En tant que ministre de la république sénégalaise, Youssou NDOUR a-t-il le droit d’exercer une activité professionnelle rémunérée ? La réponse est NON ! L’indifférence apparente du gouvernement et de certains sénégalais face à ce projet de forfait, nous amène à soulever certaines questions. D’autant plus que lorsque Abdoulaye WADE avait projeté de bafouer notre constitution, les sénégalais se sont révoltés aux prix de leur sang et leurs vies.
Abdoulaye Wade et Youssou Ndour : 6 et 9 ?
Le souvenir amer des manipulations constitutionnelles de WADE n’est pas lointain. Les sénégalais ont risqué leurs vies pour empêcher WADE et sa clique de violer notre constitution. Et parmi eux, Youssou NDOUR. Il était à la place de L’Obélisque le jour où une manifestation préélectorale, pacifique, a été violemment réprimée, causant la mort de sénégalais. Ce jour là, à zéro mètre de lui, nous avons remarqué sa fougue et sa colère contre le coup d’état constitutionnel qu’on reprochait à WADE de vouloir perpétrer. Nous étions fier de lui quand il disait avec aplomb : « Nous n’accepterons pas qu’on viole notre Constitution. On ne doit pas s’amuser avec l’avenir du pays ».
Alors, apprendre que ce même Youssou NDOUR enfreint notre constitution, réveille la révolte chez nous et chez tous les sénégalais épris de justice constitutionnelle.
Il a été reproché à Wade de transgresser la constitution, en s’amusant avec les articles 27 et 104, pour se maintenir arbitrairement au pouvoir et introniser illégitimement son fils Karim WADE. Malgré que sa candidature ait été validée par le constitutionnel, après de spectaculaires acrobaties juridiques, le peuple sénégalais a sévèrement sanctionné le diktat de WADE, qui risque de ne jamais revenir de sa honteuse défaite.
Youssou NDOUR suit-il le même chemin en violant l’article 54 de la constitution, qui prévoit l’incompatibilité de la fonction de ministre avec toute activité professionnelle privée rémunérée? S’il est vrai que, dans le fond, son attitude n’est pas comparable au péché de WADE (de même que la valeur de « 6 » n’est pas égale à celle de « 9 »), dans le procédé leurs démarches sont similaires : violer des dispositions de la charte républicaine pour des intérêts personnels. Alors 6 et 9 ?
Le président de la république peut-il autoriser Youssou NDOUR à faire son business en même temps qu’il est ministre ? Pour cela il lui faudra manœuvrer la constitution ou faire voter une loi organique taillée sur mesure pour Youssou NDOUR. Mais une telle loi, présente ou à venir, serait anticonstitutionnelle. Il peut alors faire modifier la constitution par référendum ou par le Parlement réunis en congrès. Mais le business de Youssou NDOUR mérite-t-il une révision de notre constitution ? Le cas échéant il faudrait réécrire l’article 1 de la constitution sénégalaise et modifier le principe de la République comme suit : gouvernement du peuple par le peuple et pour Youssou NDOUR. Nous ne croyons pas que le Président se livrera à un tel manège juste pour satisfaire notre ministre-chanteur-hommes d’affaires. Le président à plutôt le devoir de veiller au fonctionnement régulier des ministères et au respect des incompatibilités gouvernementales.
«Mane damay begué, mane Namouma dara, koumou nékhoul topal feulé»: Arrogance?
« Je prends du bon temps, je suis un homme comblé, si ça ne vous plaît pas allez vous faire voir ». De tels propos, émis par un ministre accusé de « s’amuser avec l’avenir du pays » (Pour reprendre ses mots), ne sonnent-ils pas l’arrogance ? Quelle que soit la réponse, ces mots laissent penser que le ministre Youssou NDOUR se croit au dessus de la loi ; ne craint rien en tutoyant notre constitution, ni le peuple sénégalais, ni le président de la république, ni l’opposition sénégalaise (si elle existe). Il aurait tort de se croire intouchable, quelque soit son réseau d’influence, sa fortune, la fougue de ses fans. On peut aussi penser que s’il réagit ainsi c’est qu’il tient le Président Macky SALL à la gorge, en se disant que ce dernier à besoin de lui pour se faire réélire. Ce serait un mauvais calcul pour le Président. D’une part, les quelques voix de fans inconditionnels de Youssou NDOUR, qui a peiné à réunir 10000 signatures pour être candidat aux dernières élections présidentielles, ne changeraient rien à l’issue d’un scrutin présidentiel. D’autre part, en laissant Youssou NDOUR violer les incompatibilités ministérielles pour quelque raison que ce soit, le Président subirait la première tâche indélébile de son mandat.
