​70 ans après le massacre de Thiaroye: Armelle Mabon jette un pavé dans la mare

Des accusations renversantes pour les autorités françaises. Historienne française, Armelle Mabon met en cause la thèse officielle du massacre de Thiaroye, ce drame du 1er décembre 1944. «Il n’y a rien dans les tombes à Thiaroye…Ils ne sont pas au nombre de 35 victimes..J’ai repéré les fosses communes. Les Français cachent dans un endroit à Dakar la liste des victimes… », accuse le maître de conférence à l’université de Bretagne Sud.


apres plusiurs années de recherches, je peux dire qu’il s’agit en rien d’une mutinerie, en rien d’une rébellion armée mais bien d’un massacre prémédité suite à la spoliation de soldes de captivité auxquelles avaient droit ces hommes qui revenaient de quatre (4) ans de captivité après avoir combattu les Allemands. De plus, il y a eu un procès à charge pour condamner des innocents», campe l’historienne française. 
  
Loin d’en avoir fini, Armelle Mabon martèle : «Cette machination a été construite par les autorités militaires françaises de l’époque sous couvert du gouvernement provisoire de l’époque qui a fait croire que ces hommes avaient perçu l’intégralité de leur solde pour que leur revendication ne paraisse pas légitime ». «Il y a eu des revendications mais tout à fait légitimes parce que ces tirailleurs devaient percevoir les trois quarts de solde de leur captivité. C’était dans les textes réglementaires. Quand ils sont arrivés avant d’être démobilisés, ils devaient percevoir ces rappels de solde mais il semblerait que les officiers ont estimé qu’ils avaient suffisamment d’argent, qu’ils n’allaient pas leur donner leur droit », enfonce-t-elle. 
Après avoir « fait la comparaison de tous les documents officiels », Armelle Mabon dans une interview accordée à «l’Observateur», indique que «dans le décompte qu’(elle) a fait, il manque encore entre 300 et 400 hommes ». «D’ailleurs, il y a même un document aux archives nationales du Sénégal qui indique que 400 hommes ont refusé de remonter sur le bateau à l’escale de Casablanca. Or, j’ai trouvé aux archives de la justice militaire, un rapport d’un cadre de conduite qui était sur le bateau, co-officier qui dit que «Tout s’est bien passé à l’escale de Casablanca» alors qu’un autre officier dit le contraire : «Il y a eu un petit problème de couverture à Casablanca». Donc, ils ont même inventé les faits qui n’ont même pas existé pour faire diminuer, cacher le nombre de morts. Donc, c’est pour cela qu’ils n’ont jamais été enterrés au cimetière de Thiaroye. Jamais…». 
  
«Dans les tombes, il n’y a aucune victime du massacre de Thiaroye…Il a y un charnier au sein même du camp de Thiaroye. J’ai repéré l’endroit parce que je suis tombé dessus aux archives d’Aix-en- Provence des documents d’Outre-mer. J’ai trouvé deux (2) plans et sur le premier, ils ont mis : «Camp des 1000 et camp des 300 », pour faire 1300 alors que sur le plan, c’était un nom d’un autre camp. Et il y a des pointillés et à mon avis, c’est l’endroit des fosses communes. Tous les documents que le président Hollande a donné au Sénégal où il est marqué 1200 ou 1300 rapatriés, sont des documents falsifiés, écrits sciemment après le massacre », accuse l’historienne. Selon elle, «il faut impérativement une exhumation des corps». 


Lundi 22 Février 2016 18:47

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