, vivre avec lui au Sénégal, au point de se dire «une Sénégalaise d’ethnie toubab» sans parler une langue du pays et la faire parler à ses enfants ? La langue constituant assurément le premier attribut d’une culture. Mais, ce comportement de la famille du Président Wade interpelle aussi sur la responsabilité parentale du chef de famille. Un proche de la famille rapporte une colère noire de Me Wade à leur domicile du Point E, reprochant à son épouse Viviane d’avoir éduqué les enfants comme des Blancs et qu’ils n’ont aucun trait culturel sénégalais. Mme Wade avait une réponse assez cinglante, lui rétorquant : «Mais Abou, tu n’as jamais été là pour t’occuper des enfants.»
Par Madiambal Diagne
Source: Le Quotidien
Le rendez-vous de Versailles a été l’occasion pour les thuriféraires du Président Wade, de rivaliser d’ardeur et de superlatifs. Un compagnon de l’ancien chef de l’Etat, depuis le temps où il était opposant des régimes de Léopold Sédar Senghor et de Abdou Diouf, venu à Versailles parce que poussé par ses proches, n’a pu cacher sa colère et sa déception. Il se dit dégoûté que ce soient des Iba Der Thiam, des Awa Ndiaye, entre autres transhumants, eux qui avaient violemment pourfendu Abdoulaye Wade, qui se mettent au podium pour chanter ses louanges. Les compagnons des années de braise, ceux qui pouvaient témoigner d’un véritable engagement militant, n’avaient pas voix au chapitre. La présence des Awa Diop ou Papa Samba Mboup qui a joué son rôle de chef de protocole, constitue en quelque sorte l’hirondelle qui ne fait pas le printemps. D’aucuns, comme Souleymane Ndéné Ndiaye, ont préféré bouder la cérémonie estimant n’avoir pas «leur place dans ce cirque de mauvais goût».
Tant que cela fait plaisir au récipiendaire ! Le Président Wade semble avoir eu besoin d’une telle cérémonie. Il a exulté comme si les flashes et les louanges lui manquaient depuis qu’il a quitté le pouvoir. Mais ce qui a le plus frappé les esprits, c’est le peu de présence de ses enfants biologiques. Karim et Sindjély n’ont pas estimé devoir être aux côtés des autres qui fêtaient leur propre pater. Karim Wade qui se trouve à Paris, Avenue Victor Hugo n’a rallié Versailles que pour une furtive apparition à la cérémonie. Les enfants Wade ont-ils mieux à faire ? Sans doute car avant la cérémonie, un proche de Me Wade pariait que Karim Wade ne viendrait pas, pour éviter de devoir débourser de l’argent pour la prise en charge des invités de son père venus de Dakar. L’attitude des enfants de Me Wade est symbolique et renseigne sur le détachement qu’ils éprouvent à l’endroit de leur père. Les enfants Wade sont rarement vus à Versailles et c’est comme s’ils n’auraient pas assez de scrupules pour déposer leur vieux père dans une maison de repos. En Afrique, singulièrement au Sénégal, même pour un fils brouillé avec son père, le devoir filial était d’être à ses côtés pour assister à la reconnaissance de ses mérites et aux honneurs qui lui sont faits. C’est une question de convenance sociale. Mais, les enfants Wade n’ont pas cette culture, ne sont pas enracinés dans les valeurs sénégalaises. Un homme d’affaires rapporte qu’un jour, il était reçu en audience par le Président Abdoulaye Wade et Karim Wade avait déboulé dans le bureau sans même taper à la porte ou se faire annoncer par les assistantes du chef de l’Etat. Le ministre d’Etat en charge des Infrastructures, de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et de l’Energie, tira un fauteuil pour s’inviter à la discussion. Il s’emportera contre les choix de son père et il ne pouvait mieux le lui montrer qu’en boudant et en claquant la porte du bureau derrière lui. Me Wade et son hôte furent bien embarrassés. Le chef de l’Etat haussa les épaules et dira : «Ce petit toubab-là n’a rien de Sénégalais.» Son visiteur lui rétorquera, «dans ce cas M. le Président, il faudrait le laisser avec les toubabs». Qui disait qu’un long séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile ? Comment peut-on être né de père sénégalais, avoir grandi au quartier Point E à Dakar, avoir fait ses classes dans des écoles sénégalaises et avoir ses tantes paternelles, cousins, cousines et autres proches parents au Sénégal sans parler la moindre des langues du pays ? Il en est de même de Viviane Wade. Comment peut-on être mariée à un Sénégalais depuis plus de quarante ans, vivre avec lui au Sénégal, au point de se dire «une Sénégalaise d’ethnie toubab» sans parler une langue du pays et la faire parler à ses enfants ? La langue constituant assurément le premier attribut d’une culture. Mais, ce comportement de la famille du Président Wade interpelle aussi sur la responsabilité parentale du chef de famille. Un proche de la famille rapporte une colère noire de Me Wade à leur domicile du Point E, reprochant à son épouse Viviane d’avoir éduqué les enfants comme des Blancs et qu’ils n’ont aucun trait culturel sénégalais. Mme Wade avait une réponse assez cinglante, lui rétorquant : «Mais Abou, tu n’as jamais été là pour t’occuper des enfants.»
Par Madiambal Diagne
Source: Le Quotidien