Les ministres au CICES, Omar PENE et les fans : complices ou complexés ?
Les ministres qui ont soutenu Youssou NDOUR lors de son concert du 21 juin 2013 au CICES ne seraient-ils pas complices de la violation de l’article 54 de la constitution ? Si ce concert a généré, directement ou indirectement, des revenus pour Youssou NDOUR ou son groupe media, alors c’était une activité professionnelle rémunérée. Donc contraire à la constitution. Si ce n’était pas Youssou NDOUR, est-ce que les ministres qui étaient au bégué (Partie de plaisir) du CICES y seraient ? Est-ce un complexe envers Youssou NDOUR, que ce dernier sait si subtilement mettre à profit ? Si les ministres ont le droit de l’adorer ou de le sublimer, en revanche ils doivent se garder de lui servir de passerelle pour mettre la république dans sa poche. Ils doivent aussi se garder de fausser le libre jeu de la concurrence, en offrant à Youssou NDOUR une disponibilité extra gouvernementale qu’ils n’accorderaient pas aux autres chanteurs sénégalais (OUZA, Thione SECK, Cheikh LÔ, Didier AWADI, etc.) et aux autres chefs de média (2STV, SENTV, RDV, etc.)
Omar PENE n’a rien compris, ou fait semblant de ne rien comprendre, s’il pense que c’est le fait que le ministre Youssou NDOUR chante qui dérange. Un ministre peut chanter, danser, faire du sport, de la comédie, etc. Rien d’anormal. Là où le bât blesse, c’est quand le ministre fait du business avec ces activités, pendant qu’il est au gouvernement. Les fans de Youssou NDOUR, les noceurs, ambianceurs et polissons insoucieux doivent avoir la maturité de dissocier l’admiration qu’ils ont pour le chanteur et le regard objectif qu’ils doivent avoir sur le ministre. Sinon ils deviennent manipulables et pourraient servir de chair à canon sur le champ pour les combats politiques et les conflits d’intérêts de leur idole. Ils doivent savoir que, comme eux, nous aimons Youssou NDOUR. Mais à faire le choix, nous préférons les intérêts démocratiques de notre république aux intérêts financiers de Youssou NDOUR.
Faut-il un 12 octobre (à l’instar du 23 juin) pour empêcher un Bercy ministériel ?
Si le président et les députés ne font rien pour empêcher Youssou NDOUR de violer la constitution, le peuple pourrait manifester son désaccord et être tenté se réapproprier la place de l’obélisque. Ce serait regrettable. Si Youssou NDOUR, à lui seul, parvient à tenir tête au gouvernement et à tout le parlement au Sénégal, il n’échapperait pas au combat des réseaux internationaux qui œuvrent pour le respect de la démocratie et des principes républicains. Il serait facile pour les sénégalais de l’extérieur, d’organiser légalement à Paris, avec la collaboration de toutes les associations et militants luttant contre le népotisme et le détournement des institutions républicaines, une grande manifestation « 12 octobre » contre le concert de Bercy.
Youssou NDOUR pourrait à son tour être suffoqué par le courant d’air populiste qui l’incite à piétiner notre constitution. Le fric c’est bon, mais la morale et le sens des responsabilités c’est encore mieux. Ceux qui, en ce moment, font la navette entre le bureau du procureur et la prison de Rebeuss, ne diront pas le contraire. Ils n’ont jamais pu imaginer qu’en s’amusant avec les deniers et les institutions de la république, ils seraient rattrapés si vite par leurs forfaitures. Les marins-pirates de la République finissent toujours par se noyer, sans que Neptune puisse venir à leur secours.
Nous demandons au Président de la République et aux députés, d’intimer le ministre Youssou de choisir entre Bercy et Building. Il peut collaborer avec le Président sans être ministre, et faire tranquillement son Business et son Bercy. C’est une entreprise risquée de vouloir s’approprier à la fois le beurre, l’argent du beurre, le fromage et les belles jambes de la fermière. Espérant que Youssou NDOUR ne bottera pas en touche, et qu’il saura réfréner à temps ce projet de sinécure. A défaut, son manteau de plomb, aussi lourd soit-il, ne suffirait pas à le protéger s’il tombait dans un bourbier judiciaire de conflits d’intérêts et trafic d’influences. Le cas Karim WADE devrait servir de leçon.
