Wade : un chantier nommé Karim

Le candidat sortant, déjà sorti, s’est une nouvelle fois trahi. Il veut un troisième mandat pour terminer ses chantiers a-t-il avoué, à l’entame de son ultime coampagne électorale. La voix chevrotante, le physique rabougri, il a confessé qu’il a besoin de trois ans pour terminer ses chantiers. Sans autre précision. Il faut donc se demander de quels chantiers, il s’agit.




Ayant réussi à tromper une majorité de Sénégalais quant à la réalité de ses chantiers, beaucoup pensent naturellement qu’il s’agit des infrastructures dont Macky Sall, qui a fait deux fois le tour du Sénégal pour se faire connaître et connaître la réalité du pays, a révélé avec juste raison que sont décomptés par la Wade, des abris provisoires en guise d’écoles, des centres de santé mal faits, sans infirmier, sans médicament. Les seules infrastructures qu’il peut revendiquer sont ceux qui lui permettent – à quel prix ?- de rallier l’aéroport au Palais, très rapidement.

Les autres, tous les autres, sont restés à l’état de projet. Touba, le train à grand écartement, les TGV ou connaissent un riducule début de réalisation. En douze ans, seuls cinq kilomètres d’autoroute à péage sont entrés en service. Le rail entre Dakar et Bamako n’a pas connu un km de réfection et le train continue à se traîner à une moyenne de 30 km par heur, et le Tambacounda-Ziguinchor pour lequel une agence existe même n’a pas connu un début de commencement de réalisation. Alors que peut-il faire en trois ans ? Surtout que ces chantiers qui ont pu connaître un début de commencement, il n’y a, de fait, pas joué grand rôle dans leurs réalisations. Ce sont certes des projets sortis de sa trop fertile tête, mais pour les uns et les autres, Aminata Niane de l’APIX. Les idées pour les projets auxquels il semble faire allusion ayant été déjà formulées, son rôle est termné. Le reste appartient à ses exécutants, Karim et Aminata. La seconde n’ayant jamais bénéficié de la fameuse formule, « je dirai à ta maman que tu as bien travaillé », c’est au premier qu’il reviendrait de les exécuter. Là est le véritable dessein. La ficelle est bien grosse. Abdoulaye Wade ayant porté le mandat de cinq à sept ans, ne veut exercer le pouvoir que pendant trois années. Il sait donc, malgré ses fanfaronnades sur l’âge de ses artères, qu’il n’en peut plus physiquement et mentalement. Il est donc urgent de terminer le seul chantier pour lequel, il a tordu le coup à sa Constitution et s’oppose à la majorité des Sénégalais, plus de 60% et à la communauté internationale. Ce chantier et non ses chantiers, c’est de transmettre le pouvoir à son fils, Karim.

Le stratagème est tracé d’avance. Par la force, le holdup, s’approprier une impossible victoire et puis disposer de trois années pour trouver le moyen illicite de transmettre le pouvoir au fils. Le premier schéma, éventé par les Sénégalais qui ont fait échec à la tentative de lui donner la mairie de Dakar, il faut en trouver un autre, ou d’autres. Mais l’urgence est de garder le pouvoir et donc les possibilités de manœuvre.

Le dos au mur, blessé, Wade n’en est que plus dangereux, plus sourd à toute raison. Il ne réalise même pas qu’il utilise les mêmes prétextes fallacieux jusqu’aux mots après que le président Nigérien Mamadou Tandian à qui il avait conseillé de passer la main. Sauf qu’ici, le chantier en question n’est autre que se faire succéder par Karim. Ce dernier, on le comprend, garde le silence. Quand il l’ouvre, c’est pour sortir une énormité qui rend plus ardue la tâche du père. En 2009, c’était, « je n’ai jamais échoué. Je gagne toujours ». Il a bien gagné la mairie de Dakar. Il préfère toutefois s’en tenir au mandat de conseiller municipal gagné sur une liste proportionnelle ! Dans son bureau de vote du Point E, il n’a pas non plus été battu à le croire. Il l’a, le cher Karim, rouvert au premier tour. « On va gagner dès le premier tour parce que la majorité des Sénégalais sont avec le Président ». On sait ce qu’il en advint. De grâce qu’il pronostique la victoire de son père au second tour et la dévolution dynastique du pouvoir ensuite !

SAMBOUDIAN
Source: La Gazette

Bamba Toure

Mercredi 21 Mars 2012 17:18

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