Après dix-sept mois de campagne, quatre débats télévisés, deux conventions, des milliers de meetings électoraux, un ouragan et presque trois milliards de dollars engloutis, l'Amérique vote aujourd'hui. On devrait donc connaître le nom du vainqueur à l'élection présidentielle. Du moins, théoriquement. Car si l'écart de voix est trop faible, on se dirige tout droit vers le recomptage.
À les entendre, chacun des candidats a déjà gagné. Cela fait partie de l'énorme opération de propagande que les deux camps ont lancée pour mobiliser leurs troupes avant le scrutin. La réalité est que l'élection reste très serrée. Barack Obama et Mitt Romney sont dans un mouchoir de poche. Exactement en fait comme il y a 10 mois, au début de la campagne, malgré les milliards dépensés pour convaincre les électeurs.
Mais si l'on en croit les tonnes de sondages qui tombent chaque jour, le président sortant paraît avoir tout de même un léger avantage dans quelques États-clés. Bien sûr, les sondages peuvent toujours se tromper. Et puis encore faut-il que les électeurs se déplacent jusqu'aux urnes. Jusqu'ici, les militants de Romney ont semblé nettement plus mobilisés pour aller voter que ceux d'Obama.
La bataille des États-clés
Le signe que le scrutin est très serré, c'est le rythme frénétique de ces derniers jours. Lundi, Mitt Romney, Barack Obama et leurs colistiers ont enchaîné pas moins de 14 meetings dans 8 États. Barack Obama avait embarqué avec lui Bruce Springsteen et Jay-Z. Partout, il a répété qu'il avait une priorité, finir ce qu'il avait commencé, qu'élire Mitt Romney, c'était revenir aux politiques de Bush qui avaient foiré. "Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec toutes les décisions que j'ai prises, mais vous savez en quoi je crois. Vous connaissez mes positions."
Mitt Romney, dans la dernière ligne droite du scrutin, a, lui, subi une métamorphose curieuse. Il ressemble de plus en plus au Barack Obama de 2008. Il se présente comme le candidat du changement, qui va sauver Washington de la paralysie et transcender les clivages. "Je vous demande de voter pour le vrai changement. (...) On est proche d'un nouveau commencement."
Les beautés de la démocratie américaine, c'est que l'élection se joue dans une poignée d'États pour une poignée de plus en plus maigre d'électeurs encore indécis. Ça n'a pas toujours été le cas. John Kennedy avait fait campagne dans 49 États, et Nixon, dans 50. Mais le pays est de plus en plus polarisé. Cette année, l'élection se décide dans neuf États clés - Nevada, Colorado, Iowa, Ohio, New Hampshire, Virginia, Caroline du Nord, Floride et Wisconsin. Les républicains ont rajouté trois États tout récemment - Pennsylvanie, Minnesota et Michigan - qui, espèrent-ils, peuvent basculer dans leur camp.
Une question d'arithmétique
L'autre grand enjeu de cette campagne, c'est l'élection du Sénat. Il y a un an, les républicains semblaient sûrs de reprendre le contrôle. Mais, en partie à cause de candidats extrémistes qui ont effarouché les électeurs, ils devraient se retrouver avec à peu près le même nombre de sièges qu'aujourd'hui. À moins que l'énorme afflux d'argent à la dernière minute de groupes d'intérêt ne fasse pencher la balance. La Chambre des représentants, en revanche, devrait rester républicaine.
Au final, le scrutin reste une question d'arithmétique. Chaque expert y va de ses pronostics, mais ils sont tous d'accord sur une chose : l'Ohio est l'État à gagner. La tâche de Barack Obama semble un peu plus facile. Il lui faut remporter l'Ohio et deux autres États pour obtenir les 270 voix fatidiques au collège électoral, si la carte électorale ne change pas. Pour Romney, s'il n'a pas l'Ohio, il lui faut gagner presque tous les autres swing states. Pas impossible, mais plus délicat.
Les médias se délectent de différents scénarios catastrophes. Par exemple, si les résultats sont trop proches dans l'Ohio, il y aura un recomptage automatique, ce qui devrait prendre du temps. Et si les deux candidats obtiennent chacun 269 voix au collège électoral ? Ce sera alors à la nouvelle Chambre des représentants de choisir le président, donc Mitt Romney probablement, alors que le Sénat va désigner le vice-président. Au cas où les démocrates gardent la majorité, ce sera donc... Joe Biden ! Le système électoral américain est décidément plein de surprises. Plus plausible, le président élu pourrait l'emporter en perdant le vote populaire. Un air de déjà-vu. Rappelez-vous, en 2000, George Bush avait finalement été élu alors qu'Al Gore avait gagné plus de suffrages populaires.