M. Aliou TALL,
Juriste-conseil et enseignant,
Président du RADUCC
Abdoulaye Wade et Youssou Ndour : 6 et 9 ?
Le souvenir amer des manipulations constitutionnelles de WADE n’est pas lointain. Les sénégalais ont risqué leurs vies pour empêcher WADE et sa clique de violer notre constitution. Et parmi eux, Youssou NDOUR. Il était à la place de L’Obélisque le jour où une manifestation préélectorale, pacifique, a été violemment réprimée, causant la mort de sénégalais. Ce jour là, à zéro mètre de lui, nous avons remarqué sa fougue et sa colère contre le coup d’état constitutionnel qu’on reprochait à WADE de vouloir perpétrer. Nous étions fier de lui quand il disait avec aplomb : « Nous n’accepterons pas qu’on viole notre Constitution. On ne doit pas s’amuser avec l’avenir du pays ».
Alors, apprendre que ce même Youssou NDOUR enfreint notre constitution, réveille la révolte chez nous et chez tous les sénégalais épris de justice constitutionnelle.
Il a été reproché à Wade de transgresser la constitution, en s’amusant avec les articles 27 et 104, pour se maintenir arbitrairement au pouvoir et introniser illégitimement son fils Karim WADE. Malgré que sa candidature ait été validée par le constitutionnel, après de spectaculaires acrobaties juridiques, le peuple sénégalais a sévèrement sanctionné le diktat de WADE, qui risque de ne jamais revenir de sa honteuse défaite.
Youssou NDOUR suit-il le même chemin en violant l’article 54 de la constitution, qui prévoit l’incompatibilité de la fonction de ministre avec toute activité professionnelle privée rémunérée? S’il est vrai que, dans le fond, son attitude n’est pas comparable au péché de WADE (de même que la valeur de « 6 » n’est pas égale à celle de « 9 »), dans le procédé leurs démarches sont similaires : violer des dispositions de la charte républicaine pour des intérêts personnels. Alors 6 et 9 ?
Le président de la république peut-il autoriser Youssou NDOUR à faire son business en même temps qu’il est ministre ? Pour cela il lui faudra manœuvrer la constitution ou faire voter une loi organique taillée sur mesure pour Youssou NDOUR. Mais une telle loi, présente ou à venir, serait anticonstitutionnelle. Il peut alors faire modifier la constitution par référendum ou par le Parlement réunis en congrès. Mais le business de Youssou NDOUR mérite-t-il une révision de notre constitution ? Le cas échéant il faudrait réécrire l’article 1 de la constitution sénégalaise et modifier le principe de la République comme suit : gouvernement du peuple par le peuple et pour Youssou NDOUR. Nous ne croyons pas que le Président se livrera à un tel manège juste pour satisfaire notre ministre-chanteur-hommes d’affaires. Le président à plutôt le devoir de veiller au fonctionnement régulier des ministères et au respect des incompatibilités gouvernementales.
«Mane damay begué, mane Namouma dara, koumou nékhoul topal feulé»: Arrogance?
« Je prends du bon temps, je suis un homme comblé, si ça ne vous plaît pas allez vous faire voir ». De tels propos, émis par un ministre accusé de « s’amuser avec l’avenir du pays » (Pour reprendre ses mots), ne sonnent-ils pas l’arrogance ? Quelle que soit la réponse, ces mots laissent penser que le ministre Youssou NDOUR se croit au dessus de la loi ; ne craint rien en tutoyant notre constitution, ni le peuple sénégalais, ni le président de la république, ni l’opposition sénégalaise (si elle existe). Il aurait tort de se croire intouchable, quelque soit son réseau d’influence, sa fortune, la fougue de ses fans. On peut aussi penser que s’il réagit ainsi c’est qu’il tient le Président Macky SALL à la gorge, en se disant que ce dernier à besoin de lui pour se faire réélire. Ce serait un mauvais calcul pour le Président. D’une part, les quelques voix de fans inconditionnels de Youssou NDOUR, qui a peiné à réunir 10000 signatures pour être candidat aux dernières élections présidentielles, ne changeraient rien à l’issue d’un scrutin présidentiel. D’autre part, en laissant Youssou NDOUR violer les incompatibilités ministérielles pour quelque raison que ce soit, le Président subirait la première tâche indélébile de son mandat.
Les ministres au CICES, Omar PENE et les fans : complices ou complexés ?
Les ministres qui ont soutenu Youssou NDOUR lors de son concert du 21 juin 2013 au CICES ne seraient-ils pas complices de la violation de l’article 54 de la constitution ? Si ce concert a généré, directement ou indirectement, des revenus pour Youssou NDOUR ou son groupe media, alors c’était une activité professionnelle rémunérée. Donc contraire à la constitution. Si ce n’était pas Youssou NDOUR, est-ce que les ministres qui étaient au bégué (Partie de plaisir) du CICES y seraient ? Est-ce un complexe envers Youssou NDOUR, que ce dernier sait si subtilement mettre à profit ? Si les ministres ont le droit de l’adorer ou de le sublimer, en revanche ils doivent se garder de lui servir de passerelle pour mettre la république dans sa poche. Ils doivent aussi se garder de fausser le libre jeu de la concurrence, en offrant à Youssou NDOUR une disponibilité extra gouvernementale qu’ils n’accorderaient pas aux autres chanteurs sénégalais (OUZA, Thione SECK, Cheikh LÔ, Didier AWADI, etc.) et aux autres chefs de média (2STV, SENTV, RDV, etc.)
Omar PENE n’a rien compris, ou fait semblant de ne rien comprendre, s’il pense que c’est le fait que le ministre Youssou NDOUR chante qui dérange. Un ministre peut chanter, danser, faire du sport, de la comédie, etc. Rien d’anormal. Là où le bât blesse, c’est quand le ministre fait du business avec ces activités, pendant qu’il est au gouvernement. Les fans de Youssou NDOUR, les noceurs, ambianceurs et polissons insoucieux doivent avoir la maturité de dissocier l’admiration qu’ils ont pour le chanteur et le regard objectif qu’ils doivent avoir sur le ministre. Sinon ils deviennent manipulables et pourraient servir de chair à canon sur le champ pour les combats politiques et les conflits d’intérêts de leur idole. Ils doivent savoir que, comme eux, nous aimons Youssou NDOUR. Mais à faire le choix, nous préférons les intérêts démocratiques de notre république aux intérêts financiers de Youssou NDOUR.
Faut-il un 12 octobre (à l’instar du 23 juin) pour empêcher un Bercy ministériel ?
Si le président et les députés ne font rien pour empêcher Youssou NDOUR de violer la constitution, le peuple pourrait manifester son désaccord et être tenté se réapproprier la place de l’obélisque. Ce serait regrettable. Si Youssou NDOUR, à lui seul, parvient à tenir tête au gouvernement et à tout le parlement au Sénégal, il n’échapperait pas au combat des réseaux internationaux qui œuvrent pour le respect de la démocratie et des principes républicains. Il serait facile pour les sénégalais de l’extérieur, d’organiser légalement à Paris, avec la collaboration de toutes les associations et militants luttant contre le népotisme et le détournement des institutions républicaines, une grande manifestation « 12 octobre » contre le concert de Bercy.
Youssou NDOUR pourrait à son tour être suffoqué par le courant d’air populiste qui l’incite à piétiner notre constitution. Le fric c’est bon, mais la morale et le sens des responsabilités c’est encore mieux. Ceux qui, en ce moment, font la navette entre le bureau du procureur et la prison de Rebeuss, ne diront pas le contraire. Ils n’ont jamais pu imaginer qu’en s’amusant avec les deniers et les institutions de la république, ils seraient rattrapés si vite par leurs forfaitures. Les marins-pirates de la République finissent toujours par se noyer, sans que Neptune puisse venir à leur secours.
Nous demandons au Président de la République et aux députés, d’intimer le ministre Youssou de choisir entre Bercy et Building. Il peut collaborer avec le Président sans être ministre, et faire tranquillement son Business et son Bercy. C’est une entreprise risquée de vouloir s’approprier à la fois le beurre, l’argent du beurre, le fromage et les belles jambes de la fermière. Espérant que Youssou NDOUR ne bottera pas en touche, et qu’il saura réfréner à temps ce projet de sinécure. A défaut, son manteau de plomb, aussi lourd soit-il, ne suffirait pas à le protéger s’il tombait dans un bourbier judiciaire de conflits d’intérêts et trafic d’influences. Le cas Karim WADE devrait servir de leçon.
M. Aliou TALL,
Juriste-conseil et enseignant,
Président du RADUCC