Mais pas d'inquiétude, les deux camps ont déjà préparé une armada d'avocats prête à intervenir. Quant à l'électeur, écrasé par les tonnes de pubs, d'e-mails, de coups de téléphone, il va pouvoir enfin respirer. Jusqu'à la prochaine fois.
Hélène Vissière
Source: Le Point
À les entendre, chacun des candidats a déjà gagné. Cela fait partie de l'énorme opération de propagande que les deux camps ont lancée pour mobiliser leurs troupes avant le scrutin. La réalité est que l'élection reste très serrée. Barack Obama et Mitt Romney sont dans un mouchoir de poche. Exactement en fait comme il y a 10 mois, au début de la campagne, malgré les milliards dépensés pour convaincre les électeurs.
Mais si l'on en croit les tonnes de sondages qui tombent chaque jour, le président sortant paraît avoir tout de même un léger avantage dans quelques États-clés. Bien sûr, les sondages peuvent toujours se tromper. Et puis encore faut-il que les électeurs se déplacent jusqu'aux urnes. Jusqu'ici, les militants de Romney ont semblé nettement plus mobilisés pour aller voter que ceux d'Obama.
La bataille des États-clés
Le signe que le scrutin est très serré, c'est le rythme frénétique de ces derniers jours. Lundi, Mitt Romney, Barack Obama et leurs colistiers ont enchaîné pas moins de 14 meetings dans 8 États. Barack Obama avait embarqué avec lui Bruce Springsteen et Jay-Z. Partout, il a répété qu'il avait une priorité, finir ce qu'il avait commencé, qu'élire Mitt Romney, c'était revenir aux politiques de Bush qui avaient foiré. "Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec toutes les décisions que j'ai prises, mais vous savez en quoi je crois. Vous connaissez mes positions."
Mitt Romney, dans la dernière ligne droite du scrutin, a, lui, subi une métamorphose curieuse. Il ressemble de plus en plus au Barack Obama de 2008. Il se présente comme le candidat du changement, qui va sauver Washington de la paralysie et transcender les clivages. "Je vous demande de voter pour le vrai changement. (...) On est proche d'un nouveau commencement."
Les beautés de la démocratie américaine, c'est que l'élection se joue dans une poignée d'États pour une poignée de plus en plus maigre d'électeurs encore indécis. Ça n'a pas toujours été le cas. John Kennedy avait fait campagne dans 49 États, et Nixon, dans 50. Mais le pays est de plus en plus polarisé. Cette année, l'élection se décide dans neuf États clés - Nevada, Colorado, Iowa, Ohio, New Hampshire, Virginia, Caroline du Nord, Floride et Wisconsin. Les républicains ont rajouté trois États tout récemment - Pennsylvanie, Minnesota et Michigan - qui, espèrent-ils, peuvent basculer dans leur camp.
Une question d'arithmétique
L'autre grand enjeu de cette campagne, c'est l'élection du Sénat. Il y a un an, les républicains semblaient sûrs de reprendre le contrôle. Mais, en partie à cause de candidats extrémistes qui ont effarouché les électeurs, ils devraient se retrouver avec à peu près le même nombre de sièges qu'aujourd'hui. À moins que l'énorme afflux d'argent à la dernière minute de groupes d'intérêt ne fasse pencher la balance. La Chambre des représentants, en revanche, devrait rester républicaine.
Au final, le scrutin reste une question d'arithmétique. Chaque expert y va de ses pronostics, mais ils sont tous d'accord sur une chose : l'Ohio est l'État à gagner. La tâche de Barack Obama semble un peu plus facile. Il lui faut remporter l'Ohio et deux autres États pour obtenir les 270 voix fatidiques au collège électoral, si la carte électorale ne change pas. Pour Romney, s'il n'a pas l'Ohio, il lui faut gagner presque tous les autres swing states. Pas impossible, mais plus délicat.
Les médias se délectent de différents scénarios catastrophes. Par exemple, si les résultats sont trop proches dans l'Ohio, il y aura un recomptage automatique, ce qui devrait prendre du temps. Et si les deux candidats obtiennent chacun 269 voix au collège électoral ? Ce sera alors à la nouvelle Chambre des représentants de choisir le président, donc Mitt Romney probablement, alors que le Sénat va désigner le vice-président. Au cas où les démocrates gardent la majorité, ce sera donc... Joe Biden ! Le système électoral américain est décidément plein de surprises. Plus plausible, le président élu pourrait l'emporter en perdant le vote populaire. Un air de déjà-vu. Rappelez-vous, en 2000, George Bush avait finalement été élu alors qu'Al Gore avait gagné plus de suffrages populaires.
Mais pas d'inquiétude, les deux camps ont déjà préparé une armada d'avocats prête à intervenir. Quant à l'électeur, écrasé par les tonnes de pubs, d'e-mails, de coups de téléphone, il va pouvoir enfin respirer. Jusqu'à la prochaine fois.
Hélène Vissière
Source: Le